Face aux tensions sécuritaires: L’Algérie, acteur déterminant de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine

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Les  tensions  actuelles  en  Ukraine  et  dans  d’autres  contrées  du monde, notamment en Afrique et au Moyen-Orient  et en Asie où pourraient s’affronter les  deux plus grandes puissances économiques mondiales  les USA et la  Chine, où avec les tensions en Asie, le conflit en Ukraine ne serait qu’un épiphénomène, auront un impact important sur les futures relations internationales.

1- L’Algérie, facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine

Les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent la communauté internationale qui doit être attentive aux tensions  en Afrique subsaharienne qui connaît une misère inégalée où seulement  en  trois ans, 2020/2022, le nombre de personnes qui se rapprochent de la famine est passé de 3,6 millions à 10,5 millions dans cinq pays – le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger avec un flux migratoire selon le PAM de 400%. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime libyen, avec des conséquences pour la région. De plus en plus nombreux, des migrants subsahariens s’installent désormais dans les pays du Maghreb avec l’intensification de la contrebande. Bien avant et surtout depuis la  chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l’un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, des centaines de milliers d’armes, dont 15 000 missiles sol-air qui étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée et dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel. Dès lors, la sécurité de l’Algérie est posée à ses frontières. La frontière algéro-malienne est de 1376 km, la frontière entre l’Algérie et la Libye est de 982 km, la frontière algéro-nigérienne est de 956 km, la frontière algéro-tunisienne est de 965 km soit au total 4 279 km à surveiller. Le problème est plus grave pour les frontières conjointes avec le Mali et la Libye- deux interventions  2018/2019 à l’invitation, une à l’Institut militaire  (IMDEP/ MDN) et l’autre à l’Ecole supérieure de guerre (ESG) sur l’Algérie face aux tensions géostratégiques). Il ne faut pas oublier que les terroristes étaient venus depuis cette région lors de l’attaque terroriste de Tiguentourine.  Selon les déclarations lors de leurs déplacements récents depuis de janvier 2022 à janvier 2023, d’officiels américains, russes  et européens de hauts niveaux,  par sa longue histoire de lutte contre le terrorisme, l’Algérie constitue un pilier  pour la stabilité de la région étant  une puissance militaire régionale et un pays incontournable dans la problématique de la sécurité au Sahel et, de manière générale, un acteur important dans le contexte de la sécurité internationale en raison de son emplacement stratégique comme point de transit de l’Afrique du Nord vers l’Europe. Face à cette situation complexe et en perpétuelle mutation, la stratégie diplomatique et militaire de l’Algérie est guidée par des principes fondamentaux suivants mis en relief par  l’état-major de l’ANP à travers sa revue El Djeich : Premièrement,  la mise en place d’un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité ; deuxièmement, l’amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins ; troisièmement, le développement d’un processus multilatéral à travers l’initiative des pays de Champ; quatrièmement,  la neutralité dans les  conflits et seulement   en cas exceptionnel prévu dans la Constitution adoptée le 1er novembre 2020, l’article 91 consacre, que le chef de l’Etat «chef suprême les forces armées de la République» et «responsable de la Défense nationale peut décider l’envoi d’unités de l’Armée nationale populaire à l’étranger». Mais cette décision est subordonnée à l’approbation à la majorité des deux tiers du Parlement, tout en déterminant le cadre de participation des forces militaires algériennes en dehors les frontières. Selon la nouvelle Constitution, dans le cadre du respect de la souveraineté des Etats, «l’Algérie peut, dans le cadre les Nations unies, de l’Union africaine et de le Ligue des Etats arabes participer au maintien de la paix dans la région dans le cadre d’accords bilatéraux de pays concernés». La justification de cet amendement est que cela est pleinement conforme à la politique étrangère de l’Algérie qui repose sur les principes «fermes et immuables», à savoir «le rejet du recours à la guerre et prôner la paix, la non-ingérence dans les affaires internes des Etats ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par les voies pacifiques, conformément à la légalité internationale représentée par les instances internationales et régionales. Il s’agit dorénavant de mettre l’accent sur l’obligation d’appliquer une stratégie interrégionale  du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes dans la lutte contre la criminalité transnationale, nécessitant une amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme.  Il s’agit donc de lever les contraintes, du fait que la corruptibilité  générale des institutions pèse lourdement sur les systèmes chargés de l’application de la justice pénale en général, qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes.

