Elle sera présidée par M. Messahel: L’Algérie abritera une réunion de haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique

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L’Algérie abritera une réunion de Haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique, lundi et mardi prochain au Centre international des Conférences « Abdelatif Rahal ».

Cette rencontre, co-organisée par l’Algérie et l’Union africaine (UA), devrait regrouper les délégués des pays membres de l’UA, de l’Organisation des Nations unies (ONU), de l’Union européenne (UE) et d’autres organisations internationales et régionales activant dans la lutte contre le terrorisme et son financement.

Cette rencontre internationale verra aussi la participation des représentants des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU et du Canada. L’ouverture des travaux cette réunion sera présidée par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui avait annoncé en mars dernier la tenue de cette réunion à Alger. La tenue à Alger de cette réunion est « une décision qui a été prise en septembre 2014 par le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, et entérinée par un sommet » de l’Union africaine, avait indiqué M. Messahel. « Cette conférence est très importante dans le contexte actuel pour que nous ayons des positions africaines, essayer d’échanger nos vues autour des législations de nos pays, et d’identifier le rôle de nos institutions qui luttent contre le blanchiment d’argent et le trafic de tout genre », avait-il ajouté.

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a réitéré hier les principes de l’Algérie concernant la résolution politique et par la voie pacifique des conflits et crises régionales et internationales. Intervenant sur les ondes de la radio algérienne, Messahel a affirmé que l’Algérie ne s’impliquera jamais militairement dans les conflits des pays du Sahel, soulignant, toutefois, la priorité accordée pour la lutte antiterroriste dans la région.

« L’Algérie ne s’impliquera jamais militairement dans les conflits et tout le monde le sait. La lutte antiterroriste pour nous est une priorité dans les pays du Sahel Mali et Libye. Nous sommes les premiers concernés », a insisté Messahel pour qui « il y a mille manières d’accompagner nos frères Libyens et Maliens dans la lutte antiterroriste. Je prends le cas des pays du Sahel nous faisons beaucoup dans le renforcement des capacités notamment au Niger et au Mali », a-t-il poursuivi.

Le ministre des Affaires étrangères a, dans ce contexte, expliqué que l’Algérie apporte une aide logistique et humanitaire importante et « forme des troupes d’élite au Niger, au Mali ainsi que dans d’autres pays de la région, spéciales pour la lutte antiterroriste en territoire saharien ». « Nous avons consacré ces dix dernières années près de 100 millions de dollars dans l’aide et le support. L’Algérie apporte sa contribution. Il y va de la sécurité de l’Algérie bien évidemment pour préserver notre pays mais nous le faisons également par devoir de solidarité », a indiqué M. Messahel.

Le chef de la diplomatie algérienne qui a relevé l’importance de la question de lutte antiterroriste notamment avec le retour des combattants du groupe terroriste autoproclamé « Etat islamique » (EI/Daech) dans différents pays, a souligné que l’Algérie entourée de plusieurs zones de turbulence maintient à haut niveau sa vigilance. « Nous sommes un pays entouré de zones de turbulence, il est évident que notre armée se déploie sur le long de nos frontières et elle le fait bien pour défendre notre souveraineté et intégrité territoriale », a-t-il dit, rendant hommage au travail effectué par l’armée algérienne dans la protection du territoire national.

Evoquant la situation en Libye et au Mali, le ministre a dit que la question de lutte antiterroriste ne préoccupe pas seulement l’Algérie mais aussi tous les pays de la région et même la communauté internationale. Néanmoins, il a affirmé que la clé pour une sortie de crise est « entre les mains des Libyens en Libye et les Maliens au Mali », la communauté internationale peut être d’un support seulement. « Nous faisions des efforts pour le retour de paix et de la stabilité en Libye et au Mali. Moins on s’éloigne d’un Etat fort avec des institutions, d’un Etat juste, plus on ouvre la porte à la présence du terrorisme et le retour des combattants étrangers », a-t-il ajouté.

M. Messahel a, de ce fait, réitéré l’importance de la « solution politique », la considérant comme la seule pouvant préserver l’unité et l’intégrité territoriale de ces pays, tout en insistant sur la mise en place d’institutions fortes pour prendre en charge les problèmes de sécurité notamment avoir une armée unie. « Nous travaillons sur une solution politique qui préserverait l’unité et intégrité territoriale de la Libye et du Mali, qui permettrait également à ces pays de retrouver leur stabilité à travers des institutions fortes », a-t-il soutenu, appelant à la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issus du processus d’Alger, signé à Bamako en 2015.

Il est à rappeler que l’Algérie avait présenté, début de ce mois de décembre, par le biais du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, représentant du président de la République aux travaux de la 5ème sommet Afrique-Europe, tenu dans la capitale ivoirienne, un document sur son engagement dans la lutte contre le radicalisme violent et le terrorisme en Afrique.

