Face aux turbulences mondiales et une situation interne complexe: Bilan 2000-2021 et perspectives pour l’économie algérienne, 2023-2025

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Par Abderrahmane Mebtoul – Professeur des universités

Le fondement du développement au XXIe siècle repose sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir et le grand défi, pour l’Algérie, pays à importantes potentialités entre 2023-2030, le temps ne se rattrapant jamais en économie, devant raisonner toujours en dynamique, est le redressement économique, condition sine qua pour placer l’Algérie comme pays pivot au niveau de la région, et donc accroître son poids dans les relations internationales, alléger au niveau interne le poids des forces de sécurité, existant un lien dialectique entre développement et sécurité, l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.

1- Le monde est en crise où durant la période récente 2020-2022 l’Algérie a été confrontée à différentes crises internes/externes qui ont touché la majorité des pays de la planète. Cela concerne l’épidémie du coronavirus, les tensions géostatiques Ukraine- Russie dont d’ailleurs elle a adopté une position de neutralité, ayant affecté les recettes hydrocarbures en 2020 et gonflé la valeur d’importation de certains produits alimentaires du fait que l’Ukraine et la Russie représentent 33% des exportations mondiales et devant anticiper une croissance en berne de l’économie mondiale pour 2023.  Rappelons-nous la situation sociopolitique en 2019 où les fondements de l’Etat étaient menacés, ne pouvant avoir de développement sans stabilisation politique et sécurité. Nous devons reconnaître que l’obstacle majeur est le cancer bureaucratique, tant au niveau central que local. Bon nombre de directives en Conseil des ministres, sur le plan économique n’ont pas été toutes respectées entre 2020-2022 et le président de la République l’a fait savoir dans différents Conseils des ministres où certains départements ministériels sans compter certains responsables au niveau local n’ont pas été la hauteur des nouveaux défis, avec surtout de l’activisme. Le président de la République n’a pas besoin de louanges, de discours et de promesses déconnectés des réalités, pratiques du passé, mais de réalisations effectives sur le terrain. Outres les nombreuses les très nombreuses lettres d’intention qui n’engagent nullement l’investisseur étranger, entre l’idée d’un projet, sa réalisation et l’exploitation, pour les PMI/PME concurrentielles, il faut compter 2 à 3 ans pour atteindre le seuil de rentabilité, et pour les pour les projets hautement capitalistiques entre 5 et 7 ans, sous réserve que l’on résolve les facteurs techniques, le financement, former une main- d’œuvre qualifiée et que l’on trouve un bon partenariat. Dans ce cadre,

se pose cette question : quelles seront les incidences sur les équilibres financiers du pays en 2023 du plafonnement et donc de l’écart avec celui du marché : du prix du pétrole par voie maritime du pétrole de la Russie à compter de janvier 2023 et des dérivés à compter de février 2023 s’il est étendu à d’autres pays. Et surtout celui du gaz, à compter de février 2023 où la commission européenne a prévu des mécanismes de correction des marchés , activé dès que les prix observés sur le TTF (indice de référence européen) atteindront 180 euros par mégawattheure (MWh) durant trois jours, avec certaines conditions : les prix relevés sur le TTF devant être au moins supérieur de 35 euros au prix moyen du GNL (gaz naturel ­liquéfié) au niveau mondial, durant ces mêmes trois jours et que le mécanisme sera activé pour des périodes de vingt jours et désactivé automatiquement une fois ce laps de temps écoulé et si la demande de gaz augmente de 15 % en un mois ou de 10 % en deux mois, les importations de GNL diminuent significativement. Or, la majeure partie des exportations de l’Algérie sans le GNL, se fait par canalisation Medgaz, capacité 10,5 milliards de mètres cubes et Transmed, capacité 33 milliards de mètres cubes étant orientées vers l’Europe, les canalisations liant, d’une manière rigide l’exportateur à une zone géographique donnée, existant des marges de manœuvres et donc plus de flexibilité pour le GNL. Cela peut avoir des incidences court sur les entrées en devises du gaz, encore que le mégawattheure après avoir atteint un pic de 300 à 350 dollars le mégawattheure se négocie sur le marché entre octobre et décembre entre 110 à 140 dollars donc loin du prix plancher que l’Europe veut imposer. Mais se pose aussi cette question pour l’avenir dans les nouveaux contrats négociés par Sonatrach courant l’année 2022, a-t-on privilégié des prix fixes avec des contrats moyen et long terme ou une partie des exportations est-elle négociable selon le prix du sur le marché spot ?

2- Quel est le bilan de l’économie algérienne à travers les principaux indicateurs macro-économiques de la loi de finances 2023 adoptée par le Parlement qui n’est qu’un document comptable retraçant annuellement, en statique, les recettes et des dépenses de l’Etat, devant l’insérer dans le cadre d’une planification stratégique et dont les équilibres seront sera fonction fondamentalement de l’évolution du cours des hydrocarbures et du volume exporté, lui-même fonction de la croissance de l’économie mondiale en 2023 ? Car l’Algérie a besoin d’un taux de croissance de 8 à 9% par an sur plusieurs années pour absorber un flux additionnel de demande d’emplois de 350 000 à 400 000 qui s’ajoute au taux de chômage 2021 estimé par le FMI environ 14%, incluant les sureffectifs dans les entreprises publiques, administrations, les emplois improductifs et l’emploi dans la sphère informelle. La sphère informelle représente 30/40% du total et drainant selon les données du président de la République entre 6.000 et 10.000 milliards de dinars de la masse monétaire circulation, 33 à 45% du PIB estimé en 2023 à 185 milliards de dollars, la Banque d’Algérie donnant un montant fin 2020 de 6.200 milliards dinars.

