Cela aurait été dommage que l’Algérie ne se qualifie pas aux demi-finales, non pas parce qu’elle le méritait plus que son adversaire, le Maroc, mais surtout pour le fabuleux but inscrit par Youcef Belaïli qui restera certainement gravé dans les mémoires pour toujours.
Un but venu d’ailleurs plein d’inspiration et de culot, récompensant le génie d’un joueur dont le talent n’est probablement pas reconnu à juste valeur. En plus des ses immenses qualités techniques, Youcef Belaïli possède aussi le sens d’anticipation et le coup d’œil propres aux footballeurs d’exception touchés par la grâce. Peu importe s’il ne joue pas dans un grand championnat ou qu’il ne soit pas une star mondiale, «on trouve parfois dans la rivière, ce que l’on ne trouve pas dans la mer», pour reprendre un dicton arabe bien connu. Il a montré en effet qu’il est de la race des plus grands. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois, cette année, qu’il marque un but à partir du rond central. Il y a quelques semaines, il a réussi un exploit similaire avec son club, mais vite oublié car réalisé dans un championnat mineur sans grande médiatisation. Cette fois, il a récidivé – et de quelle manière!- avec la sélection dans un contexte et une conjoncture totalement différents, où l’enjeu et la pression étaient terribles et à un moment crucial de la rencontre. C’est dans ce genre de matchs que les joueurs deviennent légendaires. Le nom de Youcef Belaïli est désormais inscrit dans la postérité. Pourtant, ce n’était qu’un quart de finale de la Coupe arabe des nations, mais on a tellement médiatisé, politisé ce match qu’il est complètement sorti de son contexte. Il a pris des proportions énormes et démesurées chez nous, mais aussi au Maroc au point de ne plus pouvoir le contrôler. Heureusement que les 22 acteurs ont fait preuve d’un grand fair-play tout au long de la rencontre. Les deux équipes en sont sorties grandies grâce à leur professionnalisme et à leur grand sens des responsabilités. Ils ont été plus sages que leurs dirigeants. Les joueurs marocains et algériens se sont battus sur le terrain comme des seigneurs, sans arrière-pensée, ni aucune provocation, malgré l’enjeu et l’envie de gagner. La victoire est revenue finalement aux Verts à l’issue de la fatidique séance des tirs au but face à un adversaire valeureux qui a pu revenir deux fois au score. Un match d’une grande intensité et un suspense à couper le souffle, sans doute le plus beau et le plus disputé du tournoi arabe jusque-là. Un niveau digne d’une rencontre de la Coupe du monde comme l’ont affirmé de nombreux observateurs. Dommage qu’il va falloir passer rapidement à autre chose, car cette confrontation au sommet aurait dû être la finale. C’est ce que l’on retiendra de ces retrouvailles entre Marocains et Algériens sur un terrain de football. Les joueurs ne sont à aucun moment tombés dans le piège de la surenchère politique, ils se sont inscrits en faux contre tout ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux comme idioties et sottises. Les deux sélections ont gagné le respect de tout le monde, notamment la communauté arabe ébahie devant un tel spectacle. Un match qui a tenu toutes ses promesses.
Ali Nezlioui