Ce document a été proposé au lendemain de la désignation du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en mars dernier, comme coordonnateur africain de la lutte contre le terrorisme et le radicalisme violent en Afrique et du mémorandum proposé par le Chef de l’Etat lors du 29ème sommet africain à Addis Abbeba (Ethiopie), en juillet dernier L’Algérie a réitéré récemment sa détermination à poursuivre la lutte résolue contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la radicalisation, mais aussi contre le crime transnational organisé, le trafic de drogues et la traite des personnes.

L’Algérie a également réitéré sa détermination à « poursuivre la lutte résolue contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la radicalisation, mais aussi contre le crime transnational organisé, le trafic de drogues et la traite des personnes qui sont interdépendants et s’alimentent mutuellement », tout en affirmant qu’elle s’est également attaquée aux causes de ces fléaux « contribuant ainsi à la stabilisation de la région ».

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a présenté dernièrement à Rome l’approche de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et son expérience dans le domaine de la déradicalisation, soulignant que dans le contexte régional actuel, « le terrorisme continue de représenter l’une des menaces les plus graves à la sécurité d’un nombre croissant de pays », ajoutant que « malgré la défaite en cours de Daech qui constitue un progrès important, elle reste, cependant, une victoire partielle dans la lutte globale contre ce fléau, qui se renforce malheureusement dans de nombreuses autres parties du monde ».

« La contribution de l’Algérie souligne, en premier lieu, qu’une défaite militaire de Daech ne signifie pas sa défaite totale et sa disparition, car ses cellules à travers le monde vont survivre à la perte des territoires et représenteront autant de sources de menaces qui appellent à une coopération bilatérale, régionale et internationale plus structurée, mieux affirmée et prenant en considération les préoccupations sécuritaires de tous les pays et de toutes les régions du monde », a-t-il précisé. Il a rappelé, à cet égard, que l’Algérie « ne ménagera aucun effort dans cette voie pour sa propre sécurité et pour que d’autres peuples ne connaissent pas les horreurs que le terrorisme avait imposées à son propre peuple dans les années quatre-vingt-dix ».

En deuxième lieu, « la contribution algérienne souligne que cette organisation terroriste a beaucoup recruté à travers le monde des dizaines de milliers de jeunes originaires d’une centaine de pays ». Sur cette question, M. Messahel a indiqué qu’ »un nombre important d’entre eux reprend aujourd’hui le chemin du retour vers le pays d’origine ou vers d’autres zones de conflits », en rappelant que l’Algérie, « pour avoir connu et souffert du phénomène du retour de ce qu’on appelait alors les Afghans, elle mesure la gravité de la menace dont ces criminels sont porteurs de par leur formation idéologique et expérience militaire ». Il a, en outre, indiqué que l’Algérie, « bien qu’elle n’ait enregistré qu’un nombre très réduit de combattants terroristes étrangers, elle a pris des mesures pour sécuriser son territoire et ses frontières.

Elle demeure cependant vigilante et fortement préoccupée par ce fléau qui représente une menace sérieuse dans son voisinage immédiat, par ailleurs hautement exposé à cette même menace ». Dans un troisième temps, la contribution algérienne souligne « les limites de l’architecture internationale mise en place pour tarir les sources de financement des différents groupes terroristes, face à l’ingéniosité des groupes terroristes à trouver de nouvelles sources de financement, face à l’expérience de Daech dans le contrôle des territoires et des ressources et face aussi à la forte connexion du terrorisme avec le crime organisé transnational ». A cet égard, M. Messahel a souligné que « tant que le terrorisme aura accès aux ressources financières, il persévérera dans son œuvre destructrice, d’où l’urgence pour la communauté internationale de reprendre ce dossier avec une approche plus ciblée sur les défaillances relevées ».

En quatrième position, la contribution de l’Algérie inscrit « l’usage d’internet qui reste largement accessible aux groupes terroristes, dont les activités glissent de plus en plus vers les plateformes cryptées et le Darknet, échappant ainsi davantage à la surveillance des Etats. La timidité de l’engagement de l’industrie des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans cette guerre collective contre l’hydre terroriste appelle à des régulations plus appropriées de la part des Etats et de la communauté internationale en général ».

A ce propos, M. Messahel a indiqué que l’Algérie « reste convaincue de la nécessité de la mise en place sous l’égide des Nations Unies d’une Charte consensuelle qui met internet hors de la portée de l’activisme terroriste et lui garde sa particularité de précieux instrument universel de libre communication, de rapprochement, de dialogue et de partage entre les individus et les peuples ».

 Il a, enfin, souligné que « la lutte contre le terrorisme dans cette phase post-Daech doit garder toute sa vigueur et s’attaquer en permanence à ses causes, parmi lesquelles les interventions militaires étrangères en violation de la légalité internationale et qui sont génératrices de chaos, l’islamophobie qui s’est développée dans un nombre croissant de pays et la radicalisation ».