Célébration du printemps amazigh: Imposante marche pacifique à Tizi-Ouzou

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Des milliers de citoyens ont participé, ce samedi, à Tizi-Ouzou, à une marche pacifique pour célébrer le double anniversaire du printemps berbère (20 avril 1980) et le printemps noir (18 avril 2001).

Sur le lieu de départ de la marche, à hauteur du campus Hasnaoua I – Université Mouloud-Mammeri), où un dispositif sécuritaire était déjà en place, les manifestants affluaient de partout parés, qui de l’emblème national, qui du drapeau amazigh (de l’académie berbère) soit le drapeau du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK, non agréé). Ils se sont constitués en carrés pour se distinguer les uns des autres. Des milliers de citoyens ont refusé de se mêler au militants du MAK,  préférant composer un carrée à part. Emblème national et drapeau amazigh déployés et brandissant des portraits des victimes du printemps noir et du chantre de l’amazighité et de la démocratie, MatoubLounes, ils ont entamé la marche les premiers en scandant des slogans de dénonciation de l’assassinat de jeunes manifestants du printemps noirs en avril 2001, et rappelant le combat pour la langue et la culture amazighes. Alors que ces premiers manifestants ont déjà atteint la rue Lamali-Ahmed  (route du CHU Nedir-Mohamed), le reste des citoyens attendaient encore devant le campus Hasnaoua I. Les forces de l’ordre public ont fini par quitter les lieux. Un 2e carré de manifestants s’est alors détaché et a entamé sa marche suivie, quelques centaines de mètres plus loin, par la procession des membres du MAK, qui ont marché seuls. Hormis ces derniers qui ont terminé leur marche au centre-ville à la placette du musée, les autres manifestants ont continué vers la placette de l’olivier pour se rassembler au niveau du mémorial de la Bougie, dédié à la mémoire des martyrs de la wilaya de Tizi-Ouzou, pendant la Guerre de Libération nationale. Les évènements d’Avril 1980 avaient éclaté suite à l’interdiction d’une conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle ancienne,  prévue dans l’enceinte universitaire de Hasnaoua (Tizi-Ouzou), ce qui a provoqué une contestation estudiantine dans différents campus universitaires de la région et d’Alger. Depuis, ces évènements sont devenus une date phare du combat pour la langue et la culture amazighes et sont commémorés annuellement. En 1990, la langue tamazight a été introduite dans l’enseignement universitaire suivi par la création du Haut commissariat à l’amazighité  (HCA) et son introduction dans l’enseignement scolaire en 1995. Elle a été consacrée langue nationale en 2002 et officielle en 2016 à la faveur de la révision constitutionnelle de février de la même année. En décembre 2018, une académie algérienne de la langue amazighe, destinée à promouvoir cette composante de l’identité nationale, est venue couronner le long processus de l’officialisation de cette langue.

Kahina Tadjedjith