Blocage des archives sur la Guerre d’Algérie : «Une contradiction entre le discours officiel et la pratique administrative», souligne Raphaëlle Branche

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L’historienne française, Raphaëlle Branche, a relevé une «contradiction de taille» entre le discours prôné par le Président Emmanuel Macron et la pratique administrative de fermeture ou de blocage en France des archives sur la Guerre de Libération nationale. «Il y a assurément une contradiction de taille entre le discours présidentiel d’ouverture (des archives) et la pratique administrative de fermeture.

Le Président Macron ne s’est pas prononcé sur cette contradiction», a indiqué la professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Paris, dans une interview publiée hier par le quotidien El Watan. A une question sur «l’accès restrictif» à ces archives ou ce qui est appelé en France l’IGI (Instruction générale interministérielle), l’auteur d’une thèse d’histoire sous le titre «L’armée et la torture pendant la guerre d’Algérie : les soldats, leurs chefs et les violences illégales», a rétorqué en ces termes : «Ce que je peux dire, c’est que l’IGI (…) n’est pas spécifiquement un problème pour les archives de la Guerre d’Algérie puisqu’elle complique l’accès aux documents depuis 1934». En ce sens, elle a fait observer que «le Président Macron ne s’est pas prononcé sur la contradiction entre son discours et la pratique administrative», sachant que le chef d’Etat français avait annoncé en 2018 qu’il était favorable à leur ouverture. «Dans le cas de la Guerre d’Algérie, évidemment, les entraves mises à l’accès aux documents classés -Secret Défense- de cette période, alimentent les idées les plus complotistes selon lesquelles l’Etat a quelque chose à cacher», a encore relevé Mme Raphaëlle, recommandant de «revenir rapidement à l’application de la loi de 2008 qui réglemente très précisément quels types d’archives peuvent être communiqués et dans quels délais». S’exprimant par ailleurs sur l’enseignement de l’histoire à tous les niveaux scolaires en France, elle a estimé qu’il y a en France «une vraie soif d’histoire et un désir de mieux connaître le passé colonial, en général et algérien en particulier», notant à ce titre que «les mémoires familiales ont transmis des histoires, fabriqué des images et contribué à forger des imaginaires, mais tous les Français n’ont pas un lien familial à cette histoire». «Il faut faire connaître les travaux des historiens et aussi donner aux gens les moyens de les comprendre, expliquer d’où viennent les connaissances et comment on peut produire un discours scientifique sur le passé», a-t-elle préconisé, soulignant qu’«il existe une diversité de récits qui parlent du passé : le discours scientifique doit être bien distingué des autres».

Amar Tekfa / Ag.