Colonne vertébrale de la Nation et pivot de la sécurité nationale: L’ANP et les forces de sécurité, face aux tensions géostratégiques régionales

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Il  faut rendre hommage à l’ANP et toutes les forces de sécurité, dont l’objectif essentiel est la protection du territoire, ciment de l’unité nationale, qui contribuent également, à apaiser les tensions régionales, le terrorisme étant une menace planétaire supposant une large coopération régionale et internationale et une mutualisation des dépenses militaires et sécuritaires.

Les tensions géostratégiques actuelles ne sont pas nouvelles mais se sont accentuées  entre 2020/2022. Déjà dans une contribution sous ma direction parue en décembre 2011 à l’Institut français des relations internationales (IFRI) «l’Afrique du Nord face aux enjeux géostratégiques» j’avais soulevé certains questionnements, à savoir la sécurité du Maghreb et de l’Europe. À ce titre, j’avais mis particulièrement en relief le rôle stratégique de l’Algérie comme facteur de stabilisation de la région. Par la suite, le 17 février 2014, à l’invitation de mon ami Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français de l’Intérieur, de l’Éducation nationale et de la Défense et grand ami puisqu’il a été président de l’Association Algérie-France, en présence d’importantes personnalités (politiques, députés, sénateurs, experts internationaux) des deux rives de la Méditerranée en partenariat avec l’Union européenne, j’ai animé à cette occasion, au siège du Sénat français, une conférence sur le thème : «Face aux enjeux géostratégiques pour un co-partenariat entre le Maghreb et l’Europe, facteur de stabilité de la région» suivi d’une autre intervention lors d’une rencontre internationale fin 2014 par des dirigeants européens, africains et maghrébins à l’invitation de «L’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (Arga)», constituée d’importants acteurs africains et non africains dont le siège est à Dakar – (Sénégal), qui a organisé une rencontre internationale entre le 26/30 janvier 2014 sur le thème: «L’Afrique doit réinventer son économie» j’ai souligné que les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l’Europe qui doit être attentive aux stratégies des pays du Maghreb en direction de leur Sud et sur les relations de toutes natures entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, l’Algérie jouant le  rôle de pivot.

Face à l’épidémie du coronavirus, du réchauffement climatique, des nombreuses tensions internes renvoyant à la gouvernance et externes (Ukraine Russie-Occident et USA/Chine via Taiwan), le monde est à l’aube de profondes mutations géostratégiques (voir notre interview à la télévision internationale AL24News du 17/12/2022). Nous assistons à un profond bouleversement de l’ordre économique et géopolitique mondial où le commerce de l’énergie se modifie, l’inflation est de retour, la crise alimentaire guette bon nombre de pays, les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, les réseaux de paiement se fragmentent et certains pays émergents comme la Chine qui repense ses importantes réserves de change réserves de devises évaluées au 1er janvier /2022 à 3250 milliards de dollars.  Concernant la région sahélienne, nous assistons à des mutations de la géopolitique après l’effondrement du régime libyen, car comment ne pas rappeler aussitôt Kadhafi disparu, des centaines de milliers, dont

15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel, puis par d’autres groupes terroristes venus d’autres régions suite aux conflits en Irak et en Syrie. Les enjeux géostratégiques au niveau de cet espace renvoient à des logiques géopolitiques divergentes tenant compte de l’histoire et des anthropologies culturelles devant éviter la vision européo-centriste car le monde depuis qu’il est monde a connu différentes formes de civilisations et le dialogue des cultures est source d’enrichissement mutuel. En effet, cet espace est caractérisé par l’ancienneté du système caravanier transsaharien, l’unité culturelle forgée autour de l’islam et l’existence d’un «complexe de sécurité» dans la bande sahélienne et les dangers de la pénétration de l’islamisme radical à ne pas confondre avec l’islam religion de tolérance à l’instar du judaïsme ou du christianisme. Il y a lieu d’éviter des déclarations hâtives de verser dans la xénophobie qui alimente le discours des extrêmes, ce qui se passe actuellement ne saurait en aucune manière refléter les idéaux de l’islam fondés sur la tolérance.

Du point de vue géographique et politique, l’Afrique du Nord était et reste toujours une sorte de barrière sur la voie des réfugiés illégaux des pays d’Afrique subsaharienne en Europe et d’autres pays. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l’un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Ce qui ne disculpe pas l’ancien régime fondé non pas sur des institutions, mais sur des relations personnalisées, ce qui explique l’effondrement actuel de l’Etat libyen et dont bon nombre d’États devraient tirer les leçons renvoyant par là, la mise en place d’un Etat de droit et donc au processus démocratique, devant éviter de plaquer des schémas importés. La plupart des rapports internationaux de défense s’accordent sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l’insécurité et du crime organisé,  en insistant sur le rôle pivot de l’Algérie dans la stabilité de la région méditerranéenne et africaine.

C’est dans cet objectif que se sont établis des dialogues stratégiques, notamment entre les USA/Algérie et Europe/Algérie, la coopération Algérie/Russie et Algérie/Chine  afin de renforcer leurs relations futures dans les domaines politique, économique, culturel, scientifique et sécuritaire, pour lutter contre le terrorisme international. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé, dont les cyberattaques qui peuvent déstabiliser les Nations.

Souhaitons, pour l’année 2023, avec les vives tensions géostratégiques de l’année 2022, que le monde connaisse la paix  grâce au dialogue des cultures  afin de faire du bassin méditerranéen et du continent africain, espace naturel de l’Algérie, un  espace de prospérité partagée. Bonne année Algérie 2023

A. M.