Le potentiel bioénergétique est évalué à plus de 500 000 Tep (Tonne équivalent pétrole), a rapporté le Commissariat aux énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (CEREFE) dans une publication récente.
«Les ressources bioénergétiques nationales mobilisables peuvent être de différentes natures notamment agricoles, urbaines et industrielles. Une étude réalisée par le Centre de recherche des énergies renouvelables(CDER) a évalué le potentiel bioénergétique à plus de 500 000 Tep», a précisé le Commissariat. Les ressources de bioénergie présentées dans les cartes par wilaya, concernent exclusivement l’exploitation énergétique des déchets ménagers et assimilés (DMA).
Ces déchets sont composés majoritairement de matières organiques; ainsi, les estimations effectuées sont faites sur la base de la valorisation par méthanisation (ou digestion anaérobie), explique la même source. A cela s’ajoute le potentiel des boues organiques des stations d’épuration des eaux usées qui peuvent, poursuit le Cerefe, être exploitées à la fois à travers la récupération du biogaz et à l’état solide en tant que combustible. L’inventaire réalisé par le CDER avec la collaboration de l’Agence nationale des déchets (AND) met en évidence l’importance et la diversité du potentiel de la bioénergie en Algérie. «En considérant uniquement les déchets ménagers et assimilés, il est possible d’atteindre une production de l’électricité supérieure à 1900 GWh grâce à la valorisation énergétique des déchets», a fait savoir le Commissariat. Soulignant que la consommation annuelle moyenne d’électricité par habitant en Algérie est d’environ 1236 kWh, cette institution estime que «le potentiel présenté pourrait couvrir les besoins en électricité de plus d’un million et demi d’habitants». Se basant sur les données de l’AND, le Commissariat souligne que le changement d’habitude alimentaire, se traduisait par un accroissement des déchets ménagers notant que la quantité moyenne journalière de déchets générés par habitant a presque doublé entre 1980 et 2010, passant d’une moyenne de 0,63 kg/J/habitant en 1980 à 1 kg/J/habitant en 2010. Les grandes villes dont Alger, Oran et Sétif concentrent d’importantes quantités de déchets valorisables en énergie. La valorisation énergétique de déchets permet aussi la réduction du volume des déchets ultimes, réduisant ainsi les nuisances environnementales et sanitaires que génère leur stockage.
Produire l’électricité à partir des déchets ménagers Selon le Commissariat, les cartes réalisées permettent d’avoir un aperçu du potentiel énergétique des déchets ménagers par région ajoutant que le gisement le plus important se concentre au nord du pays, dans les régions les plus densément peuplées. «Pour les cinq plus grandes régions (ou wilayas) (Alger, Oran, Sétif, Djelfa, Batna), on comptabilise plus de 168 millions de m3 de biogaz. Les résultats sont effectués sur la base de la fraction organique des déchets et par procédé de méthanisation (digestion anaérobie)», ajoute le Ceref.
Une des valorisations énergétiques du biogaz est la production de l’électricité, note le Commissariat qui souligne qu’une autre carte permet de donner un aperçu du potentiel de la production d’électricité que «nous pourrons générer à partir des déchets ménagers». «Fait marquant, le potentiel énergétique contraste avec le gisement solaire (notamment pour la technologie photovoltaïque), où les ressources bioénergétiques, présentes en grandes quantité au Nord du pays contrairement au solaire, pourraient jouer un rôle de complémentarité dans un mix énergétique renouvelable», avance le CEREFE. Elles peuvent également être intégrées dans les systèmes énergétiques solaire/bioénergie, ajoute la même source. «La valorisation énergétique des déchets dans le cadre de l’économie circulaire doit être considérée comme étant une ressource énergétique renouvelable à part entière pour des multiples usages: production d’électricité, chauffage, combustible pour le secteur industriel (exemple cimenterie…), et carburant propre pour le secteur du transport», recommande le Commissariat tout en soulignant que le résidu de ce procédé de valorisation énergétique peut être exploité comme un engrais organique. La bioénergie consiste à convertir une matière première sous forme de biomasse ou de déchets en une énergie (chaleur, électricité, carburant). Il existe quatre grands modes de conversion : thermique, thermochimique, chimique et biochimique.
Moussa O. /Ag.