Se situant dans un environnement géopolitique aujourd’hui malheureusement fortement instable, l’Algérie enregistre depuis quelques années déjà une forte progression des activités liées à la criminalité transnationale organisée. Il s’agit, notamment du développement du trafic illicite de stupéfiants, de la contrebande et de l’immigration illégale», déclarait le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel lors de la 8e rencontre internationale des hauts responsables des questions de sécurité, précisant que cette criminalité représentait 13% de la criminalité globale traitée, en 2015.
Evoquant le trafic des stupéfiants, il a indiqué qu’il avait connu une «croissance notable entre 2010 et 2015, avec la saisie de 465 tonnes de cannabis provenant en totalité de la frontière Ouest». «Le phénomène montre que l’Algérie demeure une région de transit de résine de cannabis acheminée par les organisations criminelles via la zone du Sahel vers les destinations finales, essentiellement l’Europe et le MoyenOrient».
S’agissant des drogues dures (cocaïne et héroïne), Messahel a fait remarquer que leur apparition en Algérie «constitue un indicateur révélateur d’une nouvelle menace sur notre pays, au regard de sa position géostratégique et de la connexion entre les routes de la cocaïne en provenance de l’Amérique Latine, de l’héroïne en provenance de l’Afghanistan et du cannabis en provenance de la frontière Ouest à destination de l’Europe». Concernant les flux de migration illégale, le ministre a noté que «l’Algérie, de pays d’origine et de transit, est devenue aujourd’hui un pays de destination pour des milliers de ressortissants de pays africains, principalement limitrophes, et de réfugiés syriens fuyant la guerre qui ravage leur pays». «Cette immigration a connu une augmentation significative depuis 2011 en raison des conflits survenus au Mali et en Libye, mais aussi dans toute la bande sahélo-saharienne du fait de l’aggravation de la menace terroriste provoquée par Boko Haram et les autres groupes terroristes, ainsi que par la persistance de la pauvreté et les bouleversements environnementaux dus, notamment à la sècheresse», a-t-il expliqué.
Il a souligné que cette immigration «est fortement exploitée par la criminalité transnationale organisée à travers le développement de réseaux de passeurs opérant le long de différentes routes migratoires, engendrant pour le pays le développement de diverses activités criminelles et l’insécurité».
Des milliers d’arrestations
Selon les investigations menées par les services concernés, 13 061 individus ont été impliqués dans des affaires liées à la drogue (+0,04%), dont 60 étrangers, selon le même bilan qui fait état de 245 personnes en fuite. Les données de l’ONLDT révèlent également que parmi les personnes impliquées, 2712 sont des narcotrafiquants alors que 7018 sont des usagers de résine de cannabis et 1600 sont des narcotrafiquants de substances psychotropes et 1619 en sont des consommateurs. S’agissant du trafic des drogues dures, il concerne 44 narcotrafiquants et 16 usagers de cocaïne et 29 narcotrafiquants et 15 usagers d’héroïne. Durant les quatre premiers mois de l’année en cours, 10 489 affaires ont été traitées liées à la drogue contre 10 015 à la même période de l’année 2016, soit une augmentation de 4,73%. Sur les 10 489 affaires traitées, 2657 sont liées au trafic de drogue, 7823 autres relatives à la détention et à l’usage de drogue et 9 liées à la culture de cannabis, conclut la même source.
Pour faire face à ces défis, le ministre a rappelé les mesures prises par l’Algérie, citant, notamment le renforcement de l’arsenal législatif et sa mise en conformité avec les normes internationales à travers l’adhésion aux principaux instruments internationaux en la matière et le renforcement et l’adaptation des dispositifs de contrôle et de surveillance aux frontières, y compris maritimes. Le ministre a également cité le développement et la modernisation des institutions de formation, notamment avec la création de l’Ecole de police judiciaire de la Gendarmerie nationale et la création d’un nouveau pôle scientifique et technique constitué de l’Institut national de criminalistique et de criminologie, du centre de recherche et de développement et de la division de documentation et juridique.