2 -L’Algérie  face aux trafics à ses frontières

Les tensions dans la région – notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement  les actions terroristes à sa frontière en Tunisie – ont imposé à l’Algérie des dépenses supplémentaires s’expliquant en partie par l’insécurité régionale où prospèrent différents trafics à ses frontières. Premièrement, nous avons le trafic de marchandises. Pour l’Algérie, existent des trafics de différentes marchandises subventionnées comme le lait et la farine achetés en devises fortes, le trafic de carburant représenterait un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, c’est énorme. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins. Deuxièmement, nous avons le trafic d’armes. Le marché «noir» des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché «blanc» puisque, rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde. Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d’armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d’armes s’effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics. Troisièmement, nous avons le trafic de drogue. La montée en puissance du trafic de drogue au niveau de la région sahélienne a des implications sur toute l’Afrique du Nord où nous pouvons identifier les acteurs avec des implications géostratégiques où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Quatrièmement, nous avons la traite des êtres humains. C’est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l’exploitation sexuelle ou à l’exploitation par le travail  ainsi que le trafic de migrants qui  est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. Cinquièmement, nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflit) et la vente de médicaments frauduleux potentiellement mortelle pour les consommateurs. Sixièmement, nous avons la cybercriminalité. Elle est liée à la révolution dans le domaine des systèmes d’information et peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu’économique. Il englobe plusieurs domaines exploitant notamment de plus en plus internet pour dérober des données privées, accéder à des comptes bancaires et obtenir frauduleusement parfois des données stratégiques pour le pays. Le numérique a transformé à peu près tous les aspects de notre vie, notamment la notion de risque et la criminalité, de sorte que l’activité criminelle est plus efficace, moins risquée, plus rentable et plus facile que jamais. Septièmement, nous avons le blanchiment d’argent. C’est un processus durant lequel l’argent gagné par un crime ou par un acte illégal est lavé. Il s’agit en fait de voiler l’origine de l’argent pour s’en servir après légalement. Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Offshore) permettent de cacher l’origine de l’argent.

3 -La sécurité régionale implique la refonte des relations internationales

Les tensions géostratégiques actuelles dans le monde  et notamment en Ukraine, qui font oublier un facteur déterminant pour l’avenir de l’humanité les  impacts économiques et sociaux du  réchauffement climatique, devraient conduire à de profondes reconfigurations socioéconomiques, technologiques mais également sécuritaires. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour noms terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains États.  Or, les défis collectifs nouveaux sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie ? Interpellée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou que tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du Dialogue méditerranéen de l’Otan, du partenariat euro-méditerranéen, du traité stratégique qui la lie à Russie, l’Algérie ayant opté pour la neutralité dans le conflit Ukraine-Russie, où les  nouveaux défis dépassent en importance et en ampleur les défis que cet espace a eu à relever jusqu’à présent. La lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu’au sein des États, où une minorité accapare une fraction croissante du revenu national, enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la cité. Le fossé entre les riches et les pauvres au niveau mondial ne cesse de se creuser davantage, tandis que l’écart des revenus renforce les inégalités en matière de richesse, l’éducation, la santé et la mobilité sociale sont menacées.

Je mets en garde contre les conséquences pernicieuses du chômage, le risque de vives tensions sociales avec une génération qui commence sa carrière dans un désespoir complet, faite de perspectives d’avenir. Aussi, face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique  que de défense, actions liées avec les derniers événements, où le monde s’oriente vers un système multipolaire, se pose l’urgence d’une nouvelle gouvernance mondiale  et d’une  coordination, internationale  afin d’agir efficacement sur les événements majeurs et faire de notre monde et particulièrement du bassin méditerranéen et de l’Afrique, un lac de paix et de prospérité partagée.

En conclusion, c’est  que  l’ère des  confrontations  n’a eu cours  que  parce  que  les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître. L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De saint Augustin à l’Émir Abdelkader, les apports de l’Algérie à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines. M.