Le tragique accident qui a secoué le pays, ce samedi, à la suite de la rupture d’une partie de la balustrade de la tribune supérieure du stade du 5-juillet, causant la mort de trois personnes et plus de 80 blessés dont une dizaine est toujours hospitalisée, devrait nous donner à réfléchir sur les multiples risques et dangers auxquels tout le monde est exposé lors des grandes manifestations sportives.
Tous les pays, et jusqu’à maintenant, y compris les plus développés, ont connu leur lot de tragédies dans ce domaine. Les plus anciens se souviennent certainement du drame du Heysel en Belgique en 1985, lors de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, l’ancêtre de la Ligue des champions actuelle, entre Liverpool et la Juventus, survenu à la suite d’affrontements entre supporters anglais et italiens entrainant la mort de 39 personnes et plus de 600 blessés. Celui d’Hillsborough à Sheffield (Angleterre) en 1989, lors de la demi-finale de FA Cup entre Liverpool et Nottingham Forrest où 97 supporters de Liverpool ont péri suite à un mouvement de foule et 766 autres ont été blessés. Il y en a eu d’autres à Lima au Pérou, à Moscou, à Accra, en France à Furiani, pour ne citer que les plus meurtriers. Chez nous, il y a eu déjà un drame similaire en 1982 au stade du 20-Août, lorsque le toit d’une tribune s’est effondré sur les spectateurs causant la mort de plusieurs dizaines de personnes et autant de blessés dont certains en gardent les séquelles jusqu’à présent. Il n’est pas dans notre intention ici de situer les responsabilités ou d’identifier les éventuels manquements et dysfonctionnements liés à l’infrastructure ou à l’organisation de cette funeste rencontre de football entre le MCA et le NC Magra. Les autorités compétentes se sont chargées de ce dossier en créant une commission d’enquête multi ministérielle qui aura pour mission de « déterminer les circonstances du tragique accident survenu samedi dernier dans l’enceinte du stade du 5-Juillet ». Il s’agit plutôt d’une réflexion sur la manière comment on doit appréhender et organiser ce genre d’événements à gros risques, tout en ayant appris de nos erreurs du passé. Le but est que ce genre de graves accidents ne se reproduise plus à l’avenir.
Il est important dans ce contexte de définir bien à l’avance et cibler les points dangereux susceptibles de causer des catastrophes. On ne laisse pas, par exemple, des supporters debout adossés à des balustrades qui pourraient céder au moindre mouvement de foule, comme ce fut malheureusement la cas ce samedi au 5-Juillet. Il faut savoir anticiper ce genre de risque et ne pas se laisser déborder par les supporters, quitte à réduire la contenance de nos stades pour pouvoir les canaliser. Il vaut mieux prévenir que guérir. La fermeture des enceintes vétustes est également une manière efficace de réduire le risque d’incidents ou des dépassements.
Il s’agit en somme de changer les mœurs et la culture des supporters pour encourager à moyen terme les familles à se rendre aux stades. L’Angleterre a réussi sa mue dans les années 90 pour se débarrasser une fois pour toutes des hooligans. Depuis, la Premier League est devenue le championnat le plus attractif au monde. On devrait s’en inspirer, d’autant que ça commence à bouger chez nous, comme on peut le constater au stade Hocine-Ait Ahmed de Tizi-Ouzou, devenu un modèle de fair-play où les spectateurs se sentent à l’aise et confortables.Chez nous, on a malheureusement oublié que le football est avant tout un spectacle, s’il perd cette notion primordiale, il n’a pas sa raison d’être.
Ali Nezlioui






