L’Entreprise de réparation navale (Erenav) entend consolider sa position, à travers le déploiement de nouveaux chantiers de réparation et de construction de navires, dont un d’envergure internationale, dans l’objectif de satisfaire la demande du pavillon national, et partant limiter le recours aux chantiers étrangers.
Grâce à d’importants investissements en cours pour la réalisation de nouveaux chantiers de réparation à Oran, Jijel et Béjaïa, notamment, l’Erenav a l’ambition aujourd’hui de couvrir à court terme «100% les besoins nationaux en matière de réparation» assure, dans un entretien son PDG Abdelaziz Tazarourte. C’est dans ce cadre qu’elle vient de lancer en travaux, au port d’Arzew, (Oran) son plus important projet depuis des années et qui consiste en un vaste chantier, le plus grand d’Algérie et qui s’étend sur 5 hectares, précise-t-il. Cette infrastructure de dimension internationale, avec ses huit ateliers de réparation et de construction, sera équipée d’un nouveau dock d’une capacité de 20 000 tonnes (220 m de longueur). Il est plus grand que celui de Béjaïa, jusque-là le plus important chantier naval de la côte algérienne. Créée en 1987, après avoir pris le relais de l’ex- Société algérienne de réparation et de construction (SARCOS), l’Erenav, entreprise publique, dispose de trois unités : Alger, Oran et Béjaïa. Elle emploie un peu plus d’un millier de travailleurs. La réalisation du chantier d’Arzew, qui fait partie d’un projet plus vaste, celui de l’extension du port, nécessite un investissement de l’ordre de 20 milliards de dinars, a fait savoir le PDG de l’Erenav. L’entreprise portuaire d’Arzew se chargera de la réalisation des quais pour la réparation, l’Erenav celle des hangars, pour une mise en service prévue dans 15 mois, avance le même responsable. Avec ce projet, dit-il, «on va couvrir à 100% le marché national de la réparation navale, et on pourra même s’ouvrir sur le marché international. C’est notre plus grand projet». L’Erenav, dont les principaux clients sont le Commandement des forces navales, les entreprises portuaires ainsi que les compagnies de transport maritimes, «contribue ces dernières années à réduire le recours des armateurs et compagnies maritimes nationales aux chantiers navals étrangers», pour de très coûteux arrêts techniques et réparations, souligne-t-il encore.
Des bateaux avec 70% de taux d’intégration
D’ailleurs, note M. Tazarourte, les plus grands navires du pavillon national effectuent désormais leurs arrêts techniques dans les chantiers de l’Erenav, notamment dans celui de Béjaïa. C’est le cas récemment des navires Kherrata, Gouraya, de même pour les car-ferries de l’ENTMV. Spécialisée, notamment dans la réparation de navires, cette activité comprend principalement les arrêts techniques, qui incluent d’importants travaux de réparation exigés par les réglementations, et les travaux d’escale qui sont des maintenances de navire pour de courtes durées. À long terme, l’entreprise compte aussi se déployer au niveau du port de Djen Djen (Jijel) en y érigeant une cale à halage (un bassin de réparation), similaire à celle se trouvant au port d’Alger, spécialisé dans la réparation des navires de calibre moyen. Le premier responsable de l’Erenav, qui relève la bonne situation financière de l’entreprise, a fait savoir que son chiffre d’affaires en 2022 était de l’ordre de 2,487 milliards de dinars, en évolution de 14% par rapport à 2021. Il a souligné dans ce sillage «la volonté des pouvoirs publics de créer un environnement propice à l’essor du secteur de la construction et la réparation navales». Par ailleurs, et dans le domaine de la construction de bateaux, l’entreprise qui s’est lancée dans cette activité en 2021, cible les entreprises portuaires, à qui elle propose des embarcations de servitude portuaire avec un important taux d’intégration national. Selon M. Tazarourte, l’Erenav a déjà fourni cinq canots d’amarrage pour le port de Skikda (7,5 m), un engin dépollueur pour le port d’Alger, alors que quatre canots d’amarrage (11 m) pour le port pétrolier d’Arzew sont en cours de construction de même que pour deux pilotins (16 m). «Presque toutes les composantes de nos embarcations sont algériennes, y compris la conception, à environ 70%», indique le PDG de l’Erenav, ajoutant que l’entreprise possède son propre bureau d’études et de conception, animé par des diplômés issus de l’Université des sciences et de la technologie d’Oran. Parmi les investissements en perspective, un chantier de construction et de réparation navales à Skikda et au port de pêche et de plaisance de Tala Ilef (Béjaïa). Ce dernier sera opérationnel début 2024, selon les affirmations de M. Tazarourte.
Moussa O. /Ag.