L’ambassadeur d’Algérie en France Abdelkader Mesdoua a fait jeudi un constat désabusé de la coopération algéro-française, soulignant « un net recul » des investissements français en dehors du secteur des hydrocarbures.
« Même si elle est substantielle, la coopération économique connait, en revanche, un net recul depuis trois années. Elle est loin d’avoir épuisé tout son potentiel, comme en témoigne la part marginale des investissements directs français en Algérie, en dehors du secteur des hydrocarbures », a souligne le diplomate algérien dans son allocution aux travaux de la 11e édition des « Rencontres Algérie » organisée par Business France. Pourtant, a-t-il expliqué, l’Algérie est un marché de plus de 42 millions de consommateurs, avec une classe moyenne « importante » estimée à presque 10 millions de personnes, soutenant que l’Algérie est un pays « qui réalise une croissance de plus de 3 % hors hydrocarbures, disposant d’inestimables ressources humaines, d’importantes richesses et ayant mis en place des facteurs attractifs en matière d’investissements ». Sur un autre plan, l’ambassadeur d’Algérie a réfuté le regard négatif que continue de porter la France sur la situation sécuritaire en Algérie, assurant qu’elle est très loin de la réalité « Il est malaisé de comprendre, d’un côté, le discours d’encouragement à l’investissement en Algérie et continuer à garder, de l’autre, la carte sécuritaire actuelle négative qui est loin de refléter la réalité », a-t-il fait remarquer, s’interrogeant : « Comment peut-on encourager la mobilité des personnes des deux côtés et promouvoir le tourisme vers l’Algérie ? ». Avouant qu’il lui difficile d’apporter des réponses, surtout à de nombreux Algériens et de Franco-algériens ainsi qu’à des Français, notamment à des opérateurs économiques, tour-opérateurs activant dans la sphère économique et touristique. « Bon nombre d’entre eux se sont rendus en Algérie et reviennent ravis avec des impressions bien différentes des clichés et stéréotypes éculés», a-t-il fait savoir. Par ailleurs, il a préconisé la révision de l’évaluation établie par la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) sur l’Algérie qui, selon lui, devrait « prendre en charge les efforts entrepris et les atouts que présente » l’Algérie. Dans son rapport annuel sur les risques et les prévisions des pays, publié en janvier, la Coface a classé l’Algérie, pour la deuxième année*consécutive, dans la catégorie « C » avec un risque d’impayés des entreprises « élevé », rappelle-t-on. Les évaluations établies par cet organisme sur 160 pays et 13 secteurs influencent les entreprises dans leur décision d’investissement. « L’Algérie d’aujourd’hui est différente de celle des années 1980», a martelé l’ambassadeur d’Algérie en France, soulignant que la stabilité et la sécurité recouvrées en Algérie, la volonté de l’Etat, dans le domaine économique, est « forte » pour améliorer « constamment » le climat des affaires. « Nous sommes l’un des rares pays producteurs de pétrole à préserver la dynamique de croissance économique, de création d’emploi et de développement social et à poursuivre un effort d’investissement, bon an mal an, de 2 milliards de dollars », a-t-il dit. Revenant sur les mesures concernant la suspension de certains produits à l’importation qui suscitent « quelques incompréhensions », il a indiqué qu’elles sont « transitoires », « revues et réévaluées » et « sont destinées » à sauvegarder la production locale. En direction de chefs d’entreprises français, l’ambassadeur a souligné qu’en travaillant « ensemble » à la consolidation des liens au bénéfice des peuples des deux pays, l’Algérie et La France peuvent « faire face aux menaces et périls communs qui (les) interpellent dans un espace que la mondialisation a réduit considérablement, pour laisser aux générations futures un espace de prospérité partagée.
Moussa O