Face aux tensions géostratégiques et budgétaires 2023/2025: Le redressement de l’économie nationale impose de profondes réformes et un large front national anti-crise

0
187

Le président de la République algérien lors de plusieurs Conseils de ministres a ordonné aux responsables d’améliorer la gestion, de lutter contre la corruption, à ne pas confondre avec acte de gestion, afin de libérer les initiatives des managers, la presse et les experts ayant une lourde responsabilité afin de vérifier si les promesses se concrétisent sur le terrain. 

Devant avoir un langage de vérité, afin d’éviter les erreurs du passé, force est de constater ce que dynamisme au niveau international, la force future d’une Nation reposant sur l’Economique, contraste  malheureusement, et c’est l’avis objectif  de la majorité des expert internationaux, non les organiques soucieux surtout d’une rente,  avec  la situation économique entre 2022/ 2023 où la relance peine à démarrer, loin des  potentialités du fait d’entraves bureaucratiques et du manque de visibilité dans la réforme globale. On constate que certains responsables face au blocage, mentalités bureaucratiques, sont tentés par  l’élaboration de nouvelles lois alors qu’il faut  s’attaquer à l’écosystème. Gouverner, c’est prévoir, cela  nécessite, pour l’Algérie   des prévisions à moyen et à long terme dans ce domaine,  et donc une planification stratégique  qui ne soit pas conjoncturelle.

1 – Le cours des hydrocarbures, gaz et pétrole, fortement fluctuant, l’OPEP+ étant confrontée aux incertitudes de l’économie mondiale en décroissance pour 2023 pour ayant reconduit ses décisions de baisse de production décidé en octobre 2022,  après avoir atteint le seuil de 130 dollars le baril, étant coté pour le pétrole le 07 juin 2023  en clôture à 76, 97dollars le Brent

(71,96 euros) et 72,62 dollars le WIT (67, 89 euros), le cours des monnaies (euro/dollar) en plus des stocks américains  influençant le niveau du cours de quelques dollars soit à la baisse soit à la hausse. Le gaz naturel, constituant environ 33% des recettes de Sonatrach, après avoir connu un seuil de 250/300 dollars le mégawattheure  le début du conflit en Ukraine, le 08 mai 2023   le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, s’échangeait à 35,92 euros le mégawattheure (MWh) et  le

05 juin 2023 ) 23, 545 euros , le niveau le plus bas depuis deux ans (une baisse de plus de 70%), encore  que le prix est  plus élevé en 2020,  où le cours moyen avoisinait environ 15 dollars le mégawattheure,  mais  remettant en cause la rentabilité de bon nombre de projets  gaziers hautement capitalistiques. Le prix de référence fiscal ou  du marché (entre 60/70 dollars)  de la loi de finances 2033 étant un artifice comptable, selon le FMI, l’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole à 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget  contre 135 dollars pour 2021/2022 et 100/110 dollars pour 2019/2020  avec un déficit budgétaire dépassant les 40 milliards de dollars et une dette publique selon le FMI à   56,1% du PIB en 2021, 60,5% en 2022 et 65,3% en 2023. Pourtant, l’Algérie possède des marges avec des indicateurs financiers positifs, qu’il s’agit de consolider par la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption renvoyant à la gouvernance centrale et locale. La balance commerciale  a enregistré un excédent de 3,5 milliards de dollars durant les quatre premiers mois de l’année 2023, encore que le document le plus fiable est la balance des paiements incluant en plus du mouvement des biens (importations- exportations)  les importations de services (environ 6 milliards de dollars en 2022 contre 10/11 entre 2018/2019 et les mouvements de capitaux. Elle possède plus de 63 milliards de dollars de réserves de change fin février 2023, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, et  un endettement extérieur très faible 2,9 milliards fin 2022, donc ne supportant pas la hausse des taux d’intérêts au niveau mondial. Grâce  à la hausse des prix moyen du pétrole à 106 dollars le baril en 2022 et 16 dollars pour le gaz, selon les données officielles de Sonatrach, les recettes du pays ont atteint les 60 milliards de dollars, mais pour avoir le profit net devant extraire les  coûts et la part  des associés étrangers. Mais vu les prévisions en termes du cours des hydrocarbures pour 2023,  pour un cours moyen de 75 /80 dollars le pétrole et un prix de cession du gaz  entre 11/12 dollars le MBTU les recettes devraient fluctuer  en 2023 entre 45/50 milliards de dollars, soit entre 10/15 milliards de dollars de moins qu’en 2022. Il faudra tenir  compte de  la forte facture d’importation, surtout alimentaire avec les impacts du réchauffement climatique

