La campagne moisson-battage 2024-2025 s’annonce prometteuse selon les professionnels du secteur agricole, qui prévoient une récolte plus abondante que celle de la saison précédente. Cette dynamique est portée par une bonne pluviométrie, des investissements ciblés et une stratégie nationale orientée vers l’autosuffisance alimentaire, notamment en blé dur.
Ces perspectives encourageantes ont été confirmées par le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Khelfallah Mechri, qui a souligné que la campagne actuelle « s’annonce prometteuse dans la majorité des wilayas », notamment dans le Sud du pays, où les rendements sont soutenus par l’irrigation à pivot central. Selon lui, l’Algérie est en voie de couvrir 100 % de ses besoins en blé dur, un seuil déjà atteint à hauteur de 80 %, grâce à l’élimination des obstacles logistiques, comme la collecte et le stockage. La mise en service de silos de proximité et centraux, ainsi que le renforcement des moyens de transport, ont largement contribué à cette progression.
Investissements accrus dans le stockage et l’irrigation
Au total, plus de 3 millions d’hectares ont été consacrés à la culture céréalière pour la saison en cours, dont plus d’un million pour le blé dur et un autre million pour l’orge. Parallèlement, 4,2 millions de quintaux de semences certifiées ont été distribués pour couvrir la demande nationale. Dans les wilayas du Sud, la campagne a démarré le mois dernier sur une superficie d’environ 150.000 hectares, en hausse de 40.000 hectares par rapport à la saison précédente. Les premiers résultats s’annoncent très positifs, selon les données remontées du terrain. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné la tenue d’une réunion d’évaluation à l’issue de la campagne, afin d’ajuster les plans sectoriels et structurer l’action publique autour des résultats obtenus. Il a également appelé à dépasser les performances de la saison précédente et à simplifier les procédures administratives pour les agriculteurs.
Capacités de stockage doublées à l’échelle nationale
Dans une démarche structurante, l’État a lancé un ambitieux programme visant à porter les capacités nationales de stockage de céréales de 4 à 9 millions de tonnes. Cela inclut la réalisation de 350 centres de stockage de proximité (50.000 quintaux chacun), de 30 silos de grande capacité (250.000 quintaux chacun) et la levée du gel sur 16 silos suspendus depuis 2016. Cette stratégie repose également sur une politique de soutien direct : relèvement des prix d’achat des céréales et légumineuses, subvention des engrais à hauteur de 50 %, et généralisation des crédits agricoles via les banques publiques. L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a par ailleurs renforcé son parc de transport pour optimiser la logistique.
Anticiper les défis climatiques et internationaux
Le président de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), Mohamed Yazid Hambli, a mis en exergue l’impact positif des récentes mesures, notamment dans le Sud, où l’élargissement des superficies céréalières a produit de bons résultats. Il a aussi insisté sur l’importance d’investir dans des techniques d’irrigation d’appoint et de promouvoir les semences résistantes à la sécheresse, capables d’augmenter la production jusqu’à 30 %. Selon lui, les consignes du président Tebboune en faveur d’une évaluation post-campagne permettront d’élaborer une stratégie plus robuste, dans un contexte mondial marqué par l’instabilité et les tensions alimentaires.
Amel Driss
