Le cours officiel du dinar (cours achat) en 1970, a été de 4,94 dinars un dollar, en 1980 à 5,03 dinars un dollar ; – 2001 : 77,26 dinars un dollar et 69,20 dinars un euro– 2020 : 128,31 dinars un dollar -; en 2022 140, 24 pour un dollar et 139,30, un dinar pour 1 euro, et le 10 août 2024 l’euro s’échange à 134,49 dinars un dollar et 146.83 un euro, la dépréciation officielle du dinar permettant d’augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d’hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens, montant accentué par la taxe douanière s’appliquant à la valeur du dinar, supportée, en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité.
Quant au dinar sur le marché parallèle, toujours pour fin juillet début août cours achat 239 dinars un euro et cours vente 241 dinars et pour le dollar cours achat 220 et cours vente 222 dinars soit un écart qui est passé en 10 ans de 33% à plus de 60% favorisant les délits d’initiés lors des importations et le trafic aux frontières
3.- Qu’en est -il des prévisions des exportations hors hydrocarbures 2025/2030 ?
Selon les données officielles de la banque d’Algérie (source APS) les exportations en 2023 ont été 50,4 milliards de dollars d’hydrocarbures (contre 59,7 milliards en 2022), soit une « baisse de 16,9 % et les exportations hors hydrocarbures ayant baissé de 15%, passant de 5,9 milliards en 2022 à 5,05 milliards de dollars pendant l’exercice 2023 et les importations, elles ont enregistré un bond de 10,5%, passant de 38,757 milliards de dollars à fin décembre 2022 à 42,842 milliards de dollars à la même période de 2023 Pour 2022, les statistiques douanières reproduite par l’agence APS contredisent ces données donnant au total 6,55 milliards de dollars et non 5,9 milliards de dollars , ventilés ainsi :en millions de dollars : chimie pétrochimie et dérivées d’’hydrocarbures 4248,09 millions de dinars- médicaments et produits pharmaceutiques 3,61, matériaux de construction, ciment et rond à béton 1017,43- métallurgie sidérurgie 423,40- plastique, caoutchouc-verre 172,00- autres secteurs industriels 415,12- produits agro- alimentaires 149,69- produits agricoles 103,68 millions de dinars donnant un total de 6533,02 millions de dollars Si l’on inclut le ciment, le rond à béton, dominants dans les matériaux de construction, les exportations étant des semi-produits à faible valeur ajoutée et bénéficiant d’importantes subventions (dont le prix du gaz à environ 10/20% du prix international), nous avons un taux de 80,60% ; restant aux autres produits 19,40% alors que certains soi disant experts organiques, selon l’expression du philosophe italien Gramsci induisant en erreur le président de la république et les plus hautes autorités du pays ont avancé sans analyses sérieuses 10/13 milliards de dollars entre 2024/2025 ( données reprises par l’APS) , et certains responsables , sans dire comment , annoncent 30 milliards de dollars entre 2029/2030., soit au prix constant 2023 plus de 50% des entrées en devises des hydrocarbures de 2023 Car , pour bien situer les enjeux des exportations hors hydrocarbures dans le temps et non se fier aux facteurs conjoncturels, il faudrait pour un bilan serein en dressant la balance devises nette et donc répondre aux questions fondamentales suivantes. Quelle est la part des entreprises publiques et privées et leurs formes d’organisation, entreprises par actions, SARL ou unités uni personnelles ; la répartition spatiale par zones géostrophiques, en mentionnant le chiffre d’affaires, la structure des coûts; mettre en place des tableaux comptables de prospectives physico-financiers, afin d’ analyser les évolutions des exportations en volume et en sur une longue période pour corriger l’effet prix ; le taux d’intégration des unités exportatrices devant retirer toute les matières premières et services importées en devises qui ont un impact sur la balance des paiements et enfin quantifier toutes les subventions dont les bonifications des taux d’intérêt et pour les unités fortes consommatrices d’énergie, aligner le prix du gaz sur celui du prix international pour calculer leur rentabilité réelle dans un cadre concurrentiel mondial. Pour atteindre entre 10/15 milliards de dollars entre 2028/ 2030, il faut être réaliste, en référence à la structure des prix de 2024, il faudra augmenter le volume de près de 40%, nécessitant de profondes réformes structurelles, la concurrence étant vivace au niveau mondial, car les exportations hors hydrocarbures supposent des entreprises publiques et privées concurrentielles dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux alors que selon le registre de commerce bilan 2022, 90% des entreprises industrielles, souvent à gestion familiale, peu de sociétés privées par actions, sont des unités unipersonnelles et des petites SARL ne maitrisant pas les nouvelles technologies donc eu concurrentielles mais avec cependant l’émergence récente de nouveau manageurs privés mais étant pour l’instant marginaux . Aussi, l’objectif de 10/13 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures durant la période /2028/2030, sera fondamentalement tributaire des dérivées d’hydrocarbures, d’où l’importance d’encourager la pétrochimie dont le grand projet de la raffinerie de Hassi Messaoud qui accuse un retard.
