Crash d’Air Algérie au Mali: La compagnie Swiftair mise en examen en France

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Photo conception L'Echo d'Algérie@

La compagnie aérienne espagnole Swiftair a été mise en examen, ce jeudi, dans l’enquête en France sur le crash du vol 5017 Air Algérie affrété auprès de Swiftair. Les juges soupçonnent d’importants manquements dans la formation des pilotes ayant abouti le 24 juillet 2014 à la mort de 116 personnes dont six Algériens lors du crash au centre du Mali de l’avion reliant Alger à Ouagadougou (Burkina-Faso). Il s’agit de la première mise en examen dans cet accident qui a tué 116 personnes.

La compagnie espagnole low-cost Swiftair a été mise en examen, ce jeudi, pour «homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité». L’enquête a été accablante pour la compagnie espagnole. En décembre dernier, les experts judiciaires rendaient leurs conclusions aux magistrats instructeurs. Le document de 250 pages montrait comment Swiftair a clairement manqué à ses obligations, notamment en matière de formation des pilotes, rapporte Le Figaro. Le 24 juillet 2014, le vol AH 5017 a bord d’un MD- 83 de l’avionneur américain McDonnell Douglas, l’un des avions les plus vendus de l’histoire de l’aéronautique affrété par Air Algérie, reliant l’aéroport de Ouagadougou (Burkina Faso) à Alger s’écrasait dans le centre du Mali. À son bord, six membres d’équipage et 110 passagers, parmi lesquels six Algériens. L’instruction judiciaire avait été ouverte en France le 29 juillet. Il s’agit de la première mise en examen dans ce dossier. «La meilleure défense étant l’attaque, Swiftair qui va devoir s’exprimer et on peut imaginer qu’ils vont attaquer Air Algérie, estime Me Bertrand Courtois, avocat de parties civiles. La question est de savoir jusqu’à quel point Air Algérie était au courant des insuffisances de Swiftair et a failli.

Heures de vols et formation des pilotes

Selon des experts, cités par Le Figaro, «les défaillances de Swiftair sont incontestables». Le commandant de bord, Augustin Comeron Mogio, 48 ans, totalisait 9342 heures de vol sur MD 80, tandis que la copilote, Isabel Gost Caimari, 42 ans, 7137 heures. La formation initiale des deux membres d’équipage a été effectuée chez Spanair, mais l’origine de leur formation sur MD 80 n’a pas pu être retracée car Swiftair n’a pas pu présenter les dossiers à l’instruction. Pendant les deux dernières années, le commandant de bord avait effectué 647 heures de vol, ce qui fait dire aux experts : «En tant qu’activité annuelle, 300 heures de vol correspondent à peine à une activité semestrielle de pilote (60 heures par mois), qui est minimale pour maintenir à elle seule une expertise suffisante sur les opérations normales de l’appareil.» Et ce n’est pas tout. Cette période de deux ans d’activité a été interrompue deux fois : pendant six, puis huit mois. Fin juin 2014, le commandant de bord démarre une nouvelle saison avec des vols au départ d’Alger. Deux manquements sont constatés. Augustin Cameron, le pilote était redevable d’une formation initiale en gestion de la ressource de l’équipage (Crew Ressource Management, CRM). Or, cette dernière n’a jamais été réalisée. Il s’agit là d’une entorse aux règles de l’aviation civile européenne. «Swiftair n’a pas respecté ses engagements concernant les formations complémentaires à mettre en place suite à de longues périodes d’inactivité. Ce manquement génère un déficit d’entraînement», insistent les experts. Autre carence grave concernant cette fois la copilote, qui n’a pas navigué pendant huit mois avant le crash : «Isabel Gost n’a vraisemblablement pas piloté de MD 80 depuis son départ de Spanair en juin 2013. Bien que sa qualification soit toujours valide, un an d’inactivité nécessiterait une phase de réentraînement sur simulateur de vol avant de procéder à un contrôle.» Et pour s’affranchir de la contrainte liée à une période d’inactivité égale ou supérieure à six mois, Swiftair n’a pas hésité à utiliser un «artifice», comme l’écrivent pudiquement les experts. La compagnie a ainsi procédé à une séance en simulateur en octobre et en mars. De cette façon, la période sans voler n’a pas excédé les six mois… alors qu’il n’y a pas de contrat de travail valide pour cette période.