(risque de pénurie d’eau douce expliquant les actions pour le dessalement de l’eau de mer), l’Algérie étant un pays semi-aride. Pour des raisons internes: faiblesse de la production et productivité) et externes (inflation mondiale, imposant à l’Algérie  une rationalisation dans les choix budgétaires pour éviter les erreurs du passé, l’inflation  a dépassé les 10% en 2022, et continue  sa lancée entre janvier et juin 2023, les besoins étant historiquement datés, (les besoins évoluant) ne devant pas limiter aux biens alimentaires, l’Algérien n’étant pas  un tube digestif. 

Par exemple,  les pièces  détachées pour les  unités, les camions/ voitures  et les produits informatiques, le taux d’inflation a dépassé  ont dépassé les  100% entre 2021/2023). Pour le taux de chômage , selon le  ministre du Travail plus de 2 millions ont été inscrits au taux de chômage, action pour assurer la cohésion sociale,  dont il  conviendra d’ailleurs de dresser un bilan, et sur une population active dépassant en 2023 les 12,5  millions, cela donne un taux de chômage réel de plus de 16% incluant  la sphère  informelle, (plus de 40% de la superficie économique et drainent plus de 6200 milliards de dollars selon la Banque d’Algérie), les  sureffectifs  des administrations et des entreprises et les emplois rente (faire et refaire les trottoirs). La Banque mondiale, dans sa note de fin mai 2023, prévoit une croissance pour l’Algérie en 2023 de  1,7 %  pour 2024 et 2,1 % pour 2025, en deçà des prévisions précédentes de 2,8% pour 2023  et également de celles du gouvernement plus de 4% alors qu’il  faut  sur plusieurs années un taux de croissance de plus de 8/9% pour absorber un flux  annuel  de 350.000/400.000 /an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel.

2 – Dans ce cadre où en est le bilan projets réalisés suite aux orientations du président de la République lors de différents Conseils de ministres, et des différentes réunions gouvernement / walis au niveau de chaque ministère et wilaya ? Car une lettre d’intention avec un partenaire étranger  ou le dépôt d’un dossier  n’est pas nécessairement la concrétisation d’un projet et rappelons-nous les différents déclarations  de dizaines de milliers de projets entre 2000/2020 dont plus de 80% n’ont jamais vu  le jour, d’autres  abandonnés  après avoir bénéficié des avantages financiers et fiscaux  de complaisance   des anciennes structures  ANSEJ et ANDI.

Il s’agit d’éclater la rubrique hors hydrocarbures  pour déterminer les segments compétitifs au niveau  international, de dresser la balance devises   devant soustraire les matières première importées et  les exonérations fiscales.

Les recettes en devises en 2022 provenant de la rente avec les dérivés sont pour plus de 98%. 

Les dérivés étant inclus dans la  rubrique hors hydrocarbures selon les statistiques douanières  représentent plus de 60% restant  environ 2 milliards de dollars pour les autres produits et si on soustrait les  autres produits semi-bruts restant environ 1 milliard de dollars. Par ailleurs, il  s’agit de relancer  les projets en gestation mis  en œuvre réellement sur le terrain,  loin des discours,  entre 2022/2023, comme le fer de Gara Djebilet, le phosphate de Tébessa, le zinc de Azemmour, le projet pétrochimique d’Arzew qui accuse 5 années de retard, les projets  des gazoducs Europe Nigeria  via Algérie le projet, Galsi via l’Italie, les interconnexions  d’électricité vers l’Europe,  le port de Cherchell  et donc nombre d’autres  projets étudiés en Conseil des ministres et devant trouver des financements devant  donner le montant exact des coûts, où uniquement pur les projets cités dépassent les 40 milliards de dollars en devises sans compter  la partie  dinars,  et un bon partenariat  en levant tous les  verrous bureaucratiques en  renforçant la stabilité juridique et monétaire  avec des objectifs précis( balance physique et en devises), car  un code d’investissement n’est qu’un  moyen  pour attirer l’investissement. Si un projet est mis en œuvre en 2023, devant être rentable selon les avantages comparatifs mondiaux, pour les PMI/PE, il faut deux à trois ans pour atteindre le seuil de rentabilité et pour les projets hautement capitalistiques entre 5/7 ans et chaque année de retard entraîne des surcoûts, sans compter que ces projets risquent d’être déclassés  du fait de la concurrence internationale  et des nouvelles mutations technologiques,  car en économie le temps ne se rattrape jamais .

