En vue de parvenir à une solution politique au Niger: L’Algérie poursuit son offensive diplomatique

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L’Algérie, qui a toujours favorisé les solutions pacifiques aux conflits, poursuit ses efforts diplomatiques en vue de parvenir à un règlement à la situation qui prévaut au Niger à la suite du coup d’Etat opéré dans ce pays fin juillet dernier. C’est dans ce cadre que le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a été dépêché par le président de la République pour effectuer une tournée dans plusieurs pays de l’Afrique, plus particulièrement ceux de la Cédéao.

A ce titre, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger est un «objectif commun» de l’Algérie et de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui, tous deux, «sont actuellement dans le temps de la recherche d’une solution politique» à la crise nigérienne. «Nous sommes, au sein de la Cédéao comme en Algérie, sur une même ligne de travail celle de coordonner au maximum nos efforts pour aboutir à la réalisation d’un objectif commun qui est la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger», a déclaré à la presse M. Attaf, en visite de travail au Bénin. «La Cédéao, tout comme l’Algérie, travaille à promouvoir la solution pacifique à la crise au Niger», a ajouté M. Attaf, tout en réaffirmant «avec force que la crise au Niger est une crise conséquente à un changement anticonstitutionnel» et qui est «au centre des préoccupations de la Cédéao et aussi de celles de l’Algérie». M. Attaf a, en outre, réaffirmé que l’Algérie «a été systématiquement contre les interventions (militaires) étrangères partout où elles se sont produites», rappelant les conséquences désastreuses des interventions militaires en Irak, en Syrie et en Libye. Pour l’Algérie, le recours à la force «a toujours été un élément de complication et non pas un élément de solution», a-t-il poursuivi dans ce sens. Il a rappelé également dans ce contexte que le principe de refus des changements anticonstitutionnels «tient particulièrement à cœur à l’Algérie puisque c’est au sommet africain d’Alger de 1999 que cette norme a été posée», donc, a-t-il dit, l’«Algérie se considère d’une certaine manière comme le dépositaire politique et moral de cette norme». Pour sa part, le ministre béninois des Affaires étrangères, Adjadi Bakari Olushegun, a souligné «la convergence des points de vue entre l’Algérie et la Cédéao et donc par ricochet entre l’Algérie et le Bénin», à propos de la crise nigérienne. «Nous partageons cet attachement à la conquête du pouvoir par les urnes et non pas par les armes», a-t-il souligné avant d’ajouter dans le même contexte: «Nous partageons aussi le fait qu’on ne peut pas laisser prospérer dans la région des régimes militaires non constitutionnels». Donc, a-t-il poursuivi, «nous allons travailler ensemble pour que les objectifs fixés par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Patrice Talon (du Benin) puissent se matérialiser le plus rapidement possible concernant le Niger». Les derniers développements intervenus dans le pays voisin du Niger et les menaces qui pèsent sur la région ont fait réagir l’Algérie qui a tenu, par la voix de ses hauts plus responsables, à mettre en garde contre une éventuelle intervention militaire dont les conséquences pourraient être désastreuses sur tous les pays de cette région. L’Algérie qui a toujours privilégié la voix du dialogue et de la concertation pour le règlement des crises et des conflits, vient, encore une fois, de réaffirmer cette position qui fait partie des principes cardinaux de sa diplomatie. En effet, il y a quelques jours, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait affirmé que ce qui se passe dans ce pays voisin menace directement la sécurité dans la région et que l’Algérie exprime son rejet total et catégorique de toute intervention militaire qui n’a jamais réglé aucun problème. «Aucune solution n’est envisageable au Niger sans la participation de l’Algérie, car concernée par ce qui se passe dans ce pays voisin», avait-il martelé, affichant la disposition de l’Algérie à aider les Nigériens à rétablir la légitimité constitutionnelle. De son côté, le général d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, a affirmé la disponibilité de l’armée à «répondre à toute menace susceptible de porter atteinte à la sécurité et à l’intégrité de notre pays». «Je tiens à souligner que nous serons toujours prêts à répondre à toute menace susceptible de porter atteinte à la sécurité et à l’intégrité de notre pays, quelles que soient sa nature et son ampleur, car il s’agit là de la responsabilité de sauvegarder le legs des valeureux martyrs et de garantir l’avenir des futures générations», a-t-il affirmé dans une allocution d’orientation prononcée lors d’une visite de travail et d’inspection à l’établissement de rénovation et de maintenance des armes et des systèmes électroniques à la 1e Région militaire. «C’est seulement ainsi que nous serons à la hauteur des aspirations de notre nation pour la stabilité, la sécurité et le progrès et à la hauteur des hauts faits de nos prédécesseurs qui ont consenti le sacrifice suprême pour la souveraineté, la fierté et la grandeur du pays», a-t-il indiqué. Le chef d’état-major de l’ANP a souligné, en outre, que le renforcement des capacités de défense nationale, ainsi que la modernisation et le développement des composantes des Forces armées sont «les principaux fondements de la stratégie de l’ANP pour faire face aux éventuels défis et dangers». «Le renforcement de nos capacités de défense nationale, ainsi que la modernisation et le développement des composantes de nos Forces armées sont les principaux fondements sur lesquels nous construisons, au sein de l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, sous les orientations de Monsieur Abdelmadjid Tebboune, président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, notre stratégie visionnaire qui tient compte des complications et des contextes sécuritaires à l’échelle mondiale et régionale, notamment les menaces chroniques et multiforme qui ont considérablement augmenté ces dernières années, à l’instar du terrorisme, du crime organisé transfrontalier, de la contrebande et du narcotrafic», a-t-il expliqué.

