Création de l’Académie de la langue tamazight / Hadjar : « L’Algérie vit un moment historique à travers la consécration de l’article 4 de la Constitution »

0
1316

Pour l’Académie de langue tamazight, une seule exigence : ses membres ne seront pas choisis « sur une base régionaliste et idéologique.

Son fondement est purement scientifique », a déclaré mercredi le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Tahar Hadjar. « L’Algérie vit un moment historique à travers la consécration de l’article 4 de la Constitution portant création de l’Académie algérienne de la langue amazighe » a affirmé, mardi, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Lors de la présentation du projet de loi organique y afférent au Conseil de la Nation lors d’une séance plénière présidée par Abdelkader Bensalah , Tahar Hadjar a indiqué que la majorité des interventions se sont accordées à dire que la nouvelle instance constitue «  une valeur ajoutée devant solutionner une ancienne problématique sociétale , à savoir la question amazighe ». Selon lui, « le texte a pour but de préserver les composantes de notre identité nationale à savoir l’islamité, l’arabité et l’amazighité ». Hadjar a relevé que le projet n’a fait objet d’aucune critique. « Cela confirme une prise de conscience de l’importance de cette académie », a-t-il ajouté. « Depuis l’investiture du Président de la République, il a mis en place une stratégie globale pour réconcilier les Algériens avec eux même. La question amazighe s’inscrit dans cet élan justement » a expliqué le ministre avant d’affirmer que « nul ne peut nier que le grand mérite revient au Chef de l’Etat ayant pris des décisions courageuses et décisives depuis 2002 pour promouvoir tamazight ». Pour Hadjar, l’institution de l’académie n’est qu’une étape qui sera suivie par d’autres mesures en faveur de tamazight. Cette dernière se décline en 13 dialectes. L’académie œuvrera donc à recueillir le corpus national de la langue amazighe dans toutes ses variétés linguistiques, d’établir sa normalisation à tous les niveaux de description et d’analyse linguistique et d’élaborer un dictionnaire référentiel de la langue. La composition de l’Académie est fixée à 50 membres au plus, choisis parmi les experts et compétences avérés dans les domaines des sciences du langage et en rapport avec la langue amazighe et les sciences connexes. L’Académie disposera d’un Conseil, d’un Président, d’un Bureau et de Commissions spécialisées. Le président de l’Académie est nommé par décret pour un mandat de quatre ans. Il a, entre autres, missions la présentation d’un rapport annuel au président de la République après son adoption par le Conseil de l’Académie. «  Le travail de l’académie est loin d’être une sinécure. La langue arabe a subi les mêmes péripéties avant de collecter son patrimoine en entier. Actuellement, le temps sera réduit avec le développement des méthodes de recherches », a-t-il fait remarquer. Hadjar a souligné cependant que la composante de cette institution inédite doit traduire la diversité culturelle de cette langue. Une seule exigence, les membres doivent avoir un niveau universitaire. Le choix ne se fera pas donc « sur une base régionaliste et idéologique. Son fondement est purement scientifique ».Quant à l’écriture de tamazight, le ministre a déclaré que de son point de vue « elle devrait être transcrite en lettres arabes compte tenu de la parenté historique entre les deux langues ». « C’est prématuré d’évoquer la question. Il ne faut pas s’engager dans un débat stérile car au final l’écriture de tamazight pourrait être tranchée par une décision politique », a-t-il renchéri. Les membres du Conseil de la Nation ont salué dans leurs interventions les efforts fournis par le Chef de l’Etat pour enrichir tamazight et l’arracher des griffes de «  la surenchère politicienne

Yesfa Mouloud