Dans un message à l’occasion de la célébration du double anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et de la nationalisation des hydrocarbures, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a appelé, hier, à une «conduite patriotique économique offensive» en vue de moderniser l’industrie locale et conforter les entreprises publiques et privées.
Dans ce sens, il a avancé que le principe de la préférence nationale «prévaudra rigoureusement dans les commandes publiques» de même que le gouvernement encouragera les produits nationaux à gagner en compétitivité et occuper une «place majeure» sur le marché national et à trouver une place dans les marchés internationaux. D’autre part, le chef de l’Etat a noté que la diversification de l’économie du pays devrait s’appuyer, de plus en plus, sur des activités plus intenses en technologie et à forte valeur ajoutée, qui devra induire un repeuplement industriel qualitatif et en phase avec les évolutions structurelles de l’industrie mondiale. Abordant les convulsions actuelles des marchés pétroliers qui frappent tous les pays producteurs, le Président a rappelé que les pouvoirs publics ont œuvré à renforcer la capacité de résilience de l’économie du pays en engageant une politique volontariste de désendettement. «Cette politique a porté ses fruits puisque nous sommes en mesure d’affronter cette crise avec sangfroid, avec détermination, tout en étant rassurés quant à nos marges de manœuvre en mesure de nous permettre de mener un plan d’action efficace de sortie de crise», a-t-il soutenu. S’agissant de la gestion financière, le Président a préconisé l’identification des niches d’économie et la rationalisation des dépenses tout en mettant l’accent sur la compétitivité, les gains de productivité et la rigueur dans cette gestion. Cependant, a-t-il insisté, cette quête d’une plus grande rigueur dans la gestion ne doit pas affecter les bas revenus ni sacrifier les principes de justice sociale et de solidarité nationale. La crise économique qui a perturbé les fondamentaux économiques mondiaux, par ses conséquences multidimensionnelles, «nous interpelle pour bien fixer notre choix des meilleurs voies et moyens de réaliser l’essor de notre économie», a affirmé le président de la République.
Il a avancé que le déséquilibre des marchés pétroliers et ses conséquences sur les équilibres macro-économiques du pays impliquent «la nécessité de sortir de la dépendance de notre économie des revenus des hydrocarbures et de nous atteler à diversifier nos sources de revenus en créant de la richesse». A ce propos, le chef de l’Etat a appelé à l’adaptation du pays au changement, et ce, en hissant l’économie, les entreprises et les universités aux standards mondiaux d’excellence et de compétitivité, mais «tout en restant fidèles à notre doctrine en matière de politique sociale et de solidarité nationale». Pour Bouteflika, «nous en avons les capacités, nous avons le potentiel requis et nous en avons l’ambition». Par ailleurs, le Président a exprimé la conviction que la puissance des Etats repose, désormais, sur la «faculté d’anticipation» conjuguée à la compétitivité de leurs économies nationales, elles-mêmes articulées autour de la recherche et développement. «Seuls survivent les meilleurs, ceux en mesure d’anticiper le futur, de s’organiser pour le conquérir», a-t-il fait valoir. Dans son message, il a avancé que le pays dispose des ressources suffisantes pour opérer une accélération décisive de son développement et réaliser son insertion active dans l’économie mondiale. Selon le Chef de l’Etat, la diversification et la compétitivité de l’économie constituent un impératif devenu «plus crucial» dans le contexte de crise pétrolière que le pays traverse. Le président de la République a affirmé, en outre, que la modernisation du tissu industriel doit passer par une action structurante à long terme qui permettrait de développer une économie souveraine et diversifiée.
