Avec la stratégie du président Trump d’un baril entre 50/60 dollars: L’Algérie doit se préparer à une plus grande rigueur budgétaire

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Les cours du pétrole sont en légère  baisse le 24/01/2025 jeudi, plombés par les déclarations de Donald Trump  lors d’une allocution en ligne devant un parterre de grands patrons à l’occasion du Forum économique mondial de Davos invitant l’Arabie saoudite et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à faire baisser les prix . 

Pour l’instant, avec une vague de froid sans précédent,  le 24/01/2025 le cours  est coté à 12h GMT à  78,72 dollars le Brent et  75,03 dollars le Wit  et le prix du gaz PEG le 23/04/2025 est coté à 49 ,78 dollars après avoir franchi les 50 dollars.  Or, pour l’Algérie , les dernières données   tant par les organes  officiels ONS qu’internationaux montrent une forte  dépendance de l’économie algérienne face au fluctuations  du prix des hydrocarbures au niveau mondial, procurant avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures  97/98% de ses recettes en devises, plus de 70% provenant d’Europe,   et qu’en sera t-il si demain, les décisions du président Trump se concrétise allant vers un baril entre 50/60 dollars avec  pour impact  une augmentation du  déficit budgétaire de plus de 30/40% en référence à la loi de finances 20025, en espérant  d’éviter la solution de facilité, le retour à la planche  à billets qui conduirait à une inflation à deux chiffres.

