En procédant hier à l’installation des organes de son conseil consultatif, l’instance de dialogue et de médiation a dressé un premier bilan de son activité depuis sa mise en place en juillet dernier.
Ainsi, plusieurs rencontres ont été organisées avec la classe politique, les représentants de la société civile et les personnalités nationales au niveau national et local en vue de rapprocher les points de vue et écouter les propositions des uns et des autres pour aboutir à un consensus national. L’idée principale qui s’est dégagée de ces rencontres est celle de la nécessité de tenir l’élection présidentielle, comme étant la voie la plus courte, pour sortir le pays de l’impasse politique qu’il traverse depuis février dernier. L’organisation de la présidentielle est toutefois conditionnée par l’assainissement du climat politique, à travers des mesures d’apaisement, ainsi que le départ du gouvernement Bedoui et son remplacement par un gouvernement de compétences nationales. Les acteurs politiques et de la société civile exigent également la mise en place de l’autorité qui sera en charge de l’organisation du processus électoral depuis le dépôt des candidatures jusqu’à la proclamation des résultats. A ce propos, deux propositions de lois seront soumises prochainement, l’une en rapport à la composante de cette autorité et l’autre en rapport avec la loi électorale qui seront soumises aux acteurs du dialogue. Jusque-là, les différents acteurs consultés ont mis l’accent sur la nécessité de prendre toutes les mesures d’apaisement à même de sortir de la crise politique que vit le pays avant l’organisation de l’élection présidentielle, citent parmi ces mesures le départ du gouvernement et son remplacement par un staff technocrate composé de compétences nationales. Soulignant que la solution à la crise actuelle est politique et qu’elle passe par des mesures d’apaisement avant l’organisation de l’élection présidentielle, ils ont souligné l’impératif de l’ouverture des médias devant la classe politique, le départ du gouvernement actuel et la libération des détenus arrêtés lors des manifestations. Ils ont suggéré, dans ce sens, que le prochain mandat présidentiel soit transitoire et consacré à l’ouverture de plusieurs chantiers, particulièrement la révision de la Constitution et de la loi électorale. Il s’agit, a-t-on plaidé, de permettre au peuple algérien souverain d’exercer les prérogatives que lui confère la Constitution à travers l’organisation de l’élection présidentielle, considérée la voie la plus réaliste, la moins longue, le moins risquée et la moins coûteuse pour le pays aux plans politiques, sécuritaire, économique et social à la condition que soient réunies les conditions de mesures de confiance et d’apaisement permettant au peuple souverain d’exercer sa souveraineté. Détaillant ces conditions, le président du parti Talaïe El-Houriyet a cité « la création d’un environnement apaisé pour le succès du scrutin par l’adoption de mesures de confiance et d’apaisement et des signaux forts de la part des autorités quant à la volonté de garantir la régularité, la transparence et l’intégrité du scrutin ». Ils ont également insisté sur la création d’une autorité électorale indépendante ad-hoc investie de l’intégralité des prérogatives afférentes à la préparation, à l’organisation et au contrôle du processus électoral présidentiel, qui prenne en charge l’ensemble du processus depuis la révision des listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats.
