Des centaines d’habitants de la région de Semaoun, à 30 km au sud de Béjaïa se sont rassemblés, vendredi, au carré des martyrs de la localité pour célébrer le 67e anniversaire de la bataille d’Amacine et rendre hommage aux martyrs tombés alors au champ d’honneur, parmi lesquels figurait le héros de cette épique confrontation contre l’ennemi, le chahid Arezki l’Aurès, de son vrai nom, Arezki Bairi.
Ce qui n’était qu’un accrochage entre les moudjahidine et un détachement de l’armée coloniale, survenu en début de matinée d’un 20 janvier 1956, allait se transformer en une rare bataille ou tous les moyens ont été utilisés par l’ennemi, qui avait sorti la grosse artillerie, ses avions et ses canons, face à quelques dizaines de combattants qui, non seulement lui avaient tenu tête, mais lui avaient infligé des pertes mémorables, selon les témoignages de moudjahidine, recueillis sur place. Pas moins d’une soixantaine de soldats coloniaux y ont péri, selon les mêmes témoignages, expliquant que dans l’ardeur du feu et la panique qui s’en était suivie, l’aviation française, qui tirait indistinctement au sol a blessés et tués plusieurs de ses soldats.
A la nuit tombée, les moudjahidine avaient marqué une belle victoire, mais une victoire chèrement acquise. Dans leurs rangs, il y a eu relativement beaucoup de combattants de l’ALN qui sont tombés les armes à la main. Parmi ces chouhada, Ghimouche Bachir, de Jijel, Khidouci Lahlou, de Beni-Maouche, Saadouni Lakhlef de Timezrit, Mansri Salah et Mezhoud Mohand, tous deux de Semaoun et celui qui était aux commandes, Arezki l’Aurès dont la dépouille n’a jamais été retrouvée, tous de Béjaïa, selon le récit de l’historiographe Ali Battache, rapporté dans son livre sur «Ahmed Feddal (commandant si H’mimi Oufadhel), un chef de la wilaya III». Arezki l’Aurès est un pionnier. Il était militant nationaliste, d’abord en France, puis en Algérie à son retour, avant de rejoindre «le front», dès le déclenchement de la guerre de libération. Il s’est distingué au point de se faire remarquer par Mustapha Ben Boulaid, qui en a fait un compagnon privilégié dans les Aurès ce qui lui a valu le surnom d’Arezki l’Aurès. Ben Boulaïd, qui l‘avait en affection le surnommait «Leqbaili», selon le même récit. Dans la région de Batna, il a mené plusieurs opérations, avant de recevoir l’ordre de rejoindre la zone 1, région 3 de la Wilaya III historique, ou il a collaboré avec le commandant Si H’mimi et le colonel Amirouche. Il y a mené une multitude d’actions audacieuses, qui ont fait de lui un incontournable, d’autant que l’armée française a peiné à l’identifier, rapporte Ali Battache. «A notre mariage, il était déjà un militant très actif. Lorsqu’il avait rejoint le maquis, il avait pris soin de détruire tous ses documents personnels. Il m’a laissé trois enfants dont deux filles en bas âge et un garçon en gestation», rapporte son épouse Na Ghania, qui ne l’a plus jamais revu depuis, et qui n’avait pas été mise au courant de ses prouesses, à l’époque. Il était très discret et veillait à ce que rien ne filtre sur sa personne, encore moins sur ses actes et actions échappant, ainsi, autant à son identification qu’à sa localisation. A quelques jours du déclenchement de la bataille d’Amacine, il n’était pas loin de la zone de feu. Il était stationné avec son groupe de moudjahidine dans la zone proche d’Imelahane, a proximité de la localité de Feraoun. Et au premier coup de feu, tiré par les moudjahidine à hauteur du pont d’Amacine, il s’est y était précipité infligeant de sensibles pertes à la troupe ennemie, dont la déconfiture a suscité l’envoi de renforts et de l’aviation sur les lieux et par ricochet l’amplification des hostilités. Arezki l’Aurès est né au village de Tala n’Tinzart, dans la région de Beni-Maouche, qui a donné 1.500 martyrs à la Révolution et enfanté le commandant Si H’mimi.
Saïd H. /Ag.