Education nationale: Le secteur aspire par tous les moyens à promouvoir l’enseignement des mathématiques

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Le directeur de l’Enseignement moyen au ministère de l’Education nationale, Mohamed Boudiaf, a affirmé que le secteur de l’Education nationale aspire par tous les moyens à promouvoir l’enseignement des mathématiques pour «faire aimer» cette matière aux élèves, soulignant que la méthode actuelle d’enseignement des maths est émaillée de lacunes et de dysfonctionnements.

La veille de la remise des prix aux lauréats du concours national des mathématiques, à l’occasion de la Journée internationale des mathématiques (14 mars),  Boudiaf a souligné que «les élèves détestent généralement les maths et pour cela nous tentons par tous les moyens de leur faire aimer cette matière dès le cycle primaire», qualifiant de «catastrophique» le mode d’enseignement actuel des maths. Il a ajouté, en outre, que «la faible orientation des élèves vers les mathématiques en tant que spécialité» était due au fait que ces derniers n’avaient pas eu une bonne base dans le cycle primaire» ce qui remet en cause la qualité d’enseignement de cette matière. Boudiaf a appelé, dans ce sens, «à reconsidérer la méthode d’enseignement des maths», arguant que «les enseignants des maths dans le cycle moyen n’ont pas reçu une formation poussée en mathématiques». En sus du problème d’encadrement, le responsable a cité «les nouveaux moyens de distraction technologiques» qui influent négativement sur l’assimilation des élèves qui pour la plupart souffrent «d’un manque de concentration», déplorant «le rôle passif» des parents qui cèdent désormais à tous les caprices de leurs enfants. L’intervenant est revenu, en outre, sur «le manque de considération» accordé par les parties officielles aux diplômés en mathématiques, ajoutant que ces derniers ne bénéficient «d’aucune distinction particulière». Pour le ministère de l’Education nationale «le désintéressement vis-à-vis de cette matière est désormais un phénomène en croissance qui devient inquiétant pour les responsables de l’Education», adressant dans ce sens une correspondance aux directeurs de l’Education des différentes wilayas et aux directeurs des CEM en particulier, les incitant à tracer un programme de sensibilisation à l’importance des maths, le cycle moyen étant une étape importance dans le parcours scolaire de chaque élève. Dans une correspondance portant le numéro 09 datée du 31 janvier dernier, le ministère a affirmé l’importance d’assurer une bonne qualité d’enseignement des mathématiques dans le respect des critères de précision et de cohérence, de manière à développer les aptitudes innées de l’apprenant. La correspondance a évoqué, en outre, certaines raisons derrière le désintéressement des élèves pour les mathématiques consistant principalement, à leur insouciance de l’importance des mathématiques dans la perception, la conscience et la résolution des problèmes outre la «mauvaise impression» qu’a la majorité des élèves concernant cette matière jugée «difficile et abstraite». L’accent a été également mis sur le «cumul» des difficultés à travers des années et qui n’ont pas été prises en charge «en temps réel» outre les «craintes inculquées» aux écoliers par quelques comportements et méthodes adoptés dans l’enseignements de cette matière.

