Besoins de l’Algérie en lait: La production nationale stagne

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Photo conception L'Echo d'Algérie@

La récente sortie du Premier ministre, Tebboune, qui a ordonné, lors du Conseil interministériel du 15 juillet dernier, une expertise sur la filière lait, en dit long sur l’importance accordée par le gouvernement à cet aliment stratégique.

Il n’est en effet, un secret pour personne que la production laitière en Algérie préoccupe au plus haut point les autorités du pays qui, à ce jour, n’arrivent pas à assurer l’autosuffisance nationale en la matière. Certes, la revalorisation des primes de soutien à la production nationale en 2009 a permis de multiplier cette production par cinq en 2014, avec un volume de lait cru collecté qui avait atteint 964 millions de litres en 2014 contre 189 millions de litres en 2009. Mais depuis, la production nationale stagne et il faudra mettre les bouchées doubles pour espérer réduire significativement la facture toujours salée des importations qui tourne autour d’un milliard de dollars/an en moyenne. La production laitière dans notre pays n’arrive toujours pas à réduire significativement les importations de lait sous toutes ses formes. Les besoins actuels en lait et dérivés de la population algérienne sont de 4,5 à 5 milliards de litres/an. La production nationale de lait est certes passée de 1,5 milliard de litres en 2009 à 3, 7 milliards en 2015, mais elle a reculé entre 2015 et 2016 avec une moyenne de 800 millions de litres/an, ce qui demeure très insuffisant pour combler les besoins actuels et à venir du pays.

Quant à la facture, et selon les statistiques du Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), celle-ci a baissé à 727,31 millions $, après avoir atteint près d’un milliard en 2015 à 979,34 millions $. Cette réduction de la facture d’importation s’explique non seulement par le recul des quantités importées, mais aussi par la chute des prix à l’importation par l’Algérie de cette denrée alimentaire durant l’année 2016. Ceci a permis à l’Algérie de réduire de plus de moitié la facture du lait par rapport à 2014 où elle avait atteint 1,91 milliard $. Une tendance qui risque néanmoins de s’inverser cette année si l’on considère que les statistiques les plus récentes, celles du Cnis, laissent apparaître un redémarrage à la hausse de la facture d’importation de lait qui a déjà atteint 545,25 millions $ durant les 4 premiers mois de l’année 2017. Durant les huit mois restants, les Algériens risquent au moins de doubler cette facture qui pourrait, dans la meilleure projection, atteindre 1,5 milliard $ à la fin 2017.

L’Algérie classée 3e importateur mondial La production locale de lait en l’Algérie tourne autour de 600 à 800 millions de litres/an, alors que les besoins actuels sont de 4,5 à 5 milliards de litres/an, soit un déficit de près de 4 milliards de litres/an qui est comblé par les importations. Le taux moyen de consommation par personne est de 115 litres/habitant/an en Algérie contre 65 au Maroc, 85 en Tunisie et 35 dans les pays de l’Afrique sub-saharienne. Sa part dans les importations alimentaires totales du pays représente environ 22%. L’Algérie importe plus de 70% des disponibilités en lait et produits laitiers, elle est classée 3e importateur mondial.

La filière lait en Algérie est très dépendante du marché mondial

La consommation nationale s’élève à environ 3 MDS de litres de lait par an, la production nationale étant limitée à 2,2 MDS de litres. C’est donc près d’un MDS de litres de lait qui est ainsi importé chaque année, majoritairement sous forme de poudre de lait. Cette production laitière est assurée à 80% par le cheptel bovin, le reste par le lait de brebis et le lait de chèvre. La production laitière cameline est marginale. La production laitière en Algérie n’a pas réussi à suivre l’évolution de la consommation laitière par habitant et surtout les rythmes rapides de la demande engendrés par des taux démographiques élevés. Face à la faiblesse de la productivité laitière et afin d’assurer la couverture de cette demande croissante, l’Algérie a dû développer l’industrie de transformation et les importations de lait en poudre écrémé avec 18 000 t/an, devançant l’Indonésie (13 000), l’Egypte (11 000) et la Thaïlande (9 000). La filière demeure très exposée à des contraintes qui entravent son bon fonctionnement, du fait de son caractère désarticulé. Pour assurer l’autosuffisance nationale en produits laitiers, l’Etat doit consacrer des dépenses croissantes pour, d’une part, assurer les importations et maintenir le soutien des prix à 25 DA/litre de lait au lieu de 50, et d’autre part, permettre de préserver la survie des laiteries d’Etat existantes chroniquement déficitaires. Ainsi, les entreprises publiques (Giplait), qui occupent une position dominante sur le segment lait pasteurisé, dépendent totalement des importations, ce qui maintient en l’état la dépendance de l’Algérie aux fluctuations du marché mondial du lait. La filière lait en Algérie demeure très exposée à des contraintes structurelles qui entravent son bon fonctionnement, du fait de son caractère désarticulé.

En effet, la faible structuration de la profession, l’insuffisance du management de la qualité des produits et des emballages, ainsi que la modicité du pouvoir d’achat des consommateurs, constituent autant de facteurs pénalisants se conjuguent pour assombrir davantage les perspectives d’évolution positive à court terme. Il faudrait pallier aux carences constatées du dispositif d’appui technique et scientifique, augmenter les structures de collecte, réduire les coûts exorbitants de la collecte découlant de la dispersion et l’irrégularité de la production et surtout booster rapidement le potentiel de transformation et augmenter les capacités nationales de stockage du lait frais afin d’atteindre un niveau national de production susceptible de réduire, enfin, la facture toujours trop salée des importations de cet aliment vital dont le besoin est incompressible et la demande en constante augmentation.

A cet effet, l’importation programmée d’ici 2019 de vaches laitières pour augmenter significativement le cheptel bovin national et ce, faisant, impulser une nouvelle dynamique à la filière lait, pourrait lui permettre de réaliser son indispensable mue.