Incendies de Tizi-Ouzou: La solidarité a déjoué le complot

0
326

Neuf août 2021, un déluge de feu s’est abattu sur Tizi-Ouzou, tuant des dizaines de personnes entre citoyens et militaires dans la partie centre de cette wilaya, cible d’un complot visant à entraîner l’Algérie vers l’inconnu, déjoué grâce à la vigilance et à la solidarité de l’Etat et du peuple.

Un mois avant cet hécatombe, la wilaya de Tizi-Ouzou, notamment la direction de la Protection civile et la Conservation des forêts, était déjà en état d’alerte, se préparant  aux départs de feu qui pouvaient être provoqués par la canicule. Mais contre la main criminelle, tous les moyens humain et matériel et toute la bonne volonté des services impliqués dans la lutte contre les incendies sont restés quasiment impuissants. Au total, 33 départs de feu ont été déclenchés simultanément la journée du 9 août, en pleine zone centrale de la wilaya de Tizi-Ouzou, fortement boisée et parsemée de villages, faisant dès le premier jour six morts et des dizaines de blessés. Ces incendies meurtriers ont été enregistrés dans la zone la moins sensible aux feux, selon la Conservation locale des forêts qui avait, alors, évoqué des incendies criminels. Les feux se sont vite propagés, accentués par la canicule et le vent, encerclé les villages, semant la panique parmi les populations. Les image de gens fuyant leurs maisons ont choqué et ému le peuple algérien horrifié par la catastrophe. Avançant rapidement, les flammes ont pris au piège des citoyens à l’intérieur de leurs domiciles, d’autres ont été rattrapés par la bête infernale dans leur fuite en pleine forêt ou dans les vergers. «Je n’ai jamais vu un incendie avancer aussi rapidement», avait témoigné un jeune d’Ikhlidjen (Larbaa n’Ath Irathen) quelques jours après l’hécatombe, ajoutant : «Nous étions en train de regarder le feu qui s’est déclaré en contrebas du village, et en un clin d’œil, les flammes léchaient déjà les premières habitations». Un autre jeune, miraculé de ces incendies, se rappelait que face au feu gigantesque qui arrivait en contrebas de la route par laquelle les familles fuyaient, il s’était accroupi derrière un véhicule garé sur la chaussée protégeant autant que possible ses deux nièces. «Le feu nous a vite traversé, de ma vie je n’ai connu une chaleur et une douleur aussi intense, c’était indescriptible, je pensais que nous étions morts», avait-t-il dit. Arrivant en amont de la route, le feu a piégé les familles qui tentaient de fuir vers le village voisin, avaient témoigné des habitants d’Ikhlidjen, qui ont vu ainsi périr des proches et des enfants du village. Le secteur agricole a subi de grosses pertes. Selon le dernier bilan communiqué par la Direction locale des services agricoles, près de deux millions d’oliviers et plus de 810 000 autres arbres fruitiers ont été ravagés par les feux de l’été dernier. A cela s’ajoute la perte de 778 bovins,  plus de 4200 ovins, 3200 caprins, 140 000 poulets de chair, près de 25 000 poules pondeuses, près de 8000 lapins et plus de 31 000 ruches pleines.

