Ce qui s’est passé au CRB ces derniers jours est étrange, pour ne pas dire complètement fou. Deux communiqués antinomiques pondus par la direction en quelques heures seulement d’intervalle.
Dans le premier, le président du CRB, Amara Charaf-Eddine, annonce la fin de mission pour de nombreux dirigeants du club, dont le directeur général, Saïd Allik, mais aussi le responsable du développement, Amine Sebie, ainsi que le secrétaire général, Mustapha Laroussi. «Les directeurs Saïd Allik et Amine Sebia pourront solder leur congé annuel avant d’être officiellement libérés de leurs fonctions au sein du club, alors que le secrétaire général Mustapha Laroussi pourra se considérer libre juste après le match de Coupe d’Algérie», a-t-on précisé. Ces licenciements faisaient suite au départ, la veille, de l’entraîneur de l’équipe, Abdelkader Amrani qui a préféré résilier son contrat à l’amiable avec ses dirigeants. Ce remue-ménage ou micmac, c’est selon, pour le moins détonnant, n’avait pas tardé à faire le buzz sur les réseaux sociaux, notamment chez les fans belouizdadis. Ces derniers avaient accueilli l’information avec étonnement, mais aussi avec un certain détachement, car pour la majorité d’entre eux, Allik n’a pas la légitimité historique. Son nom a toujours été lié à un rival, l’USMA. Difficile de l’en dissocier. Alors que les spéculations des supporters allaient bon train, pour lui désigner un successeur, voilà qu’un deuxième communiqué laconique et troublant tombe, donnant pleins pouvoirs au même Saïd Allik en le nommant président-directeur général de la SSPA/CRB. De quoi désarçonner les plus assidus parmi les observateurs. Que s’est-il passé entre-temps pour qu’un dirigeant remercié quelques heures plus tôt soit promu PDG ? Est-ce une manœuvre pour le moins maladroite de la part de la direction pour brouiller les pistes et tromper l’ennemi.
A moins que ce soit un rappel à l’ordre des hauts décideurs du groupe Madar actionnaire majoritaire du club ? En tout cas, la direction du Chabab ne sort pas grandie de cet amalgame qu’elle aurait pu facilement éviter. Cela dénote par ailleurs la légèreté avec laquelle sont traitées ses affaires internes, mais aussi un manque de respect total pour les milliers de supporters du Chabab et l’opinion sportive en général. Ces atermoiements pouvaient s’expliquer si le club était en proie à des problèmes ou végétait dans les profondeurs du classement. Mais ce n’est pas du tout le cas. Le CRB, depuis l’arrivée du groupe Madar, a retrouvé une stabilité financière qui s’est traduite sur le terrain par un net regain des résultats. Les Belouizdadis occupent actuellement le fauteuil de leader du championnat de la Ligue 1. Mais visiblement les derniers mauvais résultats enregistrés dernièrement ont ébranlé la sérénité du groupe. Le coach n’a pas résisté à la pression et a rendu le tablier. Toutefois, certains évoquent une offre alléchante venue d’un club marocain à laquelle Abdelkader Amrani n’a pas résisté. Ce qui expliquerait son départ précipité alors que son équipe caracole en tête du classement. N’empêche, il aurait pu continuer sa mission au CRB, s’il n’y avait pas tout cette tension autour du club. Le CRB donne l’impression de se noyer dans un verre d’eau, alors qu’il aurait pu gérer ce passage vide, tout à fait naturel au demeurant, plus sereinement. Le club a montré une fragilité déconcertante dès les premières contrariétés. Le départ imprévu du coach a plongé le club dans le doute. Ce n’est pas encourageant pour la suite, même si le CRB a le temps et surtout les moyens de rattraper le coup et reprendre sa marche en avant. Pour cela, il faudra faire preuve de beaucoup plus de calme, de sagesse et de pondération.
Ali Nezlioui






