Cinéma: «De nos frères blessés», le film français qui dénonce la guerre d’Algérie et Mitterrand

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Quelques jours après la célébration des 60 ans des accords d’Evian, la France sort dans les salles ce mercredi 23 mars, le film De nos frères blessés, d’Hélier Cisterne, qui raconte histoire de militant anticoloniste Fernand Iveton et relève aussi la part sombre de François Mitterrand, à l’époque garde des Sceaux.

Adapté du roman éponyme de Joseph Andras (Actes Sud, 2016) et d’une histoire vraie, De nos frères blessés est le récit de la lutte de Fernand Iveton (Vincent Lacoste), et de sa femme Hélène (Vicky Krieps), pour l’Algérie libre. En 1956, cet Européen, né en Algérie, est arrêté pour avoir posé une bombe dans un local désaffecté de son usine. Cette dernière n’a tué ni blessé personne. Pourtant la vie de Fernand Iveton, et de sa femme, bascule. Il est devenu un «traitre» et risque la peine capitale.

«Il faut en faire un exemple»

«Le nom de Fernand Iveton s’est perdu dans les eaux glacées de la guerre d’Algérie», explique l’historien Benjamin Stora, dans la préface des notes de productions du film De nos frères blessés. Cet employé à Gaz d’Algérie, né à Alger en 1926, et militant communiste n’avait pas le profil d’un héros. «Il n’avait pas la tête de l’emploi, il n’avait pas l’allure du suspect à surveiller, il était engagé, entier et combattif, mais c’était un homme ordinaire», déclare aussi Hélier Cisterne. Après la mort de son ami Henri Maillot, déserteur de l’armée française, Fernand Iveton, bouleversé, accepte de poser une bombe dans son usine à Alger pour provoquer une coupure de gaz et protester contre le régime colonial français. Mais cette bombe, qui n’avait pas vocation à blesser qui que ce soit, n’explosera jamais. Fernand Iveton est repéré par l’un de ses contremaitres, arrêté et torturé. Il est ensuite déféré devant un tribunal militaire, mis en place à l’époque en Algérie, dans le contexte tendu de la guerre. Jugé de manière arbitraire, il est condamné à la peine capitale. «Mais nous sommes en pleine ‘bataille d’Alger’, où les bombes provoquent la mort de plusieurs Européens. Pour les autorités de l’époque, il faut en faire un exemple», écrit Benjamin Stora. Fernand Iveton n’est pourtant coupable d’aucun crime. Il demande la grâce au Président Coty, mais son recours est refusé après les avis défavorables de Guy Mollet, et du garde des Sceaux, François Mitterrand.