Le président de la République algérien lors de plusieurs Conseils de ministres a ordonné aux responsables d’améliorer la gestion, de lutter contre la corruption, à ne pas confondre avec acte de gestion, afin de libérer les initiatives des managers, la presse et les experts ayant une lourde responsabilité afin de vérifier si les promesses se concrétisent sur le terrain.
Devant avoir un langage de vérité, afin d’éviter les erreurs du passé, force est de constater ce que dynamisme au niveau international, la force future d’une Nation reposant sur l’Economique, contraste malheureusement, et c’est l’avis objectif de la majorité des expert internationaux, non les organiques soucieux surtout d’une rente, avec la situation économique entre 2022/ 2023 où la relance peine à démarrer, loin des potentialités du fait d’entraves bureaucratiques et du manque de visibilité dans la réforme globale. On constate que certains responsables face au blocage, mentalités bureaucratiques, sont tentés par l’élaboration de nouvelles lois alors qu’il faut s’attaquer à l’écosystème. Gouverner, c’est prévoir, cela nécessite, pour l’Algérie des prévisions à moyen et à long terme dans ce domaine, et donc une planification stratégique qui ne soit pas conjoncturelle.
1 – Le cours des hydrocarbures, gaz et pétrole, fortement fluctuant, l’OPEP+ étant confrontée aux incertitudes de l’économie mondiale en décroissance pour 2023 pour ayant reconduit ses décisions de baisse de production décidé en octobre 2022, après avoir atteint le seuil de 130 dollars le baril, étant coté pour le pétrole le 07 juin 2023 en clôture à 76, 97dollars le Brent
(71,96 euros) et 72,62 dollars le WIT (67, 89 euros), le cours des monnaies (euro/dollar) en plus des stocks américains influençant le niveau du cours de quelques dollars soit à la baisse soit à la hausse. Le gaz naturel, constituant environ 33% des recettes de Sonatrach, après avoir connu un seuil de 250/300 dollars le mégawattheure le début du conflit en Ukraine, le 08 mai 2023 le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, s’échangeait à 35,92 euros le mégawattheure (MWh) et le
05 juin 2023 ) 23, 545 euros , le niveau le plus bas depuis deux ans (une baisse de plus de 70%), encore que le prix est plus élevé en 2020, où le cours moyen avoisinait environ 15 dollars le mégawattheure, mais remettant en cause la rentabilité de bon nombre de projets gaziers hautement capitalistiques. Le prix de référence fiscal ou du marché (entre 60/70 dollars) de la loi de finances 2033 étant un artifice comptable, selon le FMI, l’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole à 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget contre 135 dollars pour 2021/2022 et 100/110 dollars pour 2019/2020 avec un déficit budgétaire dépassant les 40 milliards de dollars et une dette publique selon le FMI à 56,1% du PIB en 2021, 60,5% en 2022 et 65,3% en 2023. Pourtant, l’Algérie possède des marges avec des indicateurs financiers positifs, qu’il s’agit de consolider par la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption renvoyant à la gouvernance centrale et locale. La balance commerciale a enregistré un excédent de 3,5 milliards de dollars durant les quatre premiers mois de l’année 2023, encore que le document le plus fiable est la balance des paiements incluant en plus du mouvement des biens (importations- exportations) les importations de services (environ 6 milliards de dollars en 2022 contre 10/11 entre 2018/2019 et les mouvements de capitaux. Elle possède plus de 63 milliards de dollars de réserves de change fin février 2023, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, et un endettement extérieur très faible 2,9 milliards fin 2022, donc ne supportant pas la hausse des taux d’intérêts au niveau mondial. Grâce à la hausse des prix moyen du pétrole à 106 dollars le baril en 2022 et 16 dollars pour le gaz, selon les données officielles de Sonatrach, les recettes du pays ont atteint les 60 milliards de dollars, mais pour avoir le profit net devant extraire les coûts et la part des associés étrangers. Mais vu les prévisions en termes du cours des hydrocarbures pour 2023, pour un cours moyen de 75 /80 dollars le pétrole et un prix de cession du gaz entre 11/12 dollars le MBTU les recettes devraient fluctuer en 2023 entre 45/50 milliards de dollars, soit entre 10/15 milliards de dollars de moins qu’en 2022. Il faudra tenir compte de la forte facture d’importation, surtout alimentaire avec les impacts du réchauffement climatique
(risque de pénurie d’eau douce expliquant les actions pour le dessalement de l’eau de mer), l’Algérie étant un pays semi-aride. Pour des raisons internes: faiblesse de la production et productivité) et externes (inflation mondiale, imposant à l’Algérie une rationalisation dans les choix budgétaires pour éviter les erreurs du passé, l’inflation a dépassé les 10% en 2022, et continue sa lancée entre janvier et juin 2023, les besoins étant historiquement datés, (les besoins évoluant) ne devant pas limiter aux biens alimentaires, l’Algérien n’étant pas un tube digestif.
