Gestion des affaires de l’État: Tebboune souligne que l’Algérie avait besoin d’établir des priorités

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À travers son programme, Abdelmadjid Tebboune prône une nouvelle politique de développement hors hydrocarbures, la substitution des produits importés par d’autres locaux en vue de préserver les réserves de change, la promotion des start-up et le renforcement du rôle économique des collectivités locales dans le développement et la diversification de l’économie nationale.

Une amélioration du climat des affaires, l’encouragement de l’investissement,  notamment extérieur direct sont aussi prévus dans ce programme. Le chef de l’État avait, d’autre part, relevé que l’Algérie avait besoin en cette période délicate de classer ses priorités pour éviter des lendemains incertains, assurant que l’État «sera à l’écoute des aspirations profondes et légitimes de notre peuple au changement radical du mode de gouvernance et à l’avènement d’une nouvelle ère, fondée sur le respect des principes de la démocratie, de l’État de droit, de la justice sociale et Droits de l’Homme». Il avait également souligné que la situation que traverse le pays «nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles de notre pays, réunir les conditions nécessaires à la relance de la croissance économique, au développement de notre pays et à la consolidation de sa place dans le concert des Nations». Dans l’objectif de lever ces défis, «nous devons dépasser, le plus vite possible, la situation politique actuelle pour entamer l’examen des questions essentielles pour le pays, à travers l’adoption d’une stratégie globale fondée sur une vision politique claire à même de rétablir la confiance du peuple en son État et assurer sa mobilisation (peuple) afin de garantir sa stabilité et son avenir», a-t-il estimé, soulignant que cette stratégie vise à «restaurer l’autorité de l’État, à travers la poursuite de la lutte contre la corruption, la politique d’impunité et les pratiques relatives à la distribution anarchique des recettes pétrolières». Il avait, en outre, mis l’accent sur l’impérative relance du développement économique à travers de grands projets et infrastructures de base, en sus de l’encouragement de l’investissement productif, la diversification du tissu industriel à travers la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et de l’activité économique créatrice de postes d’emploi. Dans cette perspective, Tebboune a souligné que l’Algérie avait besoin d’établir des priorités. Parmi les points figurant sur sa feuille de route, le président de la République a cité la lutte contre la corruption et l’esprit de distribution anarchique de la rente. Rappelant ses engagements contractés durant la campagne électorale, le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des Droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation. Le chef de l’État se fixe également pour priorité de moraliser la vie politique et de restituer la crédibilité aux institutions élues à travers la révision de la loi électorale, notamment les conditions relatives à l’éligibilité. Sur un autre chapitre, Tebboune devrait prendre des mesures d’urgence pour sauver les entreprises algériennes en difficulté et, dans cette optique plus précisément, il a été interpellé récemment par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) qui a mis l’accent sur la gravité de la crise économique qui s’est installée dans la plupart des filières en Algérie, notamment le BTPH, l’industrie pharmaceutique, les services, les TPE/PME. Selon lui, 60% du tissu économique algérien est sinistré avec plus de 650 000 emplois perdus dans les différents secteurs d’activités. Cette situation exige «un engagement de très haut niveau, rompre avec les pratiques du passé et écouter ce que la communauté d’affaires réclame», selon le FCE qui a invité le nouveau président à «porter un message d’espoir aux entreprises pour la préservation des postes d’emploi et le maintien du processus de création de richesses».

