Coproduction algéro-allemande «La peur doit changer de camp» sur les planches du Théâtre régional de Béjaïa

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«La peur doit changer de camp», une coproduction algéro-allemande, dont la générale a été donnée, ce vendredi soir, au théâtre régional de Béjaïa, a résonné comme un appel à la conjuration du grand mal du moment, celui du terrorisme en l’occurrence, et son exorcisme par la thérapie de l’amour de l’autre, la compréhension et de la solidarité humaine.

Ecrite par le dramaturge Omar Fetmouche, et réalisée par Lydia Ziemke, la pièce met en scène des cris de deux femmes, Lydia Larini et Lucie Zelger, que tout sépare à l’origine, mais qui a force de récits et de rapprochements se découvrent des points communs et des similitudes, notamment dans leur expérience de vie, qui finissent par se coïncider quasiment en une seule identité. Coincées dans une zone de transit internationale à cause d’un retard d’avion alors qu’elles s’apprêtaient à voyager l’une vers Berlin et l’autre, vers Béjaïa, et cuvant difficilement leur mise en attente, elles s’embarquent dans une conversation décousue, mais absolument pas vaine. Au fil des échanges, elles se rendent compte en effet que les pays dont elles sont originaires ne sont pas si éloignés qu’ils paraissent. Le tableau mis en évidence, concerne, notamment l’ex-Allemagne de l’Est, qui a partagé avec l’Algérie, l’expérience du socialisme, et qui a donné lieu à une coopération dense et étroite. L’argument a rapproché les deux femmes, qui au fil des récits, découvrent, chaque fois, des raisons de sceller davantage leur liaison. Ainsi, elles découvrent avec bonheur que leurs grand-pères respectifs s’étaient fait la guerre, en 1945, mais qui avaient fini par fraterniser. Et dans ces étalages, elles s’arrêtent longuement aussi sur les parcours difficiles de leurs mamans et les violences qu’elles ont subies de part et d’autre, leur donnant motif à aborder la question de la violence en général et celle du terrorisme en particulier. C’est que l’espace de l’aéroport, ou la hantise des colis piégée est omniprésente, constitue en soi une source de crainte et de méfiance. Et la discussion sur les auteurs ou les forfaits, n’en est que naturelle. Et les deux femmes, s’en sont donné à cœur ouvert, surtout pour l’Algérienne Lydia Larini, qui en a profité, pour démystifier les a-priori, et rappeler le tribut payé par le commun des Algériens pour exorciser le phé- nomène. Le mouvement des femmes, les résistances multiformes des citoyens et la mobilisation générale, ont fini parvenir à bout de la bête immonde, répliqué Lydia, tout heureuse du reste de pouvoir renouer avec sa passion de chorégraphe. Une pièce manifestement bavarde, magistralement servi par deux comédiennes performantes et un fond musical suave, distillée par la chanteuse, Rahima Khalfaoui, brillante à la guitare.