Industrie pharmaceutique: Le Président Tebboune plaide pour le renforcement des capacités de l’Afrique

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné, jeudi dernier, l’importance de renforcer les capacités de l’Afrique dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, notamment à travers la production locale de médicaments pour assurer sa sécurité sanitaire.

Cela a été souligné dans une allocution prononcée en son nom par le Premier ministre, M. Sifi Ghrieb, à l’ouverture de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et autres technologies de santé, au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, en présence de membres du gouvernement, de hauts responsables de l’Etat, des représentants de plusieurs institutions et organismes nationaux et internationaux et du corps diplomatique africain accrédité en Algérie, ainsi que des ministres et représentants des secteurs de l’industrie pharmaceutique et de la santé de plus de 15 pays. « Il est inconcevable que le continent africain, qui est le centre des richesses et des compétences qui profitent à tous les pays du monde, pâtisse de la dépendance, en important de manière quasi-totale tous ses besoins sanitaires », a estimé le président de la République, soulignant que « les pays du continent ont un besoin urgent de produire localement les médicaments essentiels, les vaccins, les dispositifs médicaux et autres matières premières ». « Il s’agit d’une des priorités souveraines du continent pour préserver la santé de ses populations, au regard des changements actuels et des facteurs qui menacent sa sécurité sanitaire », a soutenu le président de la République, faisant remarquer que les défis mondiaux actuels imposés par les transformations rapides et les facteurs géostratégiques, aux niveaux continental et international, ont accentué la pression sur les chaînes de financement et d’approvisionnement en médicaments et vaccins. Le président de la République a, dans ce cadre, réaffirmé « l’attachement constant de l’Algérie aux principes de solidarité africaine et d’intégration régionale, conformément à sa vision visant à faire de l’Afrique un continent fort par sa souveraineté, uni par ses intérêts et intégré dans son développement ». Il a indiqué que cette conférence, abritée par l’Algérie, et s’inscrivant dans le cadre de la Vision 2063 de l’Union Africaine (UA), contribuera grandement à la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour les industries pharmaceutiques, qui vise à couvrir la majeure partie des besoins des peuples du continent en médicaments, vaccins et technologies de santé. Il a, en outre, souhaité que cette conférence « marque un véritable tournant dans le processus de consolidation de la coopération africaine dans les domaines de la santé et de l’industrie, à travers la Déclaration d’Alger qui couronnera ses travaux » et qui servira de « charte pour les pays africains afin de renforcer la production locale de médicaments, en jetant les bases de partenariats concrets garantissant aux peuples de notre continent le droit aux médicaments, le droit à la santé et le droit au développement, afin que l’Afrique soit en mesure de produire ses médicaments, de garantir la santé de ses enfants et de réaliser sa souveraineté ». Le président de la République a souligné, à cette occasion, que « le choix de l’Algérie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été motivé par plusieurs considérations, dont les réalisations et les réformes opérées dans l’industrie pharmaceutique en Algérie et le saut qualitatif que connaît ce secteur », rappelant que l’Algérie détient plus d’un tiers des établissements pharmaceutiques en Afrique, avec près de 230 usines sur les 649 que compte le continent, en plus des nouveaux projets en cours de réalisation.

Il a, par ailleurs, affirmé que l’Algérie avait « choisi de faire de l’industrie pharmaceutique un secteur stratégique et une priorité nationale dans le processus de réalisation de la sécurité sanitaire, en y dédiant un ministère à part entière depuis 2020 et en mettant en œuvre des réformes structurelles profondes, comprenant le développement du cadre réglementaire, la facilitation de l’investissement et l’encouragement des partenariats, en sus du soutien à la recherche et au développement, ce qui a permis de porter le taux de couverture nationale en médicaments produits localement à plus de 80%, tout en se tournant davantage vers l’exportation vers les marchés africains ». Pour sa part, le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Ait Messaoudene, a appelé à la nécessité d’une coordination entre les pays africains pour faire du continent un pôle pharmaceutique mondial, d’autant qu’il dispose des moyens à même de concrétiser cet objectif, réitérant l’engagement de l’Algérie à contribuer efficacement à la dynamique africaine dans le domaine de l’industrie pharmaceutique. Pour le ministre, la souveraineté pharmaceutique africaine n’est pas un rêve lointain, compte tenu de la richesse humaine et des capacités scientifiques et économiques dont dispose le continent pour devenir un pôle pharmaceutique mondial, précisant que la réalisation de cet objectif exige « une coordination étroite » entre les Etats, la dynamisation des mécanismes régionaux de coopération, en sus de la création de centres de production pharmaceutique à dimension continentale.Après avoir mis en avant le rôle des institutions régionales et des partenaires techniques et financiers dans le soutien de ce processus, le ministre a souligné que le développement de l’industrie pharmaceutique et le renforcement de la souveraineté sanitaire en Afrique sont « une priorité commune qui exige une volonté politique collective et une large coopération régionale ».