Il a estimé, à ce titre, que «notre vaillante armée a réussi, avec habileté, à faire face à ces menaces, grâce à la pertinence de l’approche sécuritaire nationale adoptée, basée sur la perception profonde des défis à relever, l’état-prêt et la veille permanente, mais aussi grâce au ralliement du peuple algérien à ses forces de sécurité et à ses fidèles enfants qui sont pleinement conscients des nouveaux enjeux et de l’ampleur des efforts devant être déployés pour y faire face».

Ceci intervient alors que de nouveaux défis sécuritaires se profilent à l’horizon avec notamment la situation d’instabilité qui prévaut dans les pays voisins et les menaces d’une intervention militaire étrangère au Niger. Pour de nombreux observateurs, le ciblage de l’Algérie, au regard de tous ses éléments de force, est à inscrire dans le modus operandi de groupes tendancieux, internes et externes, pour la fragiliser à travers ses frontières, protégées par l’ANP, d’autant qu’elles sont devenues des foyers de tension, en particulier à l’Ouest avec la présence de l’entité sioniste, ajoutant que cette présence constitue le plus grand danger au vu des positions de l’Algérie. Le contexte actuel est très compliqué suite aux conditions difficiles que traverse la région. Cela impose une vigilance permanente et un déploiement rigoureux et exige des éléments de l’ANP d’être omniprésents et sur tous les fronts à l’intérieur du pays pour faire face aux groupuscules terroristes résiduels ainsi que sur la bande frontalière. Le président de la République, faut-il le rappeler, avait affirmé à maintes reprises, qu’avec l’appui de notre Armée nationale populaire et avec une volonté inébranlable, l’Algérie occupe la place qui lui sied, sur les plans régional et international. Il avait affirmé récemment que sa plus grande préoccupation actuellement était de parachever la concrétisation des 54 engagements pris devant le peuple algérien. Le chef de l’Etat avait rappelé son souci d’opérer les réformes promises au peuple algérien à la vitesse qu’il juge nécessaire pour changer la situation, reconnaissant que le rythme avec lequel il avance peut parfois dépasser certains départements ministériels qui prennent du temps pour s’adapter. Passant en revue les réalisations de ces trois dernières années, le chef de l’Etat a cité la Constitution qui a «changé beaucoup de choses», à l’instar de la moralisation de la vie publique et la valorisation du rôle du mouvement associatif et de la jeunesse, soutenant que cette démarche avait permis au «train qui pendant 30 ans était à la dérive de revenir sur la bonne voie». Le Président Tebboune a réaffirmé, à cet égard, la détermination de l’Etat à poursuivre la lutte contre la corruption, notamment en ce qui à trait au recouvrement des fonds pillés et détournés, annonçant que 20 milliards de dollars avaient déjà été recouvrés à l’intérieur du pays. Concernant certaines propositions relatives à des mesures de grâce au profit des auteurs de dilapidation et de détournement des deniers publics, M. Tebboune a dit rejeter cette idée qui s’oppose aux principes «de la morale et de la loi». Il a également affirmé rejeter toutes les disparités entre les composantes du peuple, estimant que l’Algérie était au bord du gouffre et qu’il fallait régler la situation, raison pour laquelle il a décidé de commencer avec l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens. Dans ce contexte, il a réaffirmé son engagement à poursuivre l’augmentation des salaires des travailleurs et à prendre les mesures nécessaires, l’année prochaine, pour assurer une vie décente aux citoyens, tout en veillant à la régulation des prix, du taux