Il a enchaîné sans interruption deux à trois chansons et a gratifié le public de son registre le plus attendu, pour le plaisir de ses fans. La salle Boualem-Bessaieh a vibré dans la soirée de dimanche sous le timbre de la voix du monument de la chanson kabyle, Akli Yahyaten, qui garde toujours la forme et retrouve une seconde jeunesse sur scène.
Nombreux, très nombreux étaient ceux qui sont venus assister au concert offert par ce chantre de la chanson kabyle… Il a enchaîné sans interruption deux à trois chansons et a gratifié son public de son registre le plus attendu, pour le plaisir de ses fans. Akli Yahyaten, l’une des figures emblématiques de la chanson kabyle, notamment celle de l’exil et de la patrie tant aimée et chantée, a été l’hôte de l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaieh. Lui dont la notoriété n’est plus à prouver, il a tout de même tenu à marquer sa présence. Eh oui, même à 84 ans, il est toujours au meilleur de sa forme, du haut de son âge, quelques rides et quelques cheveux blancs dessinent son visage. L’artiste a offert un beau tableau de son répertoire musical le temps que ce concert a duré. Cette voix suave qui a bercé plusieurs générations réalise une extraordinaire prouesse artistique. Ses fans, qui se sont déplacés pour assister à son concert, n’ont pas été déçus. Ils ont tous étaient éblouis par les mémorables chansons d’Akli Yahiatène qui était accompagné de son orchestre, il s’est montré très géné- reux et répondait humblement à la demande de tous ces jeunes venus voir le maître en train de chanter Jahagh bezzaf damezyan. Cette célèbre chanson dans laquelle il raconte la mal-vie à laquelle il dû faire face tout jeune, l’exil, un sujet que Da Akli connaît sur le bout des doigts, étant lui-même passé par cette étape combien difficile dans la vie de tous ceux qui ont choisi de partir laissant derrière eux leur patrie, leurs femmes et leurs enfants. Une autre chanson que les fans d’Akli Yahyatène ont eu le plaisir d’écouter est Ya l’menfi. Cette chanson qui traite du même sujet que celle précitée a été, faut-il le rappeler, reprise par plusieurs autres chanteurs, dont Rachid Taha. En assistant au concert donné par ce pilier de la chanson kabyle, une impression vient à l’esprit : Akli Yahyatène ressemble à ses chansons. Cela dans la mesure où ses œuvres demeurent insaisissables et, de surcroît intactes en dépit du temps qui passe et malgré la houle qui souffle sur la chanson algérienne d’expression kabyle. Il faut, cependant, avouer que c’est grâce à ce grand chanteur et ses aînés que la chanson kabyle a résisté aux affres du temps. Par ailleurs, de toutes les chansons les plus chères aux fans d’Akli Yahyatène, Ya el menfi est la plus aimée, voire la plus répandue. Il l’a composée dans sa cellule, alors qu’il était emprisonné pour son activisme pro-FLN.
Le récital qu’Akli Yahyaten a présenté est une invite à la vie et à la nostalgie du temps qui passe. L’interprète de l’inoubliable El Menfi ou encore de Thamurtiw thamurth Idhurar, El Firak, Aminigh Awal Fahmith, Akham…, a gratifié l’assistance de son riche répertoire, composé de ses nombreuses chansons à l’accent aussi bien festif que nostalgique, des interprétations devenues éternelles tant elles se sont inscrites dans la durée pour leur caractère poétique et leur contenu sémantique, leurs mélodies et leurs paroles. Des chansons avec lesquelles Da Akli a enrichi le répertoire de la chanson algérienne, en particulier la chanson kabyle. Celui qui s’est initié, dans les années 1950, alors qu’il n’était qu’un jeune passionné de musique, un novice, à la chanson aux côtés des grandes voix de l’époque, à l’exemple de Slimane Azem, Zerrouki Allaoua ou encore Cheikh El Hasnaoui, a fait le bonheur de ses nombreux fans qui ont apprécié le riche et singulier répertoire qu’il leur a dédié. Il a jeté toute l’assistance de sa voix charismatique dans un flot de paroles chaudes rythmées par sa belle voix. L’ambiance était telle que le public s’est laissé emporter sur la cadence des airs entraînants caractérisant chacune des chansons de l’artiste. Il attribue à ses chansons une portée philosophique. Il faut dire qu’il a admirablement investi la scène, en donnant le meilleur de lui-même; il a interpré- té avec beaucoup d’émotion ses chansons qui jalonnent sa carrière et ont fait de lui une référence incontestable de la chanson kabyle tant il a su s’imposer au cours de son parcours artistique comme un grand artiste.