1.-Selon les  nouvelles prévisions de la Banque mondiale   dans son rapport de janvier 2025,   la croissance économique de l’Algérie devrait se situer  3,4%   contre 4,5% prévue par le gouvernement après  s’être établie  à 3,6% en 2022, 4,1% en 2023 et  à 3,1% en 2024  où   selon ce  rapport ,bien qu’en dessus de la moyenne mondiale évaluée à 2,7%  « assez faible qui ne suffira pas à favoriser un développement économique durable ». Pour une population dépassant 48 millions au 01 janvier 2025,  il faut un taux de croissance, selon les institutions internationales de 8/9% sur plusieurs années pour absorber un flux de demande d’emplois par an entre 350.000/400.000 qui s’ajoute au taux de chômage actuel estimé selon différentes sources entre 14/17% de la population active en incluant les emplois rente et  les sureffectifs dans l’administration  et les entreprises publiques . Pour le gouvernement algérien  le PIB  s’est situé à 266,78 milliards de dollars en 2024,  de 278,71  en 2005, 300,71 en 2026,  et 308,13 milliards de dollars en 2024, alors que certaines projections  internationales prévoient seulement 256,49 milliards de dollars en 2025 et 262,90 milliards de dollars en 2026. Le niveau du PIB est non proportionnel aux importantes dépenses , les  importations de biens et services en devises entre  2000/2024 ayant été de plus de 1100 milliards de dollars, sans compter les dépenses en dinars étant du  à la faiblesse de la production et de la productivité interne ,  l’économie algérienne étant   essentiellement dépendante des hydrocarbures brut et semi brut. Sur environ 1 million de barils/j ,de pétrole , les exportations  sont d’environ 500.000 barils/j et sur une  production de gaz de 120 milliards de mètres cubes, les exportations sont d’environ 50 en 2023 , la différence étant  la très forte consommation intérieure, presque équivalente aux exportations,  et une fraction d’environ 20% d’injection dans les puits pour éviter pour  épuisement . Or, selon les données de l’ONS  du 20 janvier 2025 organe officiel algérien au cours   de 135 dinars un dollar, les exportations de biens  ont été  de 36,74 milliards de dollars  durant les 9 premiers mois de 2024, contre 41,37 milliards de dollars en 2023  donnant en tendance 48,98 milliards de dollars  fin 2024  contre 55 milliards de dollars en 2023 en incluant le montant hors hydrocarbures  et les  importations  sont passées de de 31,76 milliards de dollars  en 2023 à 34,28 milliards de dollars  durant les neuf premiers mois de 2024, ce qui donnerait fin 2024  environ  42,34 milliards de dollars,  ce qui s’est traduit par une forte baisse   de l’excédent commercial ,non comprises services,  le taux  de couverture des importations de marchandises par les exportations de marchandises étant passé   de  130,2% durant la même  période  de 2023 à 107,2%, l’explication essentielle  étant la  baisse des recettes  des hydrocarbures.  Certes, le  cadre macro-financier est  stabilisé, les réserves de change ayant  clôturé -hors or-173 tonnes-, à près de 70 milliards de dollars fin 2023, la dette extérieure relativement faible , 1,6% du PIB mais   la dette publique brute intérieure de  de 55% du PIB  en 2023, devrait se situer à 50,39% du PIB  en 2025  et  53,92% en 2026, alors  que pour le gouvernement elle  est de 49,.61% du PIB en 2024,  mais cette stabilisation est actuellement fonction essentiellement des recettes des hydrocarbures qui sont passées de 60 milliards de dollars, en 2022, à 50 en 2023 et devrait se situer entre 44/45 milliards de dollars en 2024, avec une moyenne de cours d’ environ 75 dollars le baril contre plus de 80 dollars  courant 2023 . Les exportations hors hydrocarbures sont marginales étant  passées selon le bulletin statistique trimestriel du premier trimestre 2024 établi par la Banque d’Algérie de 5,98 milliards de dollars en 2022 ( les statistiques douanières donnent un autre montant, 6,9 milliards de dollars),en 2023, à 5,06 milliards de dollars et pour le premier 2024, le montant des exportations hors pétrole et gaz de l’Algérie était de seulement 1,06 milliard de dollars contre 1,33 milliards de dollars durant la même période de 2023, ce qui donnerait en tendance pour l’année 2024, 4,24 milliards de dollars dont pour ces trois années 2022/2024 plus de 67% étant des dérivées d’hydrocarbures. C’est que l’économie algérienne est caractérisée par une désindustrialisation, alors que ce secteur est un des facteurs déterminant de la croissance de l’économie nationale. La part de l’industrie dans le PIB et le PIB hors hydrocarbures (source officielle APS) est sur une courbe décroissante entre 1965/2023, 1965/1977, près de 13% du PIB, 11% entre 1985/1999 et 6,6% en 2000/2005 et selon le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, le secteur industriel national en Algérie contribue fin 2023 à 4,1% du PIB (source APS 12 mai 2024). Entreprises publiques et privées ne dépassent pas 15% en 2023 de taux d’intégration, donc dépendantes des importations via la rente des hydrocarbures à plus de 85% pour leur fonctionnement. Par ailleurs , selon  le Premier ministère, l’assainissement des entreprises publiques ont coûté au Trésor public, environ 250 milliards de dollars, durant les trente dernières années à fin 2020, ,  dont plus de 90% sont revenues à la case de départ et plus de 65 milliards de dollars de réévaluation, les dix dernières années à fin 2020 .Qu’en est-il de la période 2021/2024  ont continué  sans résultats probants ?