d’inflation, et au renforcement de la production nationale. Il a insisté, en outre, sur la nécessaire généralisation de la numérisation qui deviendra un jour une réalité. Concernant les fonds circulant sur le marché parallèle, il a relevé qu’aucun chiffre n’existe sur le véritable montant de ces fonds, estimant que le plus important était d’éradiquer ce phénomène et de faire bénéficier l’économie nationale de ces fonds à travers la création de la richesse et des emplois. Il a indiqué, à ce sujet, que l’Algérie fournissait toutes les garanties pour capter les investissements directs étrangers (IDE) dans divers secteurs, ajoutant que la prochaine période verra la concrétisation de nombreux projets d’investissement. D’autre part, le président de la République n’a eu de cesse d’insister auprès du gouvernement sur la nécessité d’accorder un intérêt accru à la situation sociale du citoyen et veiller à l’amélioration de son pouvoir d’achat, tout en insistant sur le rôle du gouvernement dans la garantie de la disponibilité et de la stabilité des prix des produits alimentaires. En préconisant une vision réaliste et rationnelle qui préserve l’équilibre macro-financier de l’Etat, le président de la République aura prouvé, une fois de plus, tout l’intérêt qu’il accorde à la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, notamment les couches sociales les plus défavorisées. Il s’agit d’une vision prévoyant un allègement des charges inhérentes aux mesures prises par le gouvernement avec pour objectif de préserver le pouvoir d’achat et les acquis sociaux décidés par l’Etat en faveur des citoyens. Les dernières mesures prises en faveur de l’amélioration des conditions de vie des citoyens attestent que l’Etat est déterminé à faire de ce volet l’une de ses priorités, comme l’a si bien souligné le président de la République qui a été catégorique en ordonnant au gouvernement d’œuvrer constamment à l’amélioration des moyens de communication avec le citoyen dans tous les domaines et de placer ce point dans les priorités de l’action gouvernementale. Cette nouvelle approche de communication devrait permettre de prendre les décisions idoines et résoudre les problèmes et préoccupations du citoyen. Il s’agit d’une nouvelle orientation consistant à être constamment à l’écoute des citoyens et à se pencher, de manière sérieuse et effective, sur leurs doléances, un volet auquel le Président Tebboune a toujours accordé un intérêt particulier et en a fait une priorité absolue depuis son investiture à la tête de l’Etat. Ces engagements, qui sont prévus dans le programme du président Tebboune, vont constituer la pierre angulaire de l’action du gouvernement qui sera appelé à procéder au renforcement de la bonne gouvernance à travers la séparation du monde des affaires de la politique et une mise en place de mécanismes garantissant la probité des fonctionnaires publics, une réforme globale de la justice, de l’organisation territoriale et de la gestion de l’administration locale, ainsi que la consolidation du principe de la démocratie participative. Pendant ce temps, plusieurs partis politiques et organisations s’apprêtent à lancer à un large rassemblement national en vue d’édifier un front interne solide capable de défendre les intérêts suprêmes de la nation et préserver l’unité nationale, la souveraineté et la stabilité du pays contre toutes les menaces externes. Ce rassemblement qui sera lancé prochainement sous l’égide de partis représentés au sein du parlement, aura comme priorité, la mise en place de structures et d’instances au niveau national pour convaincre les citoyens du bien-fondé des principes qu’il doit défendre.

T. Benslimane