Le ministre de l’Intérieur de l’Espagne a promis, hier, le déploiement de policiers au sud du pays, dans la région de Cadix, afin de lutter contre les narcotrafiquants qui ont récemment défié ouvertement les forces de l’ordre.
«Cette zone ne sera pas dominée par les narcotrafiquants. C’est une zone où l’État de droit règne et où tout type de délinquance sera combattu, en particulier cette délinquance à grande échelle qui est celle des narcotrafiquants», a déclaré le ministre Juan Ignacio Zoido à la presse lors d’une visite dans la municipalité de la Linea, un des hauts lieux du trafic de drogue de la région. Le maire de La Linea, Juan Franco, dénonce régulièrement la situation en termes de sécurité de cette ville de 65 000 habitants située à quelques kilomètres de l’enclave britannique de Gibraltar, où débarquent régulièrement des trafiquants en provenance du Maroc.
Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, 40% de la drogue entrant en Espagne arrive par la province de Cadix. Les trafiquants de cannabis, cocaïne ou d’autres produits de contrebande, y opèrent presque ouvertement et n’hésitent pas à s’en prendre à la police, qui se dit sous-équipée. Début février, une vingtaine de personnes avaient fait irruption dans un hôpital de Cadix, faisant évader un trafiquant de drogue présumé détenu par deux policiers, qui n’ont pu résister à l’assaut car ils étaient débordés.
Le ministre de l’Intérieur espagnol a souligné «l’importance des dispositifs (policiers) qui vont être déployés», tout en refusant de donner plus de détails pour ne pas en donner «d’avantage» aux trafiquants. Juan Ignacio Zoido a également expliqué l’importance de mesures «transversales», notamment pour lutter contre la déscolarisation et le chômage des jeunes dans ce qu’il dit être «l’une des zones avec le plus fort chômage de toute l’Andalousie».
Dimanche, la police avait annoncé la saisie de quatre tonnes de haschich dans la région du Champ de Gibraltar, aux abords de l’enclave britannique. 16 personnes ont été arrêtées dans ce cadre, a précisé le ministre. L’Espagne n’est pas le seul à se plaindre des problèmes liés à la drogue en provenance du Maroc. En janvier, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait affirmé que «le monde n’a pas besoin qu’on lui dise où se trouve le haschisch en Afrique du Nord, il ne nous vient pas d’Afghanistan, qui est trop loin de nous !», accusant ainsi le Maroc sans le citer. Le Premier ministre avait également dénoncé toutes les parties qui essaient d’inonder l’Algérie de haschisch et de cocaïne. «C’est une agression contre le peuple algérien et une tentative d’empoisonner la jeunesse algérienne (…) et c’est une ingratitude pour l’avenir des peuples maghrébins», avait-il déclaré. Samedi à Tlemcen, le secrétaire général du FLN Djamel Ould Abbès s’est exprimé sur la drogue «déversée» sur l’Algérie. «L’Algérie est visée par le biais de tonnes de drogue déversées à ses frontières», a accusé Djamel Ould Abbes en allusion au Maroc voisin. Selon ses propos repris par l’agence officielle, le patron du FLN a estimé que «ces stupéfiants sont plus assassines que les missiles ou les bombes».