2.-.  Cette situation a un  impact sur les équilibres macro économiques et macro sociaux dont  le niveau   du déficit budgétaire et par voie de conséquence sur le processus inflationniste. C’est une loi universelle valable pour tous les pays, le déficit budgétaire contribue à accélérer le processus inflationniste. Pour la loi de 2024, le budget de l’Etat avait prévu toujours au cours de 135 dinars un dollar  des  dépenses de 113,15 milliards de dollars  et des recettes de 67,44 milliards de dollars , soit un déficit budgétaire d’environ 45,71 milliards de dollars. La loi de finances prévisionnelle 2025, , les dépenses budgétaires prévues pour 2025 s’élèvent  127,40 milliards de dollars,  une hausse de 9,9 % par rapport à 2024, les recettes budgétaires de 63,13 milliards de dollars, donnant un  déficit budgétaire de 64,27 milliards de dollars . Pour l‘Algérie, la loi de finances 2025  comme celle de 2024, élaborée sur la base d’un prix de référence fiscal du baril de pétrole à 60 dollars et d’un prix de marché à 70 dollar étant un artifice comptable, pour assurer son équilibre budgétaire, l’économie algérienne a besoin d’un cours du baril de plus de 140 dollars pour la loi de finances 2023 et  plus de 150 pour celle de 2024/2025 contre 110 pour celles de 2021/2022. Pour le FMI après correction des données algériennes tenant compte des prix réels sur le marché de 1970 à fin 2023, la moyenne  du taux d’inflation a été de 8,8% par an et durant cette période le taux d’inflation aurait été de 6969,61% . Ce ne sont que des approximations, car l’ONS, organe officiel algérien de la statistique, doit revoir le calcul de l’indice car le besoin est historiquement daté : exemple avoir un ordinateur et se brancher sur internet est un nouveau besoin ignoré dans le calcul de l‘indice fixé vers les années 1960/1970). Par ricochet ces indicateurs ont un impact  sur   la cotation du dinar  algérien, qui  jusqu’en 1970, sa cotation  était équivalente à plus ou moins 1 franc français , ce qui donnait pour 1 dollar américain un cours de 4,94 dinars, où  en 2005.  Le 22 janvier 2005,  le taux s’élevait à 73,36 dinars pour 1 dollar et à 91,32 dinars pour 1 euro et  ,le cours officiel  le 23 janvier 2025 est de 135,09 dinars un dollar et 140,69 dinars  un euro. Cette dépréciation du dinar officiel permet d’augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d’hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué). L’autre impact  est sur ,  la cotation du marché  de devises sur le marché parallèle   l’ écart  entre le cours officiel et celui du marché parallèle a été de 30% vers les années 2000 , 40%  en 2010, à 60% en 2020  et en date du 22 janvier 2025 l’écart est de 80,15% amplifié par l’importance  de la   sphère informelle où en février 2024 le rapport de  la Banque d’Algérie relatifs aux tendances monétaires et financières annonce un montant approchant  62 milliards de dollars sur un total de 181,56 milliards de dollars soit 33,99% de la masse monétaire en circulation avec moins de 20 % des transactions financières dans le pays sont effectuées via des moyens électroniques. Ainsi le 22 janvier 2022,   un euro s’échangeait  à 250.00 dinars  à l’achat et 254.00  dinars à la vente., l’allocation devises de 750 euros par  personne  et par an qui devait être appliquée   le 01 janvier 2025, qui aurait pu atténuer modestement la forte dépréciation, , tout dépendant de l’importance de l’offre et de la demande,  selon nos calculs d’environ seulement 15/20% du fait du faible montant,  l’écart entre le marché parallèle et l’officiel,  n’a pas encore vu le jour ,  les banques en ce mois de fin janvier 2025, étant  toujours en attente des textes d’application.

En conclusion, au cours de 50 dollars le baril,  les recettes de Sonatrach, en cas de non accroissement de la  production actuelle,  seront inférieurs à 35 milliards de dollars , du fait des dépenses actuelles seraient insuffisants ,    menaçant  la cohésion sociale du fait que les transferts sociaux généralisées et non ciblés grâce aux recettes des hydrocarbures entre 2022/2025 dont un pourcentage alimente également les caisses de retraites  sont estimés à plus de 15% du PIB  . L’Algérie outre les tensions géostratégiques à ses frontières,  doit se projeter dans l’avenir, prévenir des chocs externes du fait de l’extériorisation de son économie -importation et exportation, avoir une plus grande rigueur budgétaire,  et surtout mettre en œuvre  profitant de ses réserves de change , richesses virtuelles qu’il s ‘agit de transformer en richesses réelles, servant provisoirement de tampon social,   de profondes réformes structurelles dont les institutions à travers une réelle décentralisation et une  participation citoyenne,  passant par  un  système d’information fiable afin d’éviter de naviguer à vue. L’amélioration de la cotation du dinar, la lutte contre l’inflation et le chômage, les maladies apparentes du corps social, suppose un accroissement de la production et de la productivité interne, la véritable richesse d’une Nation reposant sur des entreprises compétitives dont le support est la valeur travail et non sur une rente éphémère, comme nous l’ont appris les classiques de l’économie. Le développement durable  suppose une croissance forte en libérant les initiatives des managers publics et privés , devant mettre fin au blocage de l’écosystème dont la gestion administrative qui enfante un pouvoir bureaucratique central et local sclérosant, la vocation de tout Etat étant d’être régulateur et non gestionnaire. 

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