Hommage à Frantz Fanon, le «psychiatre humaniste et révolutionnaire visionnaire»

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Le psychiatre «profondément humain» et le «révolutionnaire visionnaire» que fut Frantz Fanon a été évoqué, hier à Alger, par l’auteur et chercheur en histoire, Amar Belkhodja. Intervenant au forum d’«El Moudjahid» à l’occasion du 55 anniversaire de la disparition de ce militant révolutionnaire, Belkhodja a passé en revue les principales étapes de la vie professionnelle et militante de celui qui a été «effaré et scandalisé» par la véritable nature du colonialisme français en Algérie. Si bien, a-t-il ajouté, que lorsqu’il prit ses fonctions au sein de l’hôpital psychiatrique de Blida, il a entrepris d’y introduire de nouvelles méthodes thérapeutiques et de bannir définitivement l’usage «moyenâgeux» des chaînes pour maîtriser les patients. Traitant ses patients avec tout l’humanisme qui le caractérisait, Fanon a mis en place des salles de prière pour les pratiquants et a recouru aux services de l’artiste Abderrahmane Aziz, conscient de la portée de la dimension artistique dans la prise en charge psychiatrique des pensionnaires de l’hôpital, a-t-il poursuivi. Mettant en avant le profil de Fanon «le révolutionnaire engagé» pour la cause de Libération nationale, l’ancien journaliste a rappelé que l’année 1956 a constitué une «étape charnière» pour ce dernier, précisant qu’il y présenta sa démission de sa fonction au ministre Robert Lacoste, ce «partisan de la violence et de la torture» en Algérie. «Dans la lettre qu’il lui adressa, il y expliqua que sa décision a été motivée par l’ampleur de l’aliénation du peuple algérien», a observé l’invité du forum, avant d’évoquer la phase de militantisme menée par Fanon en dehors des frontières de l’Algérie, d’où «il fut expulsé manu militari». C’est durant cette période de sa vie que Fanon milita en Tunisie au sein du GPRA aux côtés, entre autres, d’Abane Ramdane et dans les colonnes du quotidien «El Moudjahid» aux côtés de Rédha Malek et de M’hamed Yazid, a rappelé  Amar Belkhodja, soulignant la qualité de «visionnaire» qui a également distingué Fanon. Cette caractéristique a été, notamment révélée au travers de son œuvre phare «Les damnés de la terre», publiée l’année même de son décès, en 1961, des suites d’une leucémie, a souligné l’intervenant avant d’évoquer que l’écrivain humaniste avait exigé, dans son testament, d’être enterré dans sa terre d’adoption, l’Algérie. Le natif de la Martinique, a-t-il également rappelé, avait vécu en Algérie en entretenant deux rêves : l’indépendance de l’Algérie et l’union de tous les Africains. Détaillant la bibliographie de Fanon, Belkhodja a noté que l’auteur de «Peau noire, masque blanc», paru en 1952, a mis en exergue «le mépris du noir par le blanc et à quel point le racisme a toujours accompagné le colonialisme pour survivre». «Le contenu de ses ouvrages méritent une relecture dans les universités», a-t-il recommandé, notant, à ce propos, que Fanon a cultivé son âme de révolutionnaire et son talent pour l’écriture auprès de l’éminent poète et grammairien Aimé Césaire, par ailleurs, fervent militant anti-colonialiste. «C’est la Révolution algérienne qui a façonné Frantz Fanon et non pas l’inverse», a conclu Belkhodja, plaidant pour que cette illustre personnalité soit évoquée tout au long de l’année.