La grève observée par les médecins résidents depuis 6 mois a impacté le fonctionnement de plusieurs établissements hospitaliers, créant de l’anarchie et un manque de prise en charge des malades, notamment les cas urgents, a constaté l’APS dans des hôpitaux de la capitale.
Plusieurs malades se plaignent de leur non-prise en charge et du report de leurs rendez-vous, une situation qui met davantage de pression sur les maîtres-assistants, les spécialistes et les personnels contraints de faire le travail des résidents qui n’assurent plus les gardes et le service minimum. Aux services de pédiatrie et de dermatologie du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha-Bacha, des signes d’inquiétude et de dépit étaient visibles sur les visages des malades en raison de la prise en charge exclusive des cas urgents et ceux venant de régions éloignées. Même constat aux services des urgences et de chirurgie infantile du CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) où il y a un seul maître-assistant par service. Pour le coordonnateur général du service des urgences médicales du CHU Mustapha-Bacha, Mohamed Tahiri, les médecins résidents ont «pris le malade en otage». Il a néanmoins précisé que l’établissement avait réussi à «maîtriser la situation malgré le mécontentement de certains médecins qui assurent ce service». Il a ajouté que la soixantaine de médecins résidents qui assuraient le service 24h/24 aux urgences du CHU Mustapha-Bacha ont été remplacés par des médecins généralistes et des maîtres-assistants qui passent toute la journée au service pour répondre à la forte demande, s’inquiétant toutefois des répercussions de la poursuite de la grève durant le Ramadhan et l’été. Le directeur général du CHU Nafissa-Hamoud, Zoubir Rekik, a reconnu que plusieurs services étaient «sous pression» du fait de la grève des résidents, ajoutant que cela se répercute sur les prestations assurées.
D’importants efforts sont consentis au niveau de l’hôpital pour assurer le service minimum et réduire la pression suscité par cette grève «dont nous ne voyons pas la fin», a-t-il dit, appelant les résidents à «faire montre de sagesse et à retourner travailler». Le chef de service d’oncologie à l’Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Pierre et Marie-Curie, le Pr Kamel Bouzid, a, pour sa part, précisé que «le service minimum et les gardes sont pour l’heure assurés par des maîtres-assistants et des médecins spécialistes (34 spécialistes)», déplorant l’impasse dans laquelle se trouve le dialogue entre le ministère de la Santé et le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA). Pour le directeur général du CHU Mustapha-Bacha, Abdeslam Benana, et le directeur général du CHU Lamine-Debaghine, Yahia Dehar, le boycott des gardes et du service minimum «n’ont pas impacté les prestations assurées aux malades» dans la mesure où ces services sont assurés par des maîtres-assistants et des praticiens de la santé publique accompagnés parfois par des professeurs, ont-ils fait savoir. Les services très sollicités comme celui de génécologie et obstétrique du CHU Mustapha-Bacha sont eux aussi sous pression en raison de la grève. Le ministère de la Santé avait appelé, ce vendredi, dans un communiqué, les médecins résidents à la sagesse, regrettant leur refus d’assurer le service minimum et les gardes. Zohra Oumghar