Blida: Enregistrement des témoignages des moudjahidine pour préserver l’histoire et le patrimoine des Algériens

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L’initiative d’enregistrement des témoignages historiques des moudjahidine, lancée depuis plusieurs années par le ministère des Moudjahidine en vue de préserver l’histoire et le patrimoine des Algériens, a bénéficié, dès son lancement, du soutien actif des moudjahidine de la région de Blida, qui sont venus nombreux déposer leurs témoignages et participer ainsi à l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération nationale, indique-t-on auprès de la direction des moudjahidine. Selon Naïma Belarbi, chargée du service du patrimoine historique et culturel à la direction locale des Moudjahidine et des ayants droit, cette opération a enregistré, jusqu’a présent, la collecte de 279 témoignages (en son et en image), soit l’équivalent d’un volume horaire de plus de 239 heures. «Une véritable course contre la montre est lancée, par nos services, pour obtenir le plus grand nombre possible de témoignages, car nous avons déjà perdu d’importants témoignages à cause de la mort de nombreux moudjahidine connus pour leur parcours exemplaire», a relevé Mme Belarbi, signalant la transmission régulière de cette matière brute (témoignages) au ministère de tutelle, parallèlement à sa mise à la disposition des étudiants et des enseignants universitaires. La majorité des moudjahidine considèrent leur participation à cette initiative comme non seulement «un devoir national et un acte de fidélité aux chouhada qui se sont sacrifiés pour la liberté de leur pays, mais aussi dans le but de sauvegarder la mémoire nationale et l’archivage des faits et actes des Héros de la Révolution», a-t-elle souligné. Les responsables en charge de l’enregistrement des témoignages des moudjahidine, lesquels sont accueillis dans une salle qui leur est spécialement réservée pour se faire, s’attachent à axer le témoignage sur de nombreux points essentiels liés, notamment aux grades et responsabilités occupées par les moudjahidine et chouhada au sein du Front de libération national (FLN), les modalités de leur ralliement au mouvement de Libération nationale, leur nom de guerre et leurs activités politiques avant le déclenchement de la Révolution. Un effort particulier est également consenti pour obtenir d’eux (moudjahidine) le maximum d’informations sur les batailles et les actions auxquelles ils ont pris part, de même que les noms des chouhada et des moudjahidine participant, notamment les responsables, outre d’autres questions liées à leur arrestation, les conditions de leur détention en prison, ou de leur fuite. Des visites à domicile sont également effectuées pour obtenir les témoignages des moudjahidine dont l’état de santé ne leur permet pas de se déplacer, tandis que la direction des moudjahidine exploite, parfois, l’occasion de la présence de certains moudjahidine pour le règlement de leurs dossiers, pour la collecte de leurs témoignages. Belkacem Boukhelafa (87ans), dit «Lekbayli», fait partie de ces moudjahidine qui ont mis un point d’honneur à prendre part à cette initiative. Ce moudjahid, connu pour avoir activé en tant que Fidai à Blida et dans de nombreuses wilayas du pays, a relaté dans un entretien à l’APS, la «grande fierté» qu’il a ressenti lorsque la nouvelle du déclenchement de la guerre du 1er Novembre 1954 lui est parvenue en France, où il avait émigré à la recherche d’un emploi; «J’ai immédiatement décidé de retourner au pays pour rejoindre les rangs de l’Armée de Libération nationale (ALN)», a-t-il assuré. Une fois dans les rangs de la Révolution, il gagna la confiance de ses responsables, grâce à son courage et à sa bravoure. Il a été intégré dans l’action Fidai en 1956 aidé en cela par son travail dans un commerce de produits alimentaires à Bab Dzair, au centre ville de Blida. «Ma mission consistait dans le transport des approvisionnements aux moudjahidine», a-t-il dit, signalant qu’il était assisté dans cette tâche par un français qui travaillait dans la commune et soutenait la cause algérienne. «Il me fournissait l’autorisation de circulation pour les barrages routiers. Et j’étais, également, chargé du transfert des messages et des documents», a-t-il souligné non sans fierté. Belkacem Boukhelafa a ajouté que par son témoignage, dans le cadre de cette initiative, il vise à «informer les nouvelles générations, de même que le monde entier, sur les combats et faits de la Guerre de Libération nationale, au lieu de s’appuyer sur les archives françaises qui occultent une grande partie de la vérité», a-t-il estimé.

