Guerre en Ukraine: Pour Poutine, «cette guerre ne s’arrêtera pas à Kiev»

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Le sociologue Grigori Yudin est considéré comme une boussole pour comprendre la société russe. Dans un nouvel entretien important, il revient sur l’ambition de Poutine de mener une guerre étendue et dont l’Ukraine ne serait que la première étape.

Alors que la Russie met en scène aujourd’hui des élections truquées y compris sur le territoire ukrainien il nous plonge dans les structures d’une société affaiblie et profondément divisée. La guerre en Ukraine dure depuis 18 mois, d’un point de vue extérieur, il est difficile d’évaluer comment les citoyens russes ordinaires perçoivent cette guerre ? Dans quelle mesure la société russe est-elle unie sur ce sujet ? De manière générale, c’est une société profondément divisée. On parle d’un pays où le niveau de confiance interpersonnelle est incroyablement bas et où le niveau d’intérêt pour la politique est extrêmement faible — en particulier l’engagement et la croyance en la capacité individuelle à influencer le cours des choses politiques. La guerre est généralement perçue comme quelque chose d’extérieur. Il n’y a rien à faire à ce sujet. Cela ne peut pas vraiment engendrer d’unité. Cela suscite surtout beaucoup de peur, d’incertitude et de désespoir. Je dirais qu’on peut diviser la société russe en trois catégories. Le premier groupe soutient la guerre. Il est composé de personnes émotionnellement impliquées et parfois même militarisées. Ils soutiennent l’armée avec des ressources. Beaucoup demandent plus de brutalité, plus d’agressivité. Il s’agit d’une minorité je dirais 15 à 20%, mais qu’on entend beaucoup en raison de la distorsion de la sphère publique. Leurs voix sont incroyablement amplifiées. C’est même plus ou moins la seule voix que l’on peut entendre. Je rangerais à l’autre bout une autre minorité. Celle qui ne perçoit pas cette guerre comme juste, qui est dégoûtée par la guerre et qui la considère également comme une erreur fatale qui va entraîner beaucoup de souffrances pour la Russie. Ce n’est qu’une estimation, mais je dirais tout de même que cette minorité est légèrement plus importante que la précédente. Le troisième groupe se situe au milieu. Il est composé de personnes qui essayent de ne pas suivre ce qui se passe, de le repousser. Existe-t-il des différences importantes, selon les groupes d’âge ou les zones géographiques ? En y regardant de plus près, on peut en effet dégager les clivages qui existent dans la société russe. Le plus important d’entre eux est peut-être le fossé générationnel. La guerre est soutenue par les personnes âgées qui veulent bien du monde que les élites russes proposent. La perception de la guerre et de la situation est très différente d’une génération à l’autre. Le deuxième clivage est celui des revenus. Ce n’est pas seulement une guerre des vieux, c’est aussi une guerre des riches. Fondamentalement, c’est une guerre de ceux qui ne vont pas y mourir. Les personnes âgées sont pour la mobilisation totale, mais ils n’iront pas à la guerre, ils y enverront leurs enfants. Il en va de même pour les revenus. Les riches ne vont pas se faire tuer. Ils enverront simplement les pauvres. Ces clivages créent de nombreuses tensions. Si, à l’heure actuelle, ces tensions sont étouffées par la situation sur le front, mais elles existent bel et bien.

Les discussions officielles entre les dirigeants russe Vladimir Poutine et nord-coréen Kim Jong

Les discussions officielles entre les dirigeants russe Vladimir Poutine et nord-coréen Kim Jong Un se sont achevées, mercredi, après plus de deux heures d’échange lors d’un sommet exceptionnel sur un cosmodrome en Extrême-Orient russe. Selon l’agence de presse d’État russe TASS, des pourparlers en présence des délégations ont d’abord eu lieu, suivies d’un échange en tête-à-tête entre les deux chefs d’État. Un déjeuner en honneur de Kim est en cours, selon TASS.

Coopération militaire avec la Corée du Nord

Vladimir Poutine a déclaré,  mercredi, voir «des perspectives» de coopération militaire avec la Corée du Nord, malgré les sanctions internationales visant déjà Pyongyang à cause de ses programmes nucléaires et de ses missiles en développement. «Il existe certaines restrictions. La Russie respecte toutes ces restrictions. Mais il y a des choses dont nous pouvons certainement parler, nous en discutons, nous y réfléchissons. Et il y a des perspectives aussi», a-t-il affirmé à la télévision d’Etat russe à l’issue d’une rencontre avec Kim Jong-un dans l’Extrême-Orient russe.

Kim fait l’éloge de l’armée russe

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a fait l’éloge, mercredi, de l’armée russe «héroïque» en Ukraine, lors d’un déjeuner avec Vladimir Poutine sur un cosmodrome dans l’Extrême-Orient russe. «Je suis profondément convaincu que l’armée héroïque russe et le peuple seront des héritiers brillants de la tradition de la victoire, qu’ils feront preuve de vertus inestimables et du sens de l’honneur sans valeur sur les fronts de l’opération militaire spéciale» russe en Ukraine, a-t-il lancé, cité par les agences de presse russes, en trinquant à la «santé»  du président russe et aux «nouvelles victoires de la grande Russie».