Fort d’une réserve de 40 000 milliards m3: Le Système aquifère du Sahara septentrional au centre des débats entre l’Algérie, la Libye et la Tunisie

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Le Système aquifère du Sahara septentrional (SASS) est la principale ressource en eau souterraine de la région, avec une réserve d’eau estimée à environ 40 000 milliards de mètres cubes, considérée en grande partie comme non renouvelable.

L’eau de l’Aquifère doit répondre à une demande croissante, en particulier pour la provision d’eau potable et l’irrigation. En plus de la baisse progressive de la nappe phréatique due à l’épuisement, il existe des risques qui pourraient toucher la quantité et la qualité des eaux souterraines en raison de certaines lacunes dans la gestion des eaux usées et dans les eaux de drainage ainsi que dans l’exploration du pétrole et du gaz. Dans ce contexte donc, un atelier a été organisé cette semaine par la CEE-ONU, le Partenariat mondial pour l’Eau-Méditerranée, et l’Observatoire du Sahara et du Sahel, avec la participation effective du mécanisme de coordination du Système aquifère du Sahara septentrional (SASS), a indiqué le ministère des Ressources en eau. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre d’un processus en cours qui vise à consolider la coopération transfrontalière relative à la gestion du SASS et à renforcer les capacités connexes. Le défi d’assurer une utilisation durable des ressources en eau de la région, commun aux pays qui partagent l’Aquifère, à savoir l’Algérie, la Libye et la Tunisie, a été au centre des débats, marqués par la participation de plus de 50 participants des trois pays, représentant les secteurs de l’énergie et de l’agriculture, les responsables de l’eau et des services publics, ainsi que les organisations de protection de l’environnement. L’atelier a offert une opportunité d’évaluer la gestion actuelle et future de l’Aquifère aux niveaux national et transfrontalier, ainsi que les politiques sectorielles dans les trois pays. Les participants ont identifié les liens entre les stratégies et les plans, ce qui devrait faciliter une coopération renforcée, en proposant une panoplie de mesures bénéfiques en matière de gestion, de politique et d’infrastructures. Dans son allocution d’ouverture, Tahar Aïchaoui, directeur du département d’études hydrauliques et aménagement du ministère des Ressources en eau a rappelé les défis relatifs à la durabilité résultant des interactions (Nexus) entre l’eau, l’énergie et l’alimentation. Il a mis en exergue le problème de la sécurité alimentaire, qui est de plus en plus menacée en raison du changement climatique et des augmentations prévues de la fréquence des extrêmes hydrologiques, et a appelé, dans ce contexte, à rationaliser l’utilisation de l’eau et à améliorer l’efficacité de l’irrigation. Actuellement, la région planifie également un développement important de l’énergie renouvelable (énergie solaire en particulier), avec des motivations différentes, y compris la diversification des sources d’énergie et la réduction de l’état de dépendance à l’égard des importations. L’évaluation «Nexus» qui a été initiée vise à analyser systématiquement ces tendances et opportunités et à amener les autorités et les parties prenantes responsables des ressources naturelles à dialoguer. «Les participants à l’atelier ont demandé d’urgence un suivi à jour des ressources en eau disponibles et l’application de mesures de gestion de la demande y compris à travers des prix appropriés, et la réorientation du développement économique vers une production ayant une plus grande valeur qui ne requiert pas une abondance d’approvisionnement en eau et une révision de la tarification», a précisé le département de Necib qui souligne le potentiel des énergies renouvelables destinées à alimenter le pompage et le traitement de l’eau a également été reconnu avec les questions liées aux considérations environnementales et aux besoins en eau pour la génération de l’énergie. Les participants ont, en outre, anticipé la nécessité d’investissements importants dans la modernisation et l’extension de l’infrastructure pour répondre aux défis identifiés. La révision et l’habilitation du mécanisme de coordination dans le SASS ont également été parmi les opportunités identifiées lors de l’atelier, qui pourraient être éclairées à travers l’étude intersectorielle menée par les partenaires organisateurs de l’atelier. L’atelier a également permis aux parties prenantes d’en apprendre plus sur la Convention de la CEEONU relative à la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des lacs internationaux (Convention sur l’eau) et son rôle dans le renforcement de la coopération transfrontalière dans le domaine de la gestion des ressources en eau par le biais d’accords et d’institutions mandatées. Les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où l’eau est rare, s’intéressent de plus en plus à cette Convention depuis son ouverture à l’adhésion de tous les Etats membres de l’ONU en 2016.