Les clubs professionnels de la Ligue 1 s’apprêtent à entrer dans une nouvelle phase de gestion, notamment sur le plan financier, imposée par les instances nationales et dont l’objectif est d’assainir la masse salariale exorbitante et les pratiques inflationnistes des clubs de l’élite.
Une politique budgétaire plus rigoureuse et rationnelle afin de réduire leur déficit abyssal qui a pris des proportions inquiétantes ces dernières saisons menaçant même l’existence de certains d’entre eux à moyen terme. La pression des instances internationales, notamment la Fifa imposant le fair-play financier et le salary cap auxquels le football national ne peut pas échapper indéfiniment, d’autant qu’à présent la CAF ne compte plus délivrer la fameuse licence pro aux clubs déficitaires. C’est dans ce contexte difficile que la LNF, sous la supervision de son président Mohamed El Amine Mesloug, a organisé un atelier au siège de la FAF « consacré à la présentation et à la discussion des dispositions du nouveau contrat type du joueur professionnel, qui entrera en vigueur à partir de la saison sportive 2025–2026 » et auquel ont participé les présidents des clubs de la Ligue 1. Ces derniers l’ont validé (avaient-ils vraiment le choix ?), comme le souligne le communiqué de la LNF. « La LFP et la FAF ont salué l’adhésion unanime des clubs au contenu du nouveau contrat et espèrent désormais une mise en œuvre concrète de cet outil juridique », ajoute le communiqué sans toutefois dévoiler le contenu dudit contrat. Mais le document, du moins dans sa version initiale avant d’être proposé aux clubs pour enrichissement, a été dévoilé par la presse. Ainsi, on apprend qu’il prévoit qu’à la signature « le joueur percevrait une avance de 20% du montant global annuel de son contrat qui aura été négociée entre le club et le joueur selon son statut et sa valeur marchande. Ensuite, un salaire mensuel brut fixe de 300.000 DA, identique pour tous les joueurs, soumis aux cotisations sociales et payables en dinars indifféremment que le joueur soit local ou étranger. Le reste, soit entre 50 et 80% de la valeur totale du contrat, serait attribué sous forme de primes de performance, versées en deux tranches : au plus tard une semaine après la fin de la phase aller, puis une semaine tout au plus après la fin de la saison. Mais ces primes ne sont pas garanties. Pour y prétendre dans leur totalité, le joueur devra cumuler au moins 800 minutes de jeu sur l’ensemble de la saison, soit environ neuf matchs complets. En deçà, les montants sont dégressifs : 50% de la prime entre 400 et 799 minutes, et seulement 25% en dessous de ce seuil », rapporte le quotidien El Moudjahid dans une de ses éditions.
Reste à savoir si ce contrat, même enrichi, sera accepté par les joueurs, les grands absents dans ces négociations. Pourtant, ils sont les premiers concernés. Cela ne va-t-il pas provoquer leur exode massif, du moins les meilleurs d’entre eux, vers d’autres cieux ? Les joueurs étrangers vont-ils accepter qu’une partie de leur salaire soit payée en dinars ? Le risque est gros d’appauvrir le championnat au moment où l’on assiste à un retour des joueurs expatriés en Ligue 1. L’intention des responsables de la FAF et de la LNF est bonne, elle est même nécessaire, mais comme on dit l’enfer est pavé de bonnes intentions. Cela risque de se retourner contre eux au cas où les joueurs préfèrent l’exil. Tant que nos clubs ne parviennent pas à sortir de l’assistanat pour ne compter que sur leurs propres deniers, le problème fondamental ne sera jamais résolu. Pourtant, un club comme le Paradou a réussi à s’autofinancer grâce à sa politique de formation qui lui permet de transférer ses joueurs à coups de millions de dollars tous les ans. C’est aux pouvoirs publics d’encourager ce genre de politique et de ne plus soutenir des clubs budgétivores, véritables gouffres financiers.
Ali Nezlioui






