L’industrie automobile algérienne amorce un tournant stratégique avec l’arrivée massive de constructeurs internationaux et la mise en place d’un modèle industriel intégré, alliant production locale et développement de sous-traitance. Pas moins de 13 constructeurs automobiles de renom ont signé des protocoles d’accord avec le ministère de l’Industrie, exprimant leur volonté de s’implanter en Algérie et de recourir à des fournisseurs locaux pour alimenter leurs futures chaînes de production.
Ce dynamisme est stimulé par le nouveau cadre réglementaire des investissements, les incitations accordées par l’État, et l’ambition affirmée de faire de l’Algérie un hub régional de production et de distribution automobile. Parmi les projets déjà concrétisés, figure celui du géant chinois JAC, qui a achevé la construction de son usine à Aïn Témouchent. Elle disposera, dans une première phase, d’une capacité de 100.000 véhicules/an, dont 40 % destinés à l’exportation, avec un taux d’intégration initial estimé à 30 %. Autre acteur majeur, Great Wall Motors, également chinois, qui a lancé les travaux de construction de son unité de production à Aïn Defla, avec deux modèles prévus pour le marché local. Le constructeur sud-coréen Hyundai, pour sa part, a signé un accord de principe incluant la fabrication de pièces de rechange dès le lancement de la production, contribuant ainsi à l’augmentation progressive du taux d’intégration locale. La stratégie nationale vise à passer d’un simple assemblage de véhicules à une industrie de fabrication renforcée des composants, en intégrant notamment la production de batteries, de pneus, de faisceaux électriques, de rétroviseurs, et d’éléments en plastique. Un partenariat algéro-italien est ainsi en cours pour la fabrication de planches de bord et autres pièces, avec en parallèle la création d’un laboratoire d’homologation qui garantira la conformité des produits aux standards internationaux, condition essentielle pour accéder aux marchés d’exportation. Selon Bilel Lemita, conseiller au ministère de l’Industrie, **120 opérateurs nationaux sont déjà recensés dans le secteur de la fabrication de pièces de rechange. L’objectif à terme est d’en atteindre 500, afin de couvrir les besoins d’une industrie en pleine structuration. L’État prévoit aussi la mise en place d’un réseau national de certification pour assurer la qualité et la sécurité des pièces produites localement, tout en luttant contre les contrefaçons. Avec ces engagements, l’Algérie affiche clairement son ambition : devenir un acteur majeur dans la chaîne de valeur mondiale de la construction automobile, en s’appuyant sur un tissu industriel national renforcé et des partenariats stratégiques. Ce nouveau modèle vise non seulement à satisfaire la demande locale, mais aussi à positionner l’Algérie comme une plateforme d’exportation vers les marchés africains, européens et moyen-orientaux.






