Le ministre de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Cherif Omari a affirmé, lundi, que l’Algérie avait atteint, cette année, l’autosuffisance en blé dur et en orge et réalisé un stock « important » de ces deux produits, ce qui lui épargnera le recours à l’importation pour l’année 2019.
Invité de l’émission « El Khalfiya oua el Karar », de la chaine I de la radio nationale, M. Omari a indiqué que l’Algérie n’importera pas le blé dur cette année, rappelant que le pays consacre depuis l’indépendance un budget important à l’importation du blé tendre et de la poudre de lait, pour un volume global estimé, ces dernières années, à plus de 7 millions de tonnes. Les quantités importées de blé tendre sont très importantes et dépassent les besoins nationaux, selon le ministre qui a déploré le gaspillage effarant du pain, fabriqué essentiellement de blé tendre. Il a appelé, dans ce sens, à la rationalisation des importations, notamment de blé tendre, à l’origine de plusieurs maladies (diabète, obésité et hypertension artérielle en particulier), ce qui a amené plusieurs pays à prendre des mesures pour réduire le volume de leurs importations de ce produit. Cette saison verra « le stockage d’une large gamme de produits agricoles », a-t-il soutenu, précisant que les « portes des structures de stockages demeureront ouvertes à tous les agriculteurs pour stocker leurs produits ». Une bonne production céréalière a été enregistrée cette année, avec la mise à profit de toutes les potentialités et l’exploitation optimale des capacités de stockage, en sus de la réception de 9 nouveaux projets, à travers le pays destinés au stockage des produits agricoles, s’est-il félicité. Soulignant que les surfaces irriguées dépassaient actuellement les 15 % des terres arables, estimées à 8,5 millions d’hectares, M. Omari a précisé que la superficie irriguée globale élevait, à ce jour, à 1.300.000 hectares, avec l’objectif d’atteindre 2 millions d’hectares. Dans le but d’améliorer l’encadrement des agriculteurs, des pêcheurs et des exploitants forestiers, une proposition inhérente à la révision du statut particulier des chambres d’agriculture fait actuellement l’objet d’examen, en vue de valoriser et de promouvoir le rôle de ces dernières, à travers l’accompagnement des agriculteurs professionnels et des producteurs », a-t-il fait savoir. Plusieurs mesures ont été prises pour la relance et la structuration des filières de l’agriculture, un secteur complexe où interviennent plusieurs opérateurs, dont le rôle consiste à améliorer l’encadrement, à maîtriser les mécanismes et à moderniser les systèmes de productions animale et végétale. Rappelant l’existence de 20 conseils interprofessionnels, le ministre a affirmé que toutes les filières étaient désormais encadrées y compris cameline dont le conseil et le bureau national ont été installés le 5 septembre dernier. Ces conseils, a-t-il dit, jouent un rôle majeur dans la promotion, le développement et le contrôle de la production nationale mais constituent également un espace de concertation et un partenaire économique privilégié pour l’administration et les Pouvoirs publics, contribuant ainsi à l’augmentation du volume de production. Pour lui, le rendement de la production agricole algérienne peut être amélioré de façon considérable, soulignant que des mécanismes ont été mis en place à cet effet. M. Omari a fait savoir, dans ce sens, qu’un accord de partenariat avait été signé entre son secteur et celui de l’Enseignement supérieur prévoyant la mobilisation de tous les chercheurs pour étudier les problèmes soulevés sur le terrain, ce qui est à même de renforcer les capacités productives. Selon le ministre, une rencontre est prévue entre lui et le ministre de l’Enseignement et de la Formation professionnels pour la coordination dans le cadre de la formation professionnelle et le renforcement des compétences notamment la nouvelle nomenclature des métiers, encadrée et activée pour la consolidation des capacités productives. Parmi ces nouveaux métiers, sur lesquels mise le secteur pour l’optimisation du rendement agricole, figurent quelques métiers nouvellement créés dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture (une activité très répandue notamment dans le sud du pays, notamment des fermes aquacoles à Adrar, Bechar et In Salah), des métiers visant la diversification des revenus des éleveurs. Il a rappelé, à ce propos, une activité récemment crée à Tindouf consistant en l’extraction de l’huile d’Argan (plante), une huile chère et très prisée. Le ministre a cité, entre autres, l’exploitation des extraits des plantes aromatiques et médicinales dont regorgent les forêts algériennes, lesquelles peuvent être valorisées et encadrées. Certaines filières agricoles nécessitent de grands investissements pour parvenir à l’autosuffisance, à l’instar de l’ail qui a connu, cette année, une surproduction, ainsi que les pommes que l’Algérie n’importe plus depuis deux années, a-t-il fait savoir. Il a cité, parmi les filières subventionnées, celle de la tomate industrielle, ajoutant que cette année, l’Algérie renoncera à l’importation de la tomate notamment en conserve, ainsi qu’aux concentrés utilisés dans la transformation. Pour faire face aux changements climatiques pouvant impactés négativement la production agricole, le plan national Climat (PNC) a été créé, qui est porteur de plusieurs projets destinés principalement à la réhabilitation du barrage vert (pour lutter contre la désertification), outre le programme national de reboisement dans l’objectif de réhabiliter les zones forestières ravagées, ces dernières années, par les incendies, a rappelé le ministre. Ce programme, souligne le ministre, vise la promotion de l’espace urbain notamment dans les villes (70% du peuple algérien habitent les villes) à travers l’aménagement d’espaces verts, en sus d’un projet au sud du pays pour mener des opérations de reboisement à même de protéger les infrastructures de l’avancée inexorable du désert. Concernant les facilitations et mesures incitatives accordées au profit du développement de la richesse halieutique, M. Omari a mis en avant les projets phares réalisés dans ce domaine, à l’instar des infrastructures, des ports, des plages et des réserves longeant le littoral algérien, précisant que la production halieutique oscille entre 100.000 et 110.000 tonnes. Le ministre a fait état de méga projets et d’investissements dans le domaine de l’aquaculture, tout au long de la bande côtière (plus de 1600 km de littoral) tels que les barrages, annonçant l’organisation, au niveau de la wilaya d’Adrar, d’une manifestation nationale, le 16 octobre, avec la participation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), consacrée à l’étude et la valorisation des capacités en matière d’aquaculture. Pour ce qui est du produit algérien, le premier responsable du secteur a affirmé qu’il est fortement demandé par les pays africains, les pays du Golfe et de l’Europe, eu égard de sa qualité.
La Loi de finances 2020 pourvue de plusieurs mesures incitatives au profit des jeunes
La loi de finances 2020 prévoit plusieurs mesures incitatives au profit des jeunes universitaires et porteurs de projets innovants dans le domaine agricole, voire même les jeunes patrons de startups. Il s’agit notamment de « mesures incitatives et aides financières », outre « des facilitations pour l’obtention de crédits », explique le ministre. Dans ce cadre, M. Omari a annoncé la création d’un fonds spécial pour le financement des projets innovants de jeunes dans les domaines de l’agriculture de l’agroalimentaire, assurant que la priorité sera accordée à ces projets, afin d’affranchir l’économie nationale de sa dépendance aux hydrocarbures.
Yasmina Derbal