De nouvelles mesures pour l’enseignement des mathématiques Le ministère de l’Education nationale tend à travers la même correspondance à la concrétisation d’une série de mesures «efficientes» pour faire connaître les aspects passionnels, créatifs et distrayants des mathématiques en mettant l’accent sur l’importance cognitive et intellectuelle de la matière qui contribue à l’apprentissage des différentes sciences, de la loi et de tous les domaines de la vie. Pour ce faire, le ministère recourra à l’organisation de compétitions entre les élèves du même groupe pédagogique mais aussi entre les groupes pédagogiques du même CEM tout en activant les clubs scientifiques et en encourageant la création de clubs «mathématiques» au niveau des CEM ce qui permettra de découvrir et de prendre en charge les compétences. Le même département a insisté, par ailleurs, sur l’évaluation de certains jeux et activités scientifiques pour que l’élève s’amuse en apprenant en guise de motivation, notamment, des élèves de la 1re et la 2e année moyennes pour changer «leur conviction quant à la difficulté des mathématiques dans l’objectif de leur permettre de développer des comportements positifs à l’égard de cette matière». Il a été également demandé, selon la correspondance, aux directeurs des centres d’orientation scolaire à travers tout le territoire national d’écouter les préoccupations des élèves en vue de s’enquérir de leur difficultés et mettre en avant le rôle des mathématiques dans les différents aspects de la vie et le développement de la croissance mentale et cognitive. D’après le ministère cette démarche, vise à apaiser toutes ces craintes auprès des élèves concernant cette matière en leur expliquant le volume horaire consacré à son enseignement et la progressivité des coefficients d’une année à une autre outre son importance dans l’orientation notamment pour les classes des 3e et 4e années moyennes. Pour sa part, le président de la Société mathématique d’Algérie, Rachid Bebbouchi, a affirmé que «l’enseignement des mathématiques en Algérie s’effectue encore de manière ancienne en se contentant de l’application des théories», ajoutant que «l’évaluation par compétences adoptée comme méthode d’enseignement n’a pas donné de résultats car les enseignants n’étaient pas prêts». Bebbouchi a souligné «l’impératif de faire aimer à l’apprenti cette discipline pour lui permettre de l’utiliser en tant qu’outil de modélisation de tous les aspects de la vie». Quant à la meilleure méthode d’enseigner les mathématiques en Algérie,  le Dr Bebbouchi a estimé que cette matière «n’est pas difficile mais il suffit juste de savoir comment faire ceci. Et c’est exactement ce que nous faisons au sein de notre association qui a lancé un concours au profit des élèves des établissements d’enseignement secondaire». Evoquant le niveau d’enseignement des mathématiques, le spécialiste a souligné que l’Algérie était en 2017 «pionnière» au niveau africain en cette spécialité où chaque doctorant était tenu de publier un article dans une revue prestigieuse pour pouvoir soutenir sa thèse, estimant, toutefois, que l’enseignement de cette matière «a commencé ces dernières années, à perdre son importance». Il cité, dans ce cadre, le volume de production scientifique nationale, rappelant que les mathématiques avaient occupé la 3e place en 2019 après l’architecture et l’informatique. «La recherche n’a jamais constitué vraiment une priorité pour tous les gouvernements algériens depuis l’indépendance», a-t-il regretté s’interrogeant sur le sort du projet de création d’un centre des mathématiques qui n’a pas vu le jour jusqu’à présent.

L’Algérie compte 65 laboratoires de recherches en mathématiques L’Algérie compte 65 laboratoires de recherche en mathématiques dont 9 laboratoires à l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB) de Bab Ezzouar (Alger), 5 revues spécialisées, indiquent des études menées par l’association. Les publications de l’Algérie au niveau international sont de l’ordre de 0.05% (0.013% en 2000), dont 0.32 pour les mathématiques tandis qu’au niveau africain ce taux a atteint 23% occupant ainsi la première place en Afrique. Dans le cadre de la Journée internationale des mathématiques célébrée le 14 mars de chaque année, le ministère de l’Education nationale a organisé, février dernier, un concours national de mathématiques auquel 750 élèves des trois cycles d’enseignement ont participé. Placé sur le slogan «Mathématiques, pour un monde meilleur», ce concours concerne les élèves devant passer les examens nationaux (fin de cycle primaire, BEM et baccalauréat) ayant obtenu, en 2020, une moyenne de 10/10 en mathématiques pour le cycle primaire, une moyenne égale ou supérieure à 18/20 pour le cycle moyen et une moyenne égale ou supérieure à 16/20 pour les candidats de la filière des sciences expérimentales. Les trois lauréats (un de chacun des paliers d’enseignement) seront récompensés aujourd’hui avec l’éventualité pour ces lauréats de représenter l’Algérie dans la prochaine Olympiade internationale de mathématiques (IMO en anglais).

Ali B.