3 – Les assainissements où selon les  données du Premier ministère, cela a nécessité  plus de 250 milliards de dollars durant les  trente dernières années   et plus  de  63 milliards de dollars de réévaluations durant les dix  dernières années  montrant la nécessité de la maîtrise de la gestion des projets  et ce à  fin 2020 (source APS ). D’où l’urgence d’une  planification,  devant s’étaler jusqu’à 2025, voire 2030, en tenant compte des nouvelles mutations mondiales des nouvelles filières qui se fondent sur la transition numérique et énergétique, et ce, afin d’éviter des pertes pour le pays qui peuvent se chiffrer à des dizaines de milliards de dollars.  En plus des tensions géostratégiques sà nos frontières, devant l’inévitable tensions budgétaires, d’autant  plus que le gouvernement se propose de relancer bon nombre de projets  en dinars mais surtout un besoin de financement en devises, en espérant un attrait  de l’investissement étranger sous réserve de lever  les verrous bureaucratiques, s’impose l’accélération  des réformes  et  sur le plan politique et social, une totale symbiose entre l’Etat et la population, cette dernière étant  appelée à être mobilisée autour d’un large Front national. Il  appartient aux partis politiques  et aux segments de la société civile, qui doivent être éloignés des intérêts rentiers étroits,  d’être proche  des aspirations de la population,  loin des communiqués sans impacts   et  des promesses et  discours utopiques auxquels plus personne ne croit,  car  nous sommes à l’ère d’internet et des réseaux sociaux. L’Algérie a toutes les potentialités en faveur d’une croissance hors hydrocarbures, d’une cohésion sociale et afin d’être un pays pivot dans l’espace méditerranéen, africain, et au niveau des BRICS où l’Algérie a déposé sa candidature. Le classement de l’Algérie au niveau international entre  2021/2022 est honorable et en s’adaptant au mieux de ses intérêts au nouveau monde, c’ est un pays à fortes potentialités. Selon un rapport publié par FMI d’avril 2023  l’Algérie figure dans le Top 10 des pays arabes  occupant   la dixième place avec un PIB de 4.480 dollars par habitant, les autres pays étant l’Arabie saoudite, le Bahreïn, Sultanat d’Oman, la Libye, l’Irak ainsi que la Jordanie,  le Qatar, premier grâce à un PIB de 83.890 dollars par habitant ainsi  que les Émirats arabes unis (49.450 dollars) et le Koweït (33.650 dollars) et contrairement aux analyses de l’auteur s’en tenant à des  indicateurs globaux de 2021, selon le FMI pour 2022, au Maghreb  la Tunisie est au  11e rang avec un PIB de 4.070 dollars par habitant, tandis que le Maroc occupe la 12e place avec un PIB de 3.750 dollars. Pour l’Afrique  selon le dernier rapport de la Banque mondiale avec un PIB à 193 milliards USD, l’Algérie figure dans le top 10 africain des économies les plus puissantes occupant la 4ème place du classement derrière le Nigeria  première place avec un PIB  de 510 milliards de dollars , l’Égypte (435 mds $) et l’Afrique du Sud (426 milliards de dollars)

En conclusion, chaque pays défend ses propres intérêts,  car   dans  pratique des  relations internationales et surtout économiques,  n’existent pas  de sentiments, mais que des intérêts et contrairement  à certains discours  de  sinistrose ,où l’Algérie serait au bord de la faillite, l’Algérie connaît  la  stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des services de sécurité. Mais existant un lien dialectique entre sécurité et développement l’on doit  être attentif aux impacts négatifs des nouvelles technologies (drones, cyberattaques- voir revue Djeich  MDN avril/ mai 2023 , devant éviter également certains discours d’autosatisfaction déconnectés  de la  réalité, source de névrose collective.  Étant à l’aube d’une profonde reconfiguration des relations internationales, les menaces et défis sont nouveaux du fait d’une révolution mondiale tant sur le plan militaire, économique, social et surtout culturel. Cela exige une nouvelle gouvernance fondée sur de profondes réformes structurelles, un État de droit basé sur le travail et l’intelligence, devant concilier l’efficacité économique et la justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte. La mobilisation citoyenne face aux tensions géostratégiques, est  une question de sécurité nationale. 

A.M.