La copilote était également puéricultrice plusieurs mois par an

La copilote était également titulaire d’une qualification Airbus, mais… Les experts insistent, «au vu du faible niveau d’activité sur MD 80 d’Isabel Gost, le mélange de ces deux technologies (MD 80 et A 320) essentiellement différentes est un facteur contributif à des confusions sur l’utilisation des systèmes». Enfin, en octobre 2013, l’Agence européenne de sécurité aérienne avait réalisé un audit de surveillance sur la formation des équipages. Il en était ressorti, justement, un manquement sur la formation à l’approche du décrochage et à la récupération du décrochage. L’infraction avait été classée en niveau 3, c’est-à-dire avec une obligation de correction avant les trois mois. La copilote était également puéricultrice plusieurs mois par an. En juillet dernier, les magistrats instructeurs avaient expliqué aux familles que la cause principale de l’accident résidait dans la non-activation du système d’antigivre des sondes moteur alors même que la température extérieure et la zone humide traversée requéraient sa mise en place. Quelques mois plus tôt, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) avait rédigé la même conclusion. C’est cette erreur qui a entraîné une baisse de poussée des moteurs très importante car, bouchée par le givre, la sonde moteur envoie de fausses informations. Or, cette baisse de poussée n’a pas été détectée par les pilotes du AH 5017 : à 1 heure 45, la vitesse est au-dessous des marges de sécurité. Pour ne pas descendre, l’avion donne de l’incidence à l’aile, se cabre avant d’arriver à un décrochage. Autre bévue fatale : pour tenter de récupérer l’assiette de l’appareil, le pilote tire le manche en arrière au lieu de le pousser en avant, ce qui amplifie le décrochage. L’avion tombe à plat sur le sol.

On s’en rappelle du Crash de l’avion espagnol affrété par Air Algérie, aucun survivant, l’épave retrouvée

Les recherches de l’appareil et ses occupants, entamées par l’Algérie dès l’annonce de sa disparition dans l’espace aérien malien, avait permis de localiser l’épave à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du nord du Mali et Kidal. L’Algérie, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ainsi que la France avaient participé aux recherches, qui avaient permis de localiser les débris de l’épave, complètement désintégrée, sans aucun survivant. Air Algérie avait annoncé que 116 personnes, dont six Algériens, étaient à bord de l’avion, de type MD-83, qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont six membres d’équipage. La compagnie avait indiqué, dans un précédent communiqué, le nombre de 119 passagers, dont sept membres de l’équipage espagnol. Les autres passagers sont des Français (50), Burkinabés (24), Libanais (8), Espagnols (6), Canadiens (5), Allemands (4), Luxembourgeois (2), Malien (1), Belge (1), Nigérien (1), Camerounais (1), Egyptien (1), Ukrainien (1), Roumain (1), Suisse (1) .

2014, une mauvaise année pour l’aviation civile

Avec trois catastrophes en une semaine et plus de 700 victimes au cours des sept premiers mois, 2014 s’annonçait déjà comme une année noire pour le transport aérien civil dans le monde, a contrario de 2013 qui avait établi à l’inverse un record en matière de sûreté à savoir, le 8 mars, c’est à ce jour l’un des plus grands mystères de l’aviation civile, un Boeing 777 assurant le vol MH 370 de la Malaysia Airlines décolle de Kuala Lumpur à destination de Pékin. A son bord, 239 personnes, dont 227 passagers, majoritairement chinois (153 personnes). Cinquante minutes après, l’appareil disparaît des écrans radars. L’enquête a établi que l’avion avait mis cap à l’ouest alors qu’il était entre la Malaisie et le Vietnam, survolant ensuite la Malaisie, vers le détroit de Malacca, puis l’Océan Indien. Ou encore, le 17 juillet, un nouveau Boeing 777 de la Malaysia Airlines s’écrase près de Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine, région déchirée alors, par un conflit armé entre le pouvoir de Kiev et les séparatistes pro-russes. A bord de l’appareil, 298 personnes, dont 193 ressortissants néerlandais. Le vol MH17 assurait la liaison AmsterdamKuala Lumpur. Selon les Etats-Unis, il a été abattu par un missile sol-air tiré d’une zone contrôlée par les rebelles prorusses. L’appareil s’est écrasé près du village de Grabove, non loin de la frontière russe. Et enfin le 23 juillet, ou un avion ATR 72-500 de la compagnie taïwanaise TransAsia Airways s’écrase par très gros temps sur l’île de Penghu, au large de la côte occidentale de Taïwan. Quarante-huit personnes, sont tuées dans l’accident et dix ont survécu. Le vol GE222 qui avait décollé de la ville de Kaohsiung (sud-ouest) et se dirigeait vers des îles au large de la côte ouest, transportait 54 passagers et quatre membres d’équipage. L’appareil s’était écrasé sur plusieurs maisons près de l’aéroport de Magong après une tentative avortée d’atterrissage. La zone était frappée alors par le typhon Matmo, accompagné de vents violents et de fortes pluies. L’avion avait vraisemblablement explosé lors de son impact avec le sol et il était en feu lorsque les premiers secours sont arrivés sur les lieux. Malgré tout l’avion reste encore le moyen de transport le plus sur.