Un hommage a été rendu samedi à la maison de la culture de Bejaia, à feu Abdelhafid Idres, chercheur indépendant et auteur du plus gros et exhaustif dictionnaire Tamazigh-Français et Français-Tamazight, co-édité en 2018 par l’entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) et le haut commissariat à l’amazighité.
L’œuvre lexicale d’Idres se compose de 2.000 pages et de plus de 65.000 mots et elle est considérée comme la plus aboutie de ses pairs, ont souligné des universitaires, à l’occasion. Elle a valu à son auteur 13 ans de travail acharné durant lesquels il a compulsé pas moins de 300 œuvres bibliographiques, des centaines d’enquêtes en Kabylie et dans les Aurès, et passé au peigne fin des chapelets de prétendus néologismes, qui au fond se sont avérés, des mots anciens passés en désuétudes, et qui à l’occasion ont du retrouver une nouvelle force etune nouvelle jeunesse, ont précisé les intervenants. »Idres a travaillé avec méthodologie, interrogeant l’intégrité des données avec une rare patience, et une rigueur digne de la démarche de Mouloud Maâmeri, son mentor, qui fondait son action sur la triptyque de l’identification, la préservation et la transmission », a souligné le chercheur universitaire et membre du HCA, Yacine Zidane, qui a estimé que Abdelhafid Idres « s’était attaqué à une montagne avec une binette ».Lui emboitant le pas, le journaliste et écrivain Rachid Oulebsir, a relevé que l’auteur de cette œuvre « géante » a passé en revue et compulser 14 dictionnaires antérieurs, produits pour l’essentiel durant la colonisation, et au bout desquels, il s’est rendu compte, que « toutes ces créations étaient de l’ordre de l’usurpation, car étant toutes été produites par des intellectuels algériens, mais injustement attribués à des patronymes Français ».Il a soutenu ses propos par une foule d’anecdotes, révélant l’engagement et la force de l’homme, qui a consacré par passion, sa vie durant, à la promotion de Tamazight. »Le dévouement de Abdelhafidh Idres était inépuisable. Il était rigoureux, laborieux et loyal, remettant son cesse sur le feu de la forge ses découvertes, qu’il s’agisse de mots, d’expressions ou de tournures de phrases », a confié Radia Touati, sa nièce.Elle a tenu à mettre en exergue surtout « l’énergie qu’il employait à aller au bout de ses idées et/ou de ses démarches et parfois au détriment de sa santé et de son bien être ». « Bien qu’il ait été alité au bout de son parcours, il a continué à travailler presque comme au premier jour », a-t-elle renchéri.
Said H