La volonté du peuple et de son libre choix, appelant le pouvoir à reconnaître clairement qu’il est temps de remettre le flambeau, et le peuple doit être en mesure de l’accompagner dans cette transition historique
Dans ce sens, la classe politique, la société civile, les représentants authentiques du mouvement populaire et toutes les bonnes volontés engagées dans la recherche d’une sortie de crise, ont été appelés à transcender les divergences et à dégager, à travers le dialogue national, un consensus salutaire garantissant la réalisation des aspirations populaires. Dans le même ordre d’idées, de nombreux partis politiques et organisations nationales ont considéré que la réussite du dialogue était tributaire de la prise en compte de ses conclusions et du respect de la volonté du peuple et de son libre choix, appelant le pouvoir à reconnaître clairement qu’il est temps de remettre le flambeau, et le peuple doit être en mesure de l’accompagner dans cette transition historique. Pour ces mêmes partis, il est nécessaire pour un dialogue sérieux, porteur de solutions, que les efforts de tous tendent vers une convergence des vues au sujet des solutions globales, ajoutant que les concessions à faire doivent viser uniquement la consolidation des principes de l’Etat de droit et de démocratie. Le coordinateur de l’instance, Karim Younes, avait déclaré que l’objectif de ce processus est de parvenir à organiser une conférence nationale qui regroupera toutes les composantes du dialogue avant la fin de l’année en cours et sortir avec des recommandations qui serviront de plateforme de travail pour la tenue d’une élection présidentielle libre et transparente conformément aux revendications du hirak populaire. Il avait réaffirmé également l’attachement de l’instance aux mesures d’apaisement pour la réussite du dialogue politique, assurant que l’instance qu’il dirige est prête à écouter tous les acteurs politiques et les membres dynamiques du hirak et de la société civile et prendre en considération toutes leurs propositions pendant les différents ronds du dialogue pour aller vers l’organisation de la présidentielle dans une démarche consensuelle. Il avait également déclaré que les personnalités composant le panel ont fait savoir que leur participation à cet effort collectif pour sortir de cette crise découlait de leur engagement devant la nation et au peuple, soulignant que le dialogue national était le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens. Pour rappel, dans son dernier message, le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah a renouvelé son appel à toutes les bonnes volontés parmi les forces politiques, les acteurs de la société civile et les personnalités nationales à contribuer à la réunion des conditions appropriées et à faire avancer le processus de dialogue pour atteindre rapidement ses objectifs. Il a relevé que « ce dialogue est national sérieux, élargi et sans exclusion en tant que voie garantissant au peuple algérien le droit de choisir le président de la République, le plus rapidement possible, une fois instaurée la confiance en les mécanismes assurant la régularité et la transparence de l’élection présidentielle ». De son côté, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, a salué lundi dernier les efforts « patriotiques et sincères » consentis par l’instance nationale de dialogue et de médiation, en valorisant les résultats encourageants réalisés « en si peu de temps ». Il a également rendu hommage à « tous ceux qui ont répondu à l’appel de la patrie, partant de leur sincère loyauté et de leur profonde conviction que l’Algérie, dont les terres ont été irriguées par le sang pure des millions de Chouhada, saura s’en sortir, avec l’aide d’Allah Le Tout-Puissant, et triompher comme elle l’a toujours fait ». Gaïd Salah a notamment salué « tous les efforts fournis pour faire avancer le dialogue et trouver une sortie rationnelle et objective de la crise actuelle ». Le général de corps d’Armée a, toutefois, mis en garde, « contre des voix dont les intentions malveillantes sont bien connues, qui ont vendu leurs âmes pour servir les intérêts de la bande et ceux de leurs maîtres, et qui œuvrent par tous les moyens à entraver le travail de l’Instance nationale de la médiation et du dialogue, notamment en tentant d’imposer des conditions irréalisables et des exigences rejetées dans leur totalité, et en faisant la promotion de l’idée de la négociation au lieu du dialogue et de la désignation plutôt que l’élection ». Il a, dans le même sens d’idées, rappelé les positions « immuables » de l’ANP quant à la situation que travers le pays, notamment « l’attachement à la voie constitutionnelle » et l' »impératif » de se concentrer sur l’organisation des élections présidentielles « dans les plus brefs délais ». « La logique impose que la préparation de ces élections commence dans les semaines à venir parce que le temps n’est pas de notre côté, comme nous l’avons souligné à maintes reprises, et parce que tout ce que nous avançons est basé sur des informations avérées et des données fiables qui confirment toutes que c’est le choix le plus sûr et le plus adéquat pour sortir de la crise actuelle. Ainsi, j’appelle encore une fois, à l’impératif d’accélérer le processus d’installation de l’instance nationale indépendante pour la préparation, l’organisation et la surveillance des élections présidentielles, qui représente une garantie essentielle pour surpasser la situation actuelle », a-t-il souligné. Il a précisé que la phase « cruciale que l’Algérie traverse requiert de la sagesse, de la patience et de la clairvoyance, une phase dans laquelle l’ANP a fait le serment d’accompagner le peuple, les institutions de l’Etat et le processus de dialogue, selon une approche bien étudiée, confirmant à chaque fois ses positions immuables envers la nation et le peuple et mettant en garde contre toute atteinte aux intérêts suprêmes de la nation qui ne peuvent en aucun cas faire l’objet de surenchère ».
T. Benslimane