Par exemple, les pièces détachées pour les unités, les camions/ voitures et les produits informatiques, le taux d’inflation a dépassé ont dépassé les 100% entre 2021/2023). Pour le taux de chômage , selon le ministre du Travail plus de 2 millions ont été inscrits au taux de chômage, action pour assurer la cohésion sociale, dont il conviendra d’ailleurs de dresser un bilan, et sur une population active dépassant en 2023 les 12,5 millions, cela donne un taux de chômage réel de plus de 16% incluant la sphère informelle, (plus de 40% de la superficie économique et drainent plus de 6200 milliards de dollars selon la Banque d’Algérie), les sureffectifs des administrations et des entreprises et les emplois rente (faire et refaire les trottoirs). La Banque mondiale, dans sa note de fin mai 2023, prévoit une croissance pour l’Algérie en 2023 de 1,7 % pour 2024 et 2,1 % pour 2025, en deçà des prévisions précédentes de 2,8% pour 2023 et également de celles du gouvernement plus de 4% alors qu’il faut sur plusieurs années un taux de croissance de plus de 8/9% pour absorber un flux annuel de 350.000/400.000 /an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel.
2 – Dans ce cadre où en est le bilan projets réalisés suite aux orientations du président de la République lors de différents Conseils de ministres, et des différentes réunions gouvernement / walis au niveau de chaque ministère et wilaya ? Car une lettre d’intention avec un partenaire étranger ou le dépôt d’un dossier n’est pas nécessairement la concrétisation d’un projet et rappelons-nous les différents déclarations de dizaines de milliers de projets entre 2000/2020 dont plus de 80% n’ont jamais vu le jour, d’autres abandonnés après avoir bénéficié des avantages financiers et fiscaux de complaisance des anciennes structures ANSEJ et ANDI.
Il s’agit d’éclater la rubrique hors hydrocarbures pour déterminer les segments compétitifs au niveau international, de dresser la balance devises devant soustraire les matières première importées et les exonérations fiscales.
Les recettes en devises en 2022 provenant de la rente avec les dérivés sont pour plus de 98%.
Les dérivés étant inclus dans la rubrique hors hydrocarbures selon les statistiques douanières représentent plus de 60% restant environ 2 milliards de dollars pour les autres produits et si on soustrait les autres produits semi-bruts restant environ 1 milliard de dollars. Par ailleurs, il s’agit de relancer les projets en gestation mis en œuvre réellement sur le terrain, loin des discours, entre 2022/2023, comme le fer de Gara Djebilet, le phosphate de Tébessa, le zinc de Azemmour, le projet pétrochimique d’Arzew qui accuse 5 années de retard, les projets des gazoducs Europe Nigeria via Algérie le projet, Galsi via l’Italie, les interconnexions d’électricité vers l’Europe, le port de Cherchell et donc nombre d’autres projets étudiés en Conseil des ministres et devant trouver des financements devant donner le montant exact des coûts, où uniquement pur les projets cités dépassent les 40 milliards de dollars en devises sans compter la partie dinars, et un bon partenariat en levant tous les verrous bureaucratiques en renforçant la stabilité juridique et monétaire avec des objectifs précis( balance physique et en devises), car un code d’investissement n’est qu’un moyen pour attirer l’investissement. Si un projet est mis en œuvre en 2023, devant être rentable selon les avantages comparatifs mondiaux, pour les PMI/PE, il faut deux à trois ans pour atteindre le seuil de rentabilité et pour les projets hautement capitalistiques entre 5/7 ans et chaque année de retard entraîne des surcoûts, sans compter que ces projets risquent d’être déclassés du fait de la concurrence internationale et des nouvelles mutations technologiques, car en économie le temps ne se rattrape jamais .