La Fondation Mémoire de la Wilaya IV historique partie prenante dans l’initiative La Fondation Mémoire de la Wilaya IV historique, dirigée par le colonel Youcef El Khatib, a marqué sa contribution à cette initiative d’écriture de l’histoire de la wilaya, par la collecte du plus grand nombre possible de témoignages des moudjahidine et militants de cette Wilaya historique. Selon la chargée de l’histoire auprès de cette Fondation, Naima Mahdid, ces témoignages «contiennent des informations détaillées sur le parcours de chaque moudjahid, au moment où d’autres (témoignages) concernent des faits en relation avec la Révolution, dont les unités militaires dans la Wilaya IV, le rôle de la femme dans la résistance, les crimes de la France coloniale, les prisons et camps de concentration, ainsi que les dirigeants et officiers de cette Wilaya historique, entre autres», a-t-elle précisé. Mme Mahdid a loué l’intérêt des moudjahidine pour ce projet qui permettra, une fois ficelé et parachevé, la «mise en place d’une banque de données qui fournira des détails sur la totalité des événements et batailles survenus dans cette Wilaya historique». Elle a signalé la collecte, depuis le début de cette opération, d’un grand nombre de témoignages de personnes ayant survécu à la Révolution, dont notamment des femmes des zones rurales de la wilaya et des personnes âgées de plus de 10 ans à l’époque, également considérées comme des témoins oculaires. Plus encore, de nombreux moudjahidine n’ont pas hésité à «nous remettre différents documents et papiers relatifs à la Révolution qui étaient en leur possession, voire même des photos, qui nous ont permis d’identifier plusieurs moudjahidine, dont nous ignorions les traits, en dépit de leurs parcours révolutionnaire honorable», a affirmé Mme Mahdid.

Le projet «Une photo pour chaque chahid» pour perpétuer leur souvenir La Fondation a lancé, dernièrement, un projet intitulé «Une photo pour chaque chahid», en vue du renforcer sa banque d’informations avec le maximum de photos de chouhada de la Guerre de Libération nationale, perpétuer leur souvenir et de faire connaître leur histoire aux futures générations, a-t-on appris auprès de la responsable en charge de ce projet, Zineb Benyoucef. Elle s’est félicité de l’«écho positif» de ce projet auprès des moudjahidine et leurs familles et les familles des chouhada qui se sont déplacées au siège de la Fondation, sis dans la commune d’El Affroun (ouest de Blida), pour «nous remettre les photos de nos héros, en plus de photos de dirigeants connus de la Révolution», a-t-elle fait savoir. Un appel a été lancé, à l’occasion, en direction des familles des chouhada et de leurs proches à travers huit wilayas, à savoir Blida, Tissemsilt, Médéa, Chlef, Aïn Defla, Tipasa, Boumerdès, et Alger, en vue de soutenir ce projet par l’envoi de photos de chouhada et de moudjahidine au siège de la Fondation ou, à défaut, prendre contact, via sa page facebook officielle «Fondation Mémoire de la Wilaya IV historique». La Fondation a entamé la mise en ligne des photos de chouhada, portraits ou photos de groupe (réunissant plusieurs moudjahidine et chouhadas) via sa page facebook, accompagnées d’une biographie du chahid ou moudjahid concerné, comportant notamment son nom, prénom, et les circonstances de prise de la photo. Une initiative, fort bien accueillie par les abonnés de cette page qui se sont félicités de cette initiative qui leur a permis de «connaître les traits de héros, dont on ne connaissait que les noms».  

  1. M. /Ag.