Finances:  Loukal: «L’emprunt obligataire national n’est pas exclu»

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À une question sur un éventuel recours à un emprunt obligataire national pour collecter une partie de cette épargne, le ministre des Finances Mohamed Loukal a laissé entendre que cette approche n’était pas envisagée puisqu’elle a été déjà essayée «mais n’a pas permis une collecte importante de ressources, notamment pour ce qui est de l’argent thésaurisé».

Dans un entretien accordé à l’APS, le ministre et répondant à certains analystes qui redoutent un recours imminent de l’Algérie au FMI (Fonds monétaire international), M. Loukal a catégoriquement écarté une telle option. «L’Algérie n’est pas sous la menace du FMI. Nous avons des réserves de change assez confortables, un endettement externe ne dépassant pas 1% du PIB et des sources alternatives qui nous permettent de continuer à assurer les dépenses de l’Etat sans un recours exclusif au financement non conventionnel », a -t-il soutenu. Selon le ministre, l’accroissement des recettes budgétaires d’hydrocarbures en dinars à travers la dépréciation du taux de change de la monnaie nationale, utilisé en tant que levier d’ajustement des ressources budgétaires, pourrait être un moyen d’ajustement partiel et artificiel des recettes du Trésor. Pour M. Loukal, une éventuelle mobilisation de financements extérieurs devra, en outre, se soumettre à des dispositions particulières en termes de délais, dans le cadre de crédits assortis de conditions avantageuses et ciblées. Par ailleurs, Mohamed Loukal a confirmé le «gel» du financement non conventionnel. Il explique que «le recours au financement non conventionnel, dès la fin 2017, pour pallier les rétrécissements des liquidités bancaires, suite à la chute des cours du pétrole, a été gelé pour l’année 2019, mais restera un instrument de financement valable jusqu’à 2022». «Le financement non conventionnel a été gelé pour l’exercice en cours (2019), mais il reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor jusqu’à 2022», a-t-il encore indiqué.Loukal a, dans ce sens, fait savoir que la décision de « suspendre temporairement » le recours à ce mode de financement, communément appelé « planche à billets », a été prise lors d’une réunion du gouvernement, tenue le 26 juin dernier.

Ce n’est pas encore fini pour la planche à billets

le dimanche 23 juin , Hassane Rabhi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, annonçait , devant les médias, que l’ère du financement non conventionnel adopté par l’Algérie depuis quelques années, est «révolue» et que l’Algérie allait «tourner résolument la page» de ce mode de financement institué fin 2017, qui était implicitement mis sur le compte de la «Issaba» en panne de solution. Le porte-parole du gouvernement avait rassuré que le gouvernement avait pris des «mesures devant permettre au pays d’éviter les risques qui pourraient porter préjudice à l’économie nationale» et pallier ainsi le recours au financement non conventionnel. A la bonne heure ! Sauf que cette belle assurance n’est plus valable apparemment…

 

Samedi 13 juillet, le ministre des finances et ancien Directeur de la Banque centrale Mohamed Loukal rectifie : «Le financement non conventionnel a été gelé pour l’exercice en cours (2019), mais il reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor jusqu’à 2022».

La réalité des chiffres et l’impasse économique viennent encore une fois de rappeler aux gouvernants que les finances publiques ne se suffisent pas de belles formules et autres annonces péremptoires destinées à faire rêver le bon peuple.

 

Juste un petit mois après «l’oracle» de Hassen Rabhi, Mohamed Loukal, le premier argentier du pays, a été obligé de prendre la parole pour remettre le point d’interrogation à sa place s’agissant du financement non conventionnel de l’économie. Le message subliminal est limpide : l’Algérie n’en a pas encore fini avec la création monétaire ; elle s’est juste accordée un sursis d’ici à la fin de l’année 2019.De quoi remettre le nouveau gouvernement sur les charbons ardents puisqu’il n’a pas encore trouvé d’autres sources de financement de l’économie qui auraient pu jeter le discrédit sur son prédécesseur «coupable» d’avoir choisi la solution de facilité selon la doxa ambiante. La rectification du tir par Mohamed Loukal, qui sait bien de quoi il parle, est d’autant nécessaire que la planche à billets sera appelée à tourner dès l’année prochaine. L’effet d’annonce a tout juste duré un petit mois en plein Hirak histoire de conférer quelque sérieux au Premier ministre Noureddine Bedoui et son cabinet dont les têtes étaient mises à prix juste après leur installation. Politiquement, c’est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement déjà en mal de popularité auprès de l’opinion et de la classe politique. Faut-il rappeler également les promesses du chef d’état-major, Ahmed Gaid Salah, dans l’un de ses discours, qu’ «il n’y aura plus de place à la crise économique ni toute autre crise, une fois que l’Algérie se sera libérée des griffes de la bande, des prédateurs et de ceux qui ont trahi la confiance…. ». L’annonce par Loukal que l’Algérie n’abandonnera pas la planche à billets et qu’elle va y recourir jusqu’à 2022, remet entre parenthèses ces professions de foi qui n’ont aucun ancrage réel dans une économie rentière qui survit sous perfusion. Il va sans dire que la persistance de l’impasse politique n’est pas faire pour arranger les choses. Chaque jour qui passe est une chance perdue pour l’Algérie d’embrayer sur une dynamique de relance de nature à remettre l’économie sur une voix vertueuse. Même le matelas des réserves de chances fond comme neige au soleil et ne suffit plus qu’assurer deux années d’importation puisque le montant a dévissé à 72, 6 milliards de dollars. Il y a lieu de rappeler que le gouvernement Ouyahia avait fait imprimer au titre du financement non conventionnel auprès de la Banque d’Algérie (BA), au profit du Trésor public environ 52 milliards de dollars (6556,2 milliards de dinars) entre la mi-novembre 2017 et fin janvier 2019. 3114,4 mds de DA ont été injectés dans l’économie, soit près de la moitié, selon une note de la BA. Un montant de 2470 mds DA a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018 et partiellement au titre de l’exercice 2019, selon la BA.1813 mds DA ont contribué au remboursement de la dette publique à l’égard des entreprises nationales Sonatrach et Sonelgaz, ainsi qu’au financement du remboursement de l’emprunt obligataire pour la croissance. 500 milliards de dinars ont par ailleurs été destinés à la Caisse nationale de retraite (CNR) pour le refinancement de sa dette à l’égard de la CNAS.

N.I