Education nationale: Benghabrit appelle les enseignants à reprendre le travail et menace les grévistes

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Photo Fatah Guidoum@L'Echo d'Algérie@

La ministre de l’Education Nouria Benghabrit, a lancé un appel, hier, aux enseignants grévistes pour reprendre le travail et à assurer la scolarité des élèves, tout en disant que cette question est liée principalement à «la morale, l’honnêteté et la responsabilité», trois fondements du métier de l’enseignant.

Invitée du Forum de la Radio, Benghabrit a souligné que la grève annoncée par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) est «illégale», est que ce syndicat «ne respecte pas le code du travail». Pour la ministre, la balle est dans le camp des enseignants grévistes. A cet effet, Benghabrit les exhorte à rejoindre les classes et mettre fin à cette grève qui privent les élèves de leurs cours, notamment, dans les wilayas de Béjaïa et Bouira. Benghabrit a invité ces enseignants à recourir «à la morale, à la conscience, au respect de la déontologie» et à ne pas tomber dans «les slogans et les mots d’ordre utilisés» par le Cnapeste avec «l’intention de donner plus d’élan à cette grève». Selon la ministre, des directeurs d’Education subissent «des pressions et des harcèlements» exercés par des syndicats qui demandent «leur départ». «Le rôle du syndicat est de nous informer et négocier, tandis que les mesures et les décisions sont l’affaire des responsables (ministère)», a dit la ministre ajoutant que le Cnapeste tente de donner une ampleur nationale aux revendications formulées au niveau de la wilaya de Béjaïa et Bouira. «Toutes les revendications réclamées par les syndicats, et relevant des compétences du ministère de l’Education, ont été satisfaites», a affirmé l’Invitée de la Radio. Elle annonce, à cet effet, que la procédure de licenciement des enseignants grévistes et des ponctions sur salaire ont été opé- rés. D’autre part, Benghabrit assure, que «les portes du dialogue sont et restent ouvertes». La ministre a souligné que le Droit de la grève est un droit constitutionnel qui s’applique en respectant la loi. Jugeant certaines revendications «d’illégitimes», Benghabrit a expliqué que la majorité des conflits que connaît le secteur sont des conflits «personnels», ce qui nous contraint à tirer la sonnette d’alarme. Et pour remédier à cette situation, la ministre propose la formation à la médiation. A une question sur les mesures prises pour rattraper les retards enregistrés au niveau des cours, notamment, les classes concernées par les examens de fin d’année, la ministre de l’Education nationale a indiqué que cette question est «une priorité» pour le département. «Cette situation n’est pas nouvelle pour nous, on a déjà connu des mouvements de grève et qui ont causé des retards dans les cours. Cela a changé maintenant. Le ministère est mobilisé pour assurer le rattrapage des cours», a indiqué la ministre appelant les enseignants à faire preuve d’honnêteté et de responsabilité. Et pour assurer le bon déroulement des examens de fin d’année, la ministre a rassuré que toute les conditions sont réunies ajoutant qu’une session de formation a été organisée en septembre dernier pour l’opération de préparation des sujets d’examen. Les épreuves du baccalauréat auront lieu du dimanche 3 au jeudi 5 juin 2018, l’examen du Brevet d’enseignement moyen (BEM) se déroulera du lundi 28 au mercredi 30 mai 2018, tandis que l’examen de fin de cycle primaire a été fixé au 23 mai 2018. La ministre a fait savoir que les conditions d’hébergement des inspecteurs ont connu également une amélioration. A la fin de son intervention, Benghabrit a réitéré son appel au dialogue pour «l’intérêt des élèves» et améliorer la qualité de l’école. «Cessons d’être des victimes, il faut que nous soyons tous des acteurs efficaces», a lancé la ministre sur les ondes de la Radio appelant toute la famille éducative à être solidaire pour pré- server l’intérêt des élèves. Selon elle, le secteur de l’Education est un secteur sensible qui a besoin de solidarité et sérénité.

Le Cnapeste plaide pour «un dialogue sérieux et effectif», les parents d’élèves inquiets

Les déclarations de la ministre de l’Education nationale, ont fait réagir le Cnapeste. Le porte-parole du syndicat, Messaoud Boudiba a indiqué, hier, dans une intervention à la Chaîne d’information Ennahar TV, que le ministère tutelle est «le principal responsable» de cette situation. Il «a souhaité que ces déclarations soient faites dans un espace de concertation et dialogue. Le Cnapeste a toujours préféré le dialogue et la négociation, a-t-il dit, on a demandé officiellement à la ministre d’organiser une audience de concertation effective pour parler de l’existence de cette désinformation dont elle parle», a-t-il ajouté. Revenant aux revendications émises par le syndicat, Boudiba a souligné qu’elles «sont légitimes» puisqu’elles «ressortent du champ socioprofessionnel des enseignants». Selon lui, douter de la légitimité de ces revendications, dévoile l’existence d’un «dysfonctionnement», et le syndicat maintient son recours à la grève «qui est un droit légitime», si ces demandes ne sont pas satisfaites. A défaut d’une solution, le climat social au sein de l’Education nationale reste marqué par des tensions. Cinq syndicats autonomes du secteur de l’Education national ont appelé à une grève nationale de deux jours, les 20 et 21 février en cours. Il s’agit du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), l’Union nationale des personnels de l’Education et de la formation (Unpef), le syndicat national des travailleurs de l’Education (Snte), le syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), et le syndicat du conseil des lycées d’Alger (Cela). Devant cette situation, les parents d’élèves s’inquiètent quant au sort de la scolarité de leurs enfants. Pour rappel, l’Association nationale des parents d’élèves (Anpe) a appelé récemment, à un dialogue «constructif» et «responsable» pour éviter l’irréparable. Dans un communiqué, l’Anpe proteste «énergiquement pour ces épisodes de grèves inutiles destructrices de la vie scolaire». Les parents d’élèves considèrent la grève comme une «fuite en avant, un complexe et un dérapage syndical», exprimant leur «désarrois» et leur «frustration» de voir l’avenir de leurs progénitures compromis.