Dans ce sens, il a plaidé pour des «actions courageuses destinées à réformer profondément l’ensemble de l’encadrement juridique de l’économie et à faciliter davantage l’acte d’investir, tout en associant les acteurs économiques dans la prise de décisions». Vers une reconfiguration de la carte politique en Algérie Avec l’investiture de Abdelmadjid Tebboune président de la République, tout porte à croire que beaucoup de choses vont changer et que l’Algérie s’apprête à inaugurer une nouvelle ère et à connaître une reconfiguration de la carte politique. En effet, l’effritement qu’ont connu les partis traditionnels qui ont régné sans partage pendant plus de deux décennies, risque de favoriser l’émergence de nouvelles forces politiques qui auront à composer avec le nouveau chef de l’État durant les prochaines années. Cette situation pourrait amener Tebboune à dissoudre le Parlement et organiser des élections législatives anticipées devant aboutir à une nouvelle majorité au sein du pouvoir législatif qui lui serait favorable. Déjà, le nouveau locataire du Palais d’El Mouradia a fixé les priorités, notamment en ce qui concerne le dialogue politique et la révision de la Constitution. À ce propos, il n’a pas tari d’éloges sur le Hirak populaire et s’est engagé pour un dialogue sérieux et direct avec ses représentants pour le bien et l’intérêt de l’Algérie. Après avoir rappelé que le Hirak a permis l’émergence de plusieurs mécanismes ayant permis à l’Algérie de se remettre sur les rails de la légitimité et de la préserver de l’aventurisme et des manœuvres qui ont failli torpiller le peuple algérien, Tebboune a estimé qu’il était temps de concrétiser les engagements qu’il avait pris lors de la campagne électorale «sans aucune exclusion ou marginalisation, ni intention de vengeance». Assurant qu’il travaillerait avec toutes les parties pour tourner la page du passé et aller vers une «République nouvelle», le nouveau chef de l’État a tenu à rendre hommage à l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de Libération nationale (ALN), et à son haut commandement, en particulier, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, ainsi qu’aux autres corps de sécurité qui «ont su gérer la situation avec sagesse et clairvoyance et veillé à la protection absolue du Hirak». La volonté affichée par le 1er magistrat du pays à répondre aux aspirations du Hirak a été traduite par les 54 engagements contenus dans son programme. En effet, Tebboune s’était engagé à tout entreprendre pour «réaliser les attentes et aspirations légitimes portées par le Hirak du 22 février 2019». Dans ce sillage, il avait annoncé une profonde réforme de la Constitution, en associant notamment des universitaires, des intellectuels, des spécialistes et des membres de la communauté nationale établie à l’étranger pour une reformulation du cadre juridique des élections, un renforcement de la bonne gouvernance à travers la séparation du monde des affaires de la politique, et une mise en place de mécanismes garantissant la probité des fonctionnaires publics. Parmi les autres priorités en matière de prise en charge des revendications portées par les acteurs du Hirak, figure aussi la révision de la loi électorale afin de doter le pays d’institutions élues légitimement par le biais d’élections honnêtes libérées de l’emprise de l’argent. La composante du prochain Gouvernement constituera aussi une des réponses aux attentes exprimées par le mouvement populaire. Tebboune a promis, par ailleurs, de consolider la liberté de la presse et de soutenir les organisations et associations afin d’édifier une «société civile libre et active en mesure d’assumer sa responsabilité en tant que contre-pouvoir». Persuadé que les 54 engagements pris dans le cadre de son programme électoral, y compris parmi les réformes envisagées dans les domaines socio-économiques et culturels, cadrent avec «le vécu et les revendications du Hirak», le président de la République s’est dit convaincu qu’un dialogue sérieux entre les Algériens permettra de bâtir une Algérie nouvelle. À travers son programme, Tebboune s’engage, par ailleurs, à édifier une société civile libre et active en mesure d’assumer sa responsabilité en tant que contre-pouvoir, mettre en application un plan d’action au profit des jeunes régi par un cadre réglementaire incluant des mesures permettant de transmettre le flambeau à la jeunesse, et à consolider les composantes de l’identité nationale, à savoir : l’Islam, l’arabité et l’amazighité. Au volet économique, il vise l’application d’une nouvelle politique de développement hors hydrocarbures, la substitution des produits importés par d’autres locaux en vue de préserver les réserves de change, la promotion des start-up et le renforcement du rôle économique des collectivités locales dans le développement et la diversification de l’économie nationale. Une amélioration du climat des affaires, l’encouragement de l’investissement, notamment extérieur direct sont aussi prévus dans ce programme. Pour le FCE, le plus grand défi de la prochaine période est la reprise de la confiance, notamment entre les acteurs économiques et l’administration.

  1. T.B.