3 – Les assainissements où selon les données du Premier ministère, cela a nécessité plus de 250 milliards de dollars durant les trente dernières années et plus de 63 milliards de dollars de réévaluations durant les dix dernières années montrant la nécessité de la maîtrise de la gestion des projets et ce à fin 2020 (source APS ). D’où l’urgence d’une planification, devant s’étaler jusqu’à 2025, voire 2030, en tenant compte des nouvelles mutations mondiales des nouvelles filières qui se fondent sur la transition numérique et énergétique, et ce, afin d’éviter des pertes pour le pays qui peuvent se chiffrer à des dizaines de milliards de dollars. En plus des tensions géostratégiques sà nos frontières, devant l’inévitable tensions budgétaires, d’autant plus que le gouvernement se propose de relancer bon nombre de projets en dinars mais surtout un besoin de financement en devises, en espérant un attrait de l’investissement étranger sous réserve de lever les verrous bureaucratiques, s’impose l’accélération des réformes et sur le plan politique et social, une totale symbiose entre l’Etat et la population, cette dernière étant appelée à être mobilisée autour d’un large Front national. Il appartient aux partis politiques et aux segments de la société civile, qui doivent être éloignés des intérêts rentiers étroits, d’être proche des aspirations de la population, loin des communiqués sans impacts et des promesses et discours utopiques auxquels plus personne ne croit, car nous sommes à l’ère d’internet et des réseaux sociaux. L’Algérie a toutes les potentialités en faveur d’une croissance hors hydrocarbures, d’une cohésion sociale et afin d’être un pays pivot dans l’espace méditerranéen, africain, et au niveau des BRICS où l’Algérie a déposé sa candidature. Le classement de l’Algérie au niveau international entre 2021/2022 est honorable et en s’adaptant au mieux de ses intérêts au nouveau monde, c’ est un pays à fortes potentialités. Selon un rapport publié par FMI d’avril 2023 l’Algérie figure dans le Top 10 des pays arabes occupant la dixième place avec un PIB de 4.480 dollars par habitant, les autres pays étant l’Arabie saoudite, le Bahreïn, Sultanat d’Oman, la Libye, l’Irak ainsi que la Jordanie, le Qatar, premier grâce à un PIB de 83.890 dollars par habitant ainsi que les Émirats arabes unis (49.450 dollars) et le Koweït (33.650 dollars) et contrairement aux analyses de l’auteur s’en tenant à des indicateurs globaux de 2021, selon le FMI pour 2022, au Maghreb la Tunisie est au 11e rang avec un PIB de 4.070 dollars par habitant, tandis que le Maroc occupe la 12e place avec un PIB de 3.750 dollars. Pour l’Afrique selon le dernier rapport de la Banque mondiale avec un PIB à 193 milliards USD, l’Algérie figure dans le top 10 africain des économies les plus puissantes occupant la 4ème place du classement derrière le Nigeria première place avec un PIB de 510 milliards de dollars , l’Égypte (435 mds $) et l’Afrique du Sud (426 milliards de dollars)
En conclusion, chaque pays défend ses propres intérêts, car dans pratique des relations internationales et surtout économiques, n’existent pas de sentiments, mais que des intérêts et contrairement à certains discours de sinistrose ,où l’Algérie serait au bord de la faillite, l’Algérie connaît la stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des services de sécurité. Mais existant un lien dialectique entre sécurité et développement l’on doit être attentif aux impacts négatifs des nouvelles technologies (drones, cyberattaques- voir revue Djeich MDN avril/ mai 2023 , devant éviter également certains discours d’autosatisfaction déconnectés de la réalité, source de névrose collective. Étant à l’aube d’une profonde reconfiguration des relations internationales, les menaces et défis sont nouveaux du fait d’une révolution mondiale tant sur le plan militaire, économique, social et surtout culturel. Cela exige une nouvelle gouvernance fondée sur de profondes réformes structurelles, un État de droit basé sur le travail et l’intelligence, devant concilier l’efficacité économique et la justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte. La mobilisation citoyenne face aux tensions géostratégiques, est une question de sécurité nationale.
A.M.