Une prompte réaction pour déjouer le complot et aider les sinistrés Un formidable élan de solidarité de l’Etat mais aussi de tout le peuple algérien est né le lendemain des incendies pour aider aux opérations d’extinction des feux et prendre en charge les familles sinistrées et endeuillées, ayant perdu maison et autres biens dans les feux. L’Etat a mobilisé tous ses services et institutions (civile et militaires) pour venir au secours de la région cible d’un complot visant, à travers ces incendies criminels, la déstabilisation de l’Algérie. Le Premier ministre, ministre des finances, Aïmene Benabderrahmane, qui s’était rendu à Tizi-Ouzou, avait annoncé qu’un fonds spécial d’indemnisation des sinistrés des feux de forêt a été créé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Ce Fonds a déjà permis d’aider les familles sinistrées à travers l’octroi d’une aide financière allant de 250 000 DA à 1 million de dinars pour celles dont les maisons ont brûlé, la compensation du cheptel perdu, et la reconstitution, en cours, des vergers arboricoles brûlé. De son côté, le peuple, à travers toutes les wilayas du pays, s’est mobilisé pour fournir aux sinistrés tout ce dont ils avaient besoin. Des cortèges interminables de dons en provenance des quatre coins de l’Algérie affluaient vers Tizi-Ouzou, de jour comme de nuit. Une formidable image de solidarité se dessinait, ainsi, chaque jour sur la RN12 et dans les villages, acheminant denrées alimentaires, vêtements, médicaments, jouets, literie, bougies, entre autres. Des médecins, des psychologues, des artistes et autres, en associations, bénévoles ou mobilisés par leurs secteurs respectifs ont sillonné les villages sinistrés et les centres d’accueil pour apporter, chacun en ce qui le concerne, son aide pour un retour à la vie normale. Ni la pandémie de la Covid-19 ni le tragique assassinat de Djamel Bensmail à Larbaâ n’Ath Irathen, meurtre fortement dénoncé par les habitants de la wilaya choqués par tant de barbarie, n’ont eu raison de cet élan de solidarité. La réaction honorable du père de Djamel a cimenté l’unité nationale joué et contribué à contrer le complot qui cibla l’Algérie et son peuple.  sa déclaration «j’ai perdu un fils, mais j’ai gagné une région» a sonné le glas des comploteurs et resserré davantage les liens de fraternité entre Algériens.

Assassinat de Djamel Bensmaïl, un élan de solidarité révélateur du bannissement de la violence Tristesse profonde, perplexité, sidération et anxiété : la perte cruelle, le 11 août dernier, dans le sillage des incendies ayant touché la Kabylie, du défunt Djamel Bensmaïl, aura assurément suscité un torrent d’émotions difficilement maîtrisables, mais, surtout, un élan de solidarité sans pareil avec sa famille, un comportement révélateur du bannissement de la violence par les Algériens. Pour de nombreux citoyens horrifiés par tant de cruauté et de bestialité, ce crime abominable est d’autant plus condamnable que la victime s’était rendue en tant que volontaire à Larbaâ Nath Irathen (Tizi-Ouzou) pour aider à éteindre les feux qui ont ravagé les montagnes et qui avaient fait 90 morts, dont 33 militaires. Observant que la date de ce crime odieux «restera gravée à jamais dans les mémoires des habitants de Miliana (Aïn Defla) et des Algériens de façon générale», le président de l’Association Les Amis de Miliana, Lotfi Khouatmi, s’est félicité de l’élan de solidarité ayant suivi cette épreuve dramatique.«Jamais de mémoire d’habitant de Miliana, la ville n’avait connu un afflux comme celui enregistré suite à la mort du regretté Djamel, une véritable marée humaine s’y était, en effet, rendu pour présenter ses condoléances à la famille du défunt, rendant tout déplacement dans et aux abords de la ville des plus difficiles», s’est-il rappelé. Pour ce quinquagénaire, chirurgien-dentiste de son état, la mort de Djamel Bensmail, «un artiste engagé aux multiples talents, un citoyen exemplaire, un amoureux de la nature et un humaniste au grand cœur» ne pouvait laisser indifférent et a suscité un extraordinaire élan de solidarité citoyenne. «A la faveur de ce geste, les gens voulaient, bien évidemment, faire part de leur compassion avec la famille du défunt sachant que la mort d’un enfant constitue une terrible épreuve pour les parents qui se retrouvent désemparés et amputés d’une partie d’eux-mêmes mais, en filigrane, il y a aussi le refus de la violence», analyse-t-il.

Le père de Djamel, la sagesse à son point le plus culminant Mais le plus marquant de ce drame humain a incontestablement trait à l’attitude et aux propos de son père au lendemain de l’assassinat de son fils. En déplacement à Tizi-Ouzou afin de récupérer la dépouille de la chair de sa chair, Noureddine Bensmaïl a, malgré son immense douleur, fait preuve de retenue et d’une extraordinaire sagesse. «Les Kabyles sont nos frères, ne cherchant pas la fitna (la discorde). Mes amis sont Kabyles, mes neveux aussi. Que Dieu nous donne la patience, Djamel était votre frère et il est mort en martyr», avait-il lancé à l’adresse de jeunes rassemblés aux abords de l’hôpital de la ville des genêts. Et d’ajouter avec une lucidité révélatrice d’une grandeur de l’âme: «J’ai perdu un fils, mais j’ai gagné des enfants, car vous êtes tous mes enfants».