Corruption dans le football: En attendant la comparution du manager, Saâdaoui

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Après avoir «séché» la première convocation de la commission de discipline de la Ligue, Fahd Halfaia, le directeur général de l’ESS a répondu présent à la deuxième, en l’occurrence jeudi dernier.

Le dirigeant sétifien persiste et signe : l’enregistrement sonore qui l’incrimine est un faux. C’est du moins ce qu’il a inlassablement répété devant la Commission. A la sortie de son audition et devant un parterre de journalistes qui le guettaient, il a de nouveau clamé son innocence. «Quand il sera établi que cet enregistrement a été fabriqué et je maintiens qu’il a été fabriqué, il y aura beaucoup de choses à dire», a-t-il ajouté d’un ton menaçant. Détient-il des dossiers compromettants contre d’autres dirigeants et responsables du football ? A moins que ce soit une riposte pour détourner l’attention de l’opinion publique et égarer les enquêteurs. En tout cas, cette affaire qui apparemment embarrasse tout le monde, a pris une autre tournure, notamment après la plainte contre x déposée par le ministère de la Jeunesse et des Sports. C’est une première dans les annales du football algérien. La FAF, pour sa part, a confié le dossier à son tout nouveau Département d’éthique qui vient d’être installé. Après Halfaia, c’est au tour de son interlocuteur dans la fameuse bande sonore d’être convoqué par la commission de discipline de la Ligue. Le manager des joueurs, Nassim Saâdaoui, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sera en principe entendu le 28 mai. On connaîtra alors sa version des faits, lui qui ne s’est pas exprimé sur le sujet depuis que l’enregistrement a fuité. Du moins publiquement. Il faut dire que l’on attend avec une certaine curiosité sa comparution. C’est un élément majeur dans l’enquête en sa qualité de témoin, mais aussi en tant que partie prenante dans cette affaire qui visiblement n’a pas encore livré tous ses secrets. Cependant, les observateurs craignent qu’elle ne retombe comme un soufflé et ne fasse pschitt. L’expérience du passé nous a appris de s’en méfier. Combien de cas similaires, parfois plus graves, ont été étouffés, classés sans suite, pour ne pas créer d’autres problèmes plus compliqués à gérer. En fait, l’éradication du fléau de la corruption dans le football qui dure, faut-il le rappeler, depuis longtemps, dépasse les prérogatives des instances sportives. En effet, sans une volonté politique réelle et déterminée, on n’en viendra jamais à bout. Depuis l’indépendance, les pouvoirs publics n’ont jamais pris au sérieux le milieu sportif, le négligeant allègrement sauf lorsqu’il s’agit d’une représentation à l’international. C’est dans la culture du pouvoir d’infantiliser les dirigeants sportifs. Il ne faut pas s’étonner dès lors si le milieu sportif évolue en toute impunité en suivant ses propres lois, celles du plus offrant. La politique ne s’en mêle que pour éteindre le feu et surtout pour maintenir la sacro-sainte paix sociale. Qu’en sera-t-il cette fois ? La justice va-t-elle suivre son cours jusqu’au bout, ou bien allons-nous assister à une énième parodie pour ensuite classer l’affaire ?

Ali Nezlioui