4.- Le constat: Des prévisions dépendantes du cours des hydrocarbures brut, de ses dérivés , d’une bonne gouvernance et d’un renouveau de la politique socio-économique
D’une manière générale, en étant réaliste, la transition d’une économie de rente à une économie diversifiée hors rente dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments mais que des intérêts suppose, une nouvelle gouvernance et une réorientation de l’actuelle politique socio-économique. Il faut éviter de vendre des utopies : il existe une différence entre un contrat définitif et des lettres d’intention qui n’engagent pas l’investisseur, et entre l’idée d’un projet et sa réalisation, selon son importance, qui est fonction de la levée des contraintes bureaucratiques et qui demande entre 2/4 ans et entre la durée de sa mise en exploitation et son seuil de rentabilité, pour les PMI/PME 2 à 3 ans et pour les projets hautement capitalistiques entre 5/7 ans. Pour ne citer que quelques projets structurants, cela sera pour le cas du fer de Gara Djebilet 3eme réservoir mondial, mais devant résoudre des problèmes techniques et le transport et descendre à l’aval pour des produits dont l’acier à forte valeur ajoutée mais nécessitant d’importants investissements, étant prévu seulement fin 2026 l’opérationnalité de la ligne de chemin de fer-Gara Djebilet- Tindouf Béchar, idem pour les projets de zinc et de phosphate toujours en négociation dont la vente du produit brut procure juste un profit moyen . Le seuil de rentabilité de ces projets est prévu entre 2029/2030, sous réserve que l’on respecte les délais et la maîtrise des coûts. Or, selon la majorité des institutions internationales, l’Algérie fortement dépendante entre 2025/2030 des hydrocarbures, ces objectifs dépendent de l’évolution de la quantité exportable, pétrole et gaz, et des prix des hydrocarbures , le cours durant mai à août 2024 fluctuant entre 80/77 dollars le Brent et entre 30/40 dollars le mégawattheure pour le gaz , prix fonction des tensions géostratégiques, de l’évolution de la croissance de l’économie mondiale et du nouveau modèle de consommation énergétique mondial s’orientant vers la transition énergétique. C’est dans ce cadre que le ministre algérien de l’Energie et des Mines et le PDG de Sonatrach ont annoncé courant mai 2024 que l’Algérie pourrait produire,( étant la sommation de la consommation intérieure et des exportations) dans les cinq prochaines années (2029/2030) , 200 milliards de mètres cubes gazeux dont 100 milliards de mètres cubes gazeux d’exportation , 80 pour la consommation intérieure et environ 20 qu’il faudra injecter dans les puits pour éviter leur dessèchement. En effet, les prévisions de Sonelgaz prévoient 80 milliards de mètres cubes gazeux pour la consommation intérieure du fait de la forte pression démographique en 2030 , plus de 50 millions d’habitants à cette date et bon nombre de secteurs nouveaux consommateurs d’énergie. Ces objectifs de 100 milliards d’exportation de gaz ( GN et GNL) , l’Algérie étant avant tout un pays gazier, 2400 milliards de mètres cubes gazeux de réserves pour le gaz traditionnel,, 19800 milliards pour le gaz de schiste, mais nécessitant un consensus social et la protection de l’environnement, et entre 10/12 milliards de barils de pétrole de réserves, sont réalisables sous réserve de grandes découvertes et d’ une nouvelle politique des subventions ciblées. Cependant attentions à une politique ne tenant pas compte de la réalité sociale avec de graves dérives sociales comme cela a été dans certains pays des émeutes contre la hausse des prix des carburants et du pain : le revenu moyen de l’Algérien est environ 20% de celui de l’européen, d’où la nécessité d’ appliquer le système des subventions au profit des régions, des catégories sociales à faibles revenus ainsi que transitoirement pour des segments inducteur de valeur ajoutée ( étude réalisée sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d’études américain Ernst & Young 8 volume 890 pages, MEM Alger, 2008-pour une nouvelle politique des carburants, dossier présenté dossier aux députés APN axée sur une politique des subventions ciblées pour les carburants). La nouvelle politique des carburants implique donc à l’avenir tant aux opérateurs économiques, aux institutions de l’Etat central et local et aux citoyens de rationaliser leur consommation, en vue d’économiser et permettre d’exporter vers les marchés extérieurs pour générer des devises au profit de l’économie nationale. Dans cette perspective Sonatrach dans le cadre du Mix énergétique entend axer sa politique sur la diminution des gaz torchés, la réduction de l’empreinte carbone, être un acteur efficace au sein de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, ainsi que de l’hydrogène vert bleu et blanc, rentrant dans le cadre d’une transition énergétique maîtrisée. . L’Algérie entend devenir un acteur majeur d’approvisionnement en énergie de l’ Europe( 2ème fournisseur avec 19% en 2023) et d‘autres marchés lointains en développant le GNL, , grâce à un partenariat gagnant – gagnant . Avec le développement des énergies renouvelables dont le solaire ( 3000 heures de soleil par an) . l’objectif est d’ atteindre 35/40% de la couverture des besoins intérieurs 2030/2035 avec une partie exportable de 10.000/11.000 MW ( source Ministère Énergie ) grâce aux interconnexions et concernant hydrogène vert et bleu 15% de la couverture des besoins de l’Europe horizon 2035, , un montant d’investissement entre 25/30 milliards de dollars ayant été dégagé par le gouvernement algérien. Sous réserve de l’attrait d’investissements étrangers porteurs, l’Algérie peut devenir un acteur majeur de l’approvisionnement de l’Europe en Énergie dans le cadre des négociations pour le lancement du raccordement électrique entre l’Algérie et les pays européens via la Méditerranée.
En conclusion, l’objectif stratégique est d’utiliser cette rente éphémère afin d’asseoir une économie diversifiée, un pays n’étant respecté ( exemple la Chine) en ce XXIème siècle, existant un lien dialectique entre sécurité et développement, que s’il a une économie forte, l’Algérie pouvant devenir un pays pivot et donc un acteur majeur de stabilité au sein des espaces méditerranéens et africains.
A.M