Le prix de référence du baril de pétrole brut est de 60 dollars et le prix du marché du baril de pétrole brut est de 70 dollars. Les recettes budgétaires totales prévisionnelles 7.901,9 milliards de dinars en 2023 et les dépenses budgétaires devraient s’élever à 13.786,8 milliards de dinars. Les dépenses de fonctionnement devront augmenter de 26,9% en 2023 pour atteindre 9.767,6 milliards de dinars dont la masse salariale globale devrait atteindre 4629 milliards de dinars durant le prochain exercice, ce qui représente 47,39% du budget total dédié au fonctionnement et les dépenses d’équipement devront passer de 4.019,3 milliards de dinars. Le taux de croissance économique devrait atteindre 4,1% en 2023.

Les exportations de biens devraient atteindre 56,5 milliards de dollars (dont 49,5 pour les exportations des hydrocarbures), et les importations de biens au titre de l’année en cours devraient atteindre les 38,7 milliards de dollars (37,5 milliards en 2021). Quant à la balance des paiements, elle devrait enregistrer un excédent de 11,3 milliards de dollars (6,3 % du PIB), un niveau jamais atteint depuis 2014. Ainsi, la balance commerciale devrait enregistrer un excédent de 9,4 milliards de dollars en 2023, et la balance des paiements devrait enregistrer un excédent de 5,7 milliards de dollars. Les réserves de change devraient passer de 55 milliards de dollars fin 2022 à 59,7 milliards de dollars fin 2023 représentant respectivement 16,3 mois d’importations de biens et services hors facteurs de production. Le déficit budgétaire, source d’inflation, de l’année 2023 atteindra 5.884,9 milliards de dinars (-22,5% du produit intérieur brut), plus de 42,95 milliards de dollars au cours du 22 décembre 2022, 137 dinars un dollar, contre un déficit budgétaire d’environ 30 pour 2022, le fonds de régulation des recettes pour combler le déficit budgétaire, étant fonction de la différence entre le cours réel sur le marché international et celui retenu par la loi de finances.

Ces données diffèrent légèrement de celles du FMI dans son rapport préliminaire de novembre 2022 concernant notamment le taux de croissance le taux d’inflation et du taux de chômage, tout étant fonction de l’évolution du cours des hydrocarbures qui révèle qu’en 2022, le solde des transactions courantes de la balance des paiements devrait afficher son premier excédent depuis 2013, avec une croissance du PIB projetée à 2,9% en 2022, un taux d’inflation annuel moyen en 2022 de 9,4% qui devrait ralentir en 2023 mais rester au-dessus de 8% en moyenne sous réserve d’un assouplissement de la politique budgétaire, un taux de chômage de 14% en 2022 mais qui devrait légèrement baisser en 2023. Quant aux exportations hors hydrocarbures, il faudrait éviter des doubles emplois, les dérivés d’hydrocarbures étant inclus dans les recettes de Sonatrach et également dans la rubrique hors hydrocarbures.

Le caractère social est maintenu en attendant la mise en œuvre et cela n’est pas propre à l’Algérie, du fait de la crise qui frappe la majorité des pays avec l’important déficit budgétaire et l’endettement public de bon nombre de pays développés une politique de subventions ciblées processus complexe du fait de l’effritement du système d’information et de l’importance de la sphère, informelle. Toute politique doit concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, le budget annuel affecté aux transferts sociaux en 2023 étant estimé à plus de 5.000 milliards de dinars soit au cours de 137 dinars un dollar 36,50 milliards de dollars pour un PIB évalué en 2023 à 185 milliards de dollars soit environ 20% du PIB. Dans la lutte contre les zones d’ombre l’on devra éviter, comme par le passé, les programmes spéciaux de wilayas sans objectifs précis, dépenser sans compter, qui ont solutionné des problèmes à court terme, mais non à moyen terme, un impact mitigé sur la situation sociale des populations. Toute Nation ne peut distribuer que ce qu’elle a préalablement produite, le versement de salaires et de traitements sans contreparties productives conduit nécessairement, à terme, à la régression économique et sociale. Le projet de loi de finances 2023 prévoit un relèvement des dépenses au profit d’une nouvelle hausse des salaires des fonctionnaires.

Ces dépenses devraient ainsi augmenter de 23,55% par rapport à 2022 où l’Etat devrait mobiliser une enveloppe de 3.037,41 milliards de dinars durant l’année 2023 afin de couvrir l’impact financier de cette hausse des salaires et des systèmes de rémunération des employés en n’oubliant pas le déficit des caisses de retraites qui était en 2021 de 700 milliards de dinars, une partie du déficit ayant été épongé par l’Etat avec l’annonce en novembre 2022 du responsable d’ un déficit s’élève à 376 milliards de dinars fin 2022.

A suivre…