Coupe arabe: La revanche du joueur local

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Le parcours de l’équipe nationale A’ en Coupe arabe des nations à Doha, nous renseigne on ne peut mieux sur le potentiel du football algérien.

Sur ses qualités, mais aussi sur ses défauts et ses manques. Au-delà du résultat obtenu par la bande de Madjid Bougherra au Qatar, on est quelque peu conforté dans nos réflexions qui consistent à penser que la pâte existe toujours chez nous, il suffit de la modeler et de la mettre en valeur. On parle notamment du produit local qui est souvent dévalorisé, raillé et dédaigné. Pourtant, il peut rivaliser avec les meilleurs à condition de lui donner les moyens pour s’épanouir. Certes, le championnat de la Ligue 1 n’a pas été très bien représenté à Doha, ils étaient quelques-uns à être appelés dans le groupe par Madjid Bougherra, mais il faut souligner que la majorité des joueurs ayant participé à la Coupe arabe, ont été formés dans des clubs algériens. Ils ont fait toutes leurs classes chez nous avant d’aller monnayer leurs talents ailleurs, sous d’autres cieux plus propices et plus favorables à leur épanouissement. Les Bounedjah, Belaïli, Soudani, Benlamri, Benayada, Bedrane, Chetti, Bendebka, Tougaï et autres Meziani sont des purs produits du cru qui se sont affirmés ailleurs, car ils n’ont pas trouvé les conditions nécessaires dans leur pays pour évoluer. D’ailleurs, nos voisins tunisiens et d’autres nations, ont su profiter du filon en venant faire leur «marché» chez nous.

Un produit de qualité peu cher et qui peut rapporter gros, comme ce fut le cas de Belaïli et Bounedjah, pour ne citer que ces deux-là. Cela au moment où chez nous, on trouve indécent qu’un joueur touche un salaire mensuel de 150 millions de centimes. À vrai dire, nos dirigeants n’ont jamais su s’adapter à la réalité du marché, ou à gérer leurs clubs d’une manière professionnelle. Le lourd héritage de l’époque socialiste a fait qu’ils soient toujours tributaires de l’aide et des subventions de l’Etat qui se complaît, pour sa part, dans son rôle de parrain afin de contrôler les clubs. Résultat des courses, nos clubs, croulant sous les dettes, sont à la traîne comparativement à leurs homologues des pays voisins. En effet, si nos équipes nationales arrivent à rivaliser avec les meilleures du continent, nos clubs, en revanche, sont largués presque irréversiblement. Le fossé ne cesse de se creuser avec l’élite africaine, car les clubs algériens n’ont pas les ressources nécessaires pour pouvoir rivaliser. Pire, ils se font chaque année dépouiller de leurs meilleurs éléments n’ayant pas les moyens de les retenir. Cela doit nous interpeller à plus d’un titre. Il est en effet urgent de revoir la politique actuelle de nos équipes de l’élite et de la repenser autrement.

Les pouvoirs publics, au lieu de dilapider leur argent sur des clubs improductifs, devraient plutôt investir dans les infrastructures de base en renouvelant les enceintes vétustes et en construisant de nouvelles.

Il est également important de valoriser le championnat local en le rendant plus attractif, plus intéressant. Mais il faudra d’abord mettre un terme aux anciennes pratiques en se débarrassant de tous les dirigeants profiteurs, opportunistes, nocifs et toxiques qui ne cessent de tirer le niveau du championnat vers le bas. C’est peut-être le plus grand des chantiers à réaliser.

Ali Nezlioui