«J’ai instruit le gouvernement pour prendre la mesure des enjeux et définir les grands axes d’une action structurante à long terme en vue de moderniser le tissu industriel pour le porter aux standards internationaux de compétitivité et d’excellence technologique», a soutenu le président de la République
Dans ce sens, il a considéré qu’il revient au gouvernement d’«agir en profondeur» sur la gouvernance économique des structures de l’Etat et des entreprises publiques, de créer les conditions de la cohérence des processus industriels. Pour le chef de l’Etat, le secteur public marchand doit jouer un «rôle moteur» dans cette dynamique, tout comme le secteur privé qui devra être encouragé et bénéficier d’incitations à investir et à innover. Il a aussi affirmé que la jeunesse algérienne «ne doit plus entrevoir son avenir à travers le prisme des variations des prix du pétrole». De surcroît, a-t-il fait valoir, «nous devons tirer les enseignements qui s’imposent et remettre en cause les distorsions structurelles de notre économie qui ont rendu possible notre exposition excessive à la crise qui a marqué les marchés pétroliers depuis 2014». Dans ce sillage, il a soutenu que l’Algérie ne doit plus se suffire d’être un simple exportateur d’hydrocarbures, mais fructifier son génie national afin de s’imposer comme un acteur économique performant et compétitif. «Ce faisant, nous réduirons notre vulnérabilité aux cycles imprévisibles des marchés pétroliers et ferons de la richesse, que sont les hydrocarbures, une chance réelle de développement pour notre pays», a-t-il insisté. Soulignant que l’Algérie est déjà un «acteur énergétique important», le Président Bouteflika a aussi relevé que l’industrie pétrochimique, qui est en train de prendre son élan, devra être encouragée davantage pour valoriser les hydrocarbures du pays. S’agissant des énergies renouvelables, il a avancé que l’ensoleillement naturel exceptionnel de l’Algérie autorise les plus hautes ambitions dans une «transition énergétique volontariste et visionnaire». A cet égard, il a souligné que l’ambitieux projet de réalisation de 22 gigawatts avec, notamment, des centrales solaires, devra être un projet structurant au plus haut point et doit reposer sur une composante industrielle à même de mettre pleinement à contribution le génie national et d’assurer la création de richesses et d’emplois. «Dans de nombreux domaines d’avenir, nous disposons de ressources qui nous qualifient pour accéder au cercle des leaders et devenir un acteur performant dans la transition énergétique. J’accorde une très grande importance à cet objectif et insiste pour que nous adoptions une attitude volontariste et visionnaire, mobilisant toutes nos entreprises et nos universités», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le chef de l’Etat a aussi mis en exergue le secteur de l’agriculture en tant que gisement important d’emplois et source d’amélioration de la sécurité alimentaire du pays. «Nous célébrons, en ce même 24 Février, l’anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens en 1956 et celui de la nationalisation des hydrocarbures en 1971.
«Il s’agit là de deux dates d’une grande portée symbolique», a souligné le chef de l’Etat
«Nous les commémorons, chaque année, pour galvaniser notre détermination à relever les défis d’aujourd’hui et à construire l’Algérie de demain», a ajouté le Président Bouteflika, précisant que «ces deux accomplissements historiques sont porteurs d’une leçon qui doit guider notre conduite quotidienne, car ils ont été la traduction concrète de la capacité du peuple algérien de se surpasser chaque fois qu’il s’engage pour un but déterminant pour son destin». «Le but de leur commémoration est aussi d’inspirer notre jeunesse et de lui insuffler l’ambition de s’investir corps et âme dans l’œuvre d’édification nationale», a-t-il poursuivi. Pour le chef de l’Etat, «le combat héroïque des travailleurs pour la libération de la patrie du colonialisme et leur courageuse mobilisation qui a permis de gagner le pari de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 Février, ont été prolongés par les sacrifices consentis par les travailleuses et les travailleurs algériens durant la décennie noire pour défendre l’outil de production et permettre la survie de notre économie face au déchaînement de la violence terroriste. Ce faisant, ils ont démontré qu’ils sont et demeurent les dignes dépositaires du legs des héros du mouvement ouvrier national, de Aïssat Idir à Abdelhak Benhamouda». Le Président Bouteflika a tenu à rendre hommage «aussi bien aux femmes et aux hommes de Novembre, ces travailleurs qui ont permis l’espoir et ouvert des perspectives nouvelles à notre pays, ainsi qu’à celles et ceux qui ont défié la violence terroriste et donné leur vie, pour permettre à notre pays de survivre, de sortir de son épreuve».
A cette occasion, le chef de l’Etat a appelé «les travailleuses et les travailleurs et particulièrement notre jeunesse à se mobiliser, plus que jamais, pour relancer notre économie, construire l’Algérie forte qui offrira à tous ses enfants les conditions de vie et de travail souhaitables pour tous»
Par ailleurs, le Président Bouteflika a affirmé que le développement «n’a de sens que s’il vise à améliorer les conditions de vie des citoyens à travers l’ensemble du territoire national, notamment les créateurs de richesse, c’est-à-dire les travailleurs dans toute leur diversité». «L’étendue de notre territoire, qui est un avantage certain, nous impose une politique de développement inventive, soucieuse de justice sociale qu’il nous revient aujourd’hui de mener dans une situation exceptionnelle où la diversification de notre économie, dans un contexte de crise, impose rigueur et moralisation de la gouvernance», a-t-il expliqué, assurant qu’il accordait une «grande attention» à ces questions «stratégiques». En outre, le président de la République a encouragé les travailleurs «à veiller à ce que la défense légitime et vigilante de leurs droits aille de pair avec l’observation effective et régulière de leurs devoirs et obligations, dans cette phase si cruciale du développement national».