
Pour sa première sortie sur le terrain, le président de la République, Abbdelmadjid Tebboune, a procédé, hier, à l’inauguration de la 28e édition de la foire de la production nationale au Palais des expositions (Pins Martitimes), occasion pour lui de donner des orientations concernant la nouvelle approche qu’il compte entreprendre pour les prochaines années.
Tebboune a tenu, d’emblée, à rassurer les opérateurs économiques locaux, tout en appelant à soutenir la production nationale. Et en souhaitant également la fabrication d’une voiture 100% algérienne. Le président de la République qui s’est longuement attardé au niveau du stand abritant l’industrie militaire, s’est montré impressionné par la qualifié des produits exposés. Il a invité, par conséquent, les autres opérateurs économiques à s’imprégner du modèle militaire, considérant qu’il s’agit de la seule véritable industrie en Algérie. Au sujet de l’importation, le chef de l’Etat a déploré l’existence d’une importation anarchique qu’il faudrait stopper, soulignant la nécessité d’accorder la priorité à la production nationale qu’il faudrait booster et encourager à l’avenir. Cette foire qui s’inscrit en droite ligne avec les objectifs tracés, se veut une occasion de promouvoir et encourager la production nationale dans le cadre d’une stratégie commerciale tournée vers l’exportation.
Ainsi, près de 500 entreprises publiques et privées et grands groupes de secteurs économiques, notamment dans l’agroalimentaire, les industries manufacturières, l’énergie, chimie et pétrochimie, les industries électriques et électroniques, la mécanique, la sidérurgie et métallurgie, les services et les TIC, ainsi que les startup et les PME auront l’opportunité d’étaler leur savoir-faire et de mesurer la qualité de leurs produits. Tebboune s’était engagé à ouvrir de nombreux chantiers impératifs à l’édification de la «Nouvelle République» et à la satisfaction des «profondes aspirations» du peuple.
A travers son programme, Tebboune prône une nouvelle politique de développement hors hydrocarbures, la substitution des produits importés par d’autres locaux en vue de préserver les réserves de change, la promotion des start-up et le renforcement du rôle économique des collectivités locales dans le développement et la diversification de l’économie nationale. Une amélioration du climat des affaires, l’encouragement de l’investissement, notamment extérieur direct sont aussi prévus dans ce programme. Le chef de l’Etat avait, d’autre part, relevé que l’Algérie avait besoin en cette période délicate de classer ses priorités pour éviter des lendemains incertains, assurant que l’Etat « sera à l’écoute des aspirations profondes et légitimes de notre peuple au changement radical du mode de gouvernance et à l’avènement d’une nouvelle ère, fondée sur le respect des principes de la démocratie, de l’Etat de droit, de la justice sociale et Droits de l’Homme ». Il avait également souligné que la situation que traverse le pays «nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles de notre pays, réunir les conditions nécessaires à la relance de la croissance économique, au développement de notre pays et à la consolidation de sa place dans le concert des Nations». Dans l’objectif de lever ces défis, «nous devons dépasser, le plus vite possible, la situation politique actuelle pour entamer l’examen des questions essentielles pour le pays, à travers l’adoption d’une stratégie globale fondée sur une vision politique claire à même de rétablir la confiance du peuple en son Etat et assurer sa mobilisation (peuple) afin de garantir sa stabilité et son avenir», a-t-il estimé, soulignant que cette stratégie vise à «restaurer l’autorité de l’Etat, à travers la poursuite de la lutte contre la corruption, la politique d’impunité et les pratiques relatives à la distribution anarchique des recettes pétrolières». Il avait, en outre, mis l’accent sur l’impérative relance du développement économique à travers de grands projets et infrastructures de base, en sus de l’encouragement de l’investissement productif, la diversification du tissu industriel à travers la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et de l’activité économique créatrice de postes d’emploi. Dans cette perspective, Tebboune a souligné que l’Algérie avait besoin d’établir des priorités. Parmi les points figurant sur sa feuille de route, le président de la République a cité la lutte contre la corruption et l’esprit de distribution anarchique de la rente. Rappelant ses engagements contractés durant la campagne électorale, le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation. Le chef de l’Etat se fixe également pour priorité de moraliser la vie politique et de restituer la crédibilité aux institutions élues à travers la révision de la loi électorale, notamment les conditions relatives à l’éligibilité. Sur un autre chapitre, Tebboune devrait prendre des mesures d’urgence pour sauver les entreprises algériennes en difficulté et, dans cette optique plus précisément, il a été interpellé récemment par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) qui a mis l’accent sur la gravité de la crise économique qui s’est installée dans la plupart des filières en Algérie, notamment le BTPH, l’industrie pharmaceutique, les services, les TPE/PME. Selon lui, 60% du tissu économique algérien est sinistré avec plus de 650 000 emplois perdus dans les différents secteurs d’activités. Cette situation exige «un engagement de très haut niveau, rompre avec les pratiques du passé et écouter ce que la communauté d’affaires réclame », selon le FCE qui a invité le nouveau président à «porter un message d’espoir aux entreprises pour la préservation des postes d’emploi et le maintien du processus de création de richesse». Dans ce sens, il a plaidé pour des «actions courageuses destinées à réformer profondément l’ensemble de l’encadrement juridique de l’économie et à faciliter davantage l’acte d’investir, tout en associant les acteurs économiques dans la prise de décisions».
- Benslimane