La conférence intervient à un moment crucial pour le continent confronté à des défis majeurs, notamment après la crise sanitaire mondiale qui a démontré la fragilité des systèmes d’approvisionnement et la forte dépendance des pays vis-à-vis des importations, a fait remarquer M. Ait Messaoudene, ajoutant que la conjoncture actuelle exige des réformes profondes pour ancrer le concept de souveraineté sanitaire, basée sur l’indépendance pharmaceutique, l’innovation et la solidarité régionale.

La production nationale dans le domaine pharmaceutique n’est plus un simple choix industriel, mais constitue désormais un pilier pour la sécurité sanitaire, le développement économique et la stabilité sociale, a-t-il souligné, estimant que le renforcement des capacités locales garantit l’accès aux médicaments essentiels, réduit les perturbations dans l’approvisionnement et permet de lutter contre les produits contrefaits.Evoquant les principales conditions nécessaires à la réalisation de cet objectif, M. Ait Messaoudene a appelé à mettre en place un cadre règlementaire moderne et cohérent fondé sur les normes internationales, à accélérer l’harmonisation règlementaire africain, à simplifier les formalités d’enregistrement des produits et à renforcer les capacités des organismes nationaux des médicaments, tout en mettant l’accent sur l’importance de la qualité.Le ministre a, en outre, souligné l’importance de développer des partenariats industriels forts fondés sur la recherche, l’innovation, la biotechnologie et les technologies numériques de santé, ainsi que de promouvoir les partenariats public-privé et d’établir des zones industrielles spécialisées dans les industries pharmaceutiques, avec la nécessité de créer un climat attractif pour les investisseurs et protecteur des intérêts stratégiques des pays africains.Pour le ministre, la qualification du capital humain constitue la base de toute industrie performante, appelant à renforcer la formation, étant un élément crucial, afin d’assurer la qualité de la production et attirer les investissements. Au terme de son intervention, le ministre a réaffirmé « l’engagement constant de l’Algérie à contribuer efficacement à cette dynamique continentale dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, à renforcer nos capacités nationales, à partager nos expertises et à participer aux initiatives régionales en faveur d’une Afrique plus autonome, plus innovante et plus résiliente ».De son côté, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué que l’Algérie était un modèle à suivre aux niveaux africain et mondial dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, après avoir réussi à couvrir plus de 80% de ses besoins en médicaments par la production locale. A cette occasion, M. Ghebreyesus a précisé que l’Algérie, avec plus de 230 entreprises pharmaceutiques couvrant plus de 80% des besoins nationaux, est « un modèle à suivre en Afrique et dans le monde », souhaitant que les pays africains bénéficient de l’expérience algérienne « pionnière ».L’expansion de la production pharmaceutique nationale et régionale est « nécessaire pour renforcer la préparation et la réponse aux épidémies et pandémies, aller vers la couverture sanitaire universelle et faire face à des menaces telles que la résistance aux antimicrobiens », a-t-il insisté, faisant savoir que « les Etats membres de l’OMS négocient actuellement un système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages découlant de leur utilisation (PABS), afin de garantir un accès équitable aux vaccins, aux outils de diagnostic, aux traitements et autres produits médicaux lors de futures pandémies ». »La production locale jouera un rôle clé dans la concrétisation de cette vision », a-t-il souligné, rappelant que l’OMS œuvre à soutenir la production locale de médicaments, tout en renforçant les capacités des instances nationales de contrôle grâce à l’Outil d’évaluation global, notamment à travers l’opérationnalisation de l’Agence africaine du médicament (AMA). Et d’ajouter que le Comité régional de l’OMS pour l’Afrique servira de cadre stratégique pour le renforcement de la production locale au cours de la prochaine décennie.De son côté, le directeur régional de l’OMS pour l’Afrique,Mohamed Yakub Janabi, a indiqué que « l’Algérie, qui a toujours été un symbole de solidarité africaine, est aujourd’hui le symbole d’une nouvelle ère de souveraineté sanitaire ». »Le renforcement de la production pharmaceutique locale n’est plus une option, mais une nécessité pour la sécurité collective et l’indépendance économique, sachant que les pays africains importent entre 70% et 90% de leurs produits pharmaceutiques finis, 99% des vaccins et la majorité des principes actifs », a-t-il ajouté.Dans son allocution, le directeur général du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, Jean Kaseya, a salué le niveau atteint par l’Algérie dans la production de médicaments grâce aux efforts du président de la République, notamment à travers la création d’un ministère de l’Industrie pharmaceutique pour accompagner la dynamique que connaît ce secteur, qui a permis de porter la production locale de médicaments de 40% à 82%.Pour sa part, la directrice générale de l’AMA, Mme Delese Mimi Darko, a souligné la nécessité d’unifier les efforts et d’harmoniser les exigences réglementaires au sein du continent pour renforcer la production locale des produits biologiques et pharmaceutiques et assurer un transfert efficace des technologies complexes, précisant que la construction d’un système de santé régional robuste réduira la dépendance du continent vis-à-vis des importations. Après avoir salué le soutien apporté par l’Algérie à l’AMA, la responsable a fait l’éloge de l’expérience algérienne dans la garantie de son avenir sanitaire.

T. Benslimane

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