Le long métrage de fiction Dounia, réalisé par Rim Laredj, a été présenté samedi soir en avant-première à la Cinémathèque d’Alger devant un public nombreux. Le film explore, avec justesse et émotion, les conflits intergénérationnels ainsi que les possibilités de réconciliation entre tradition et modernité.
Produit par Nissou Production en collaboration avec le Centre algérien de développement du cinéma (CADC), Dounia dresse le portrait d’une Algérie plurielle, traversée par les mutations de son époque. Construit sur un scénario signé Afifa Maalam, ce film de 90 minutes entrelace plusieurs récits qui illustrent la complexité des relations humaines au sein de la société algérienne actuelle. Au centre de l’histoire : Rahim (incarné par Abderahmane Djalti), icône du raï, qui revient au pays après de longues années d’exil, dans l’espoir de s’y réinstaller. À ses côtés, son fils Rayan (interprété par Wassim Belarbi), né et élevé à l’étranger, porte un regard neuf, empreint d’espoirs et de rêves différents. Ce retour initiatique devient alors le point de départ d’un dialogue subtil et tendu entre deux générations : celle d’un père marqué par les blessures du passé, et celle d’un fils tourné vers l’avenir. À travers cette dynamique relationnelle faite de distance et de rapprochements, le film explore aussi les tensions du quotidien : mésententes familiales, conflits de voisinage, tensions sociales… autant d’éléments qui rythment la narration linéaire et soutenue du film, captant l’attention du spectateur jusqu’au bout. Esthétiquement, Dounia emprunte au langage visuel du téléfilm, un choix revendiqué par la réalisatrice elle-même. Rim Laredj confie avoir volontairement calibré son film pour le petit écran afin de lui assurer une grande visibilité télévisuelle. Ce format s’explique également, selon elle, par les contraintes budgétaires auxquelles elle a dû faire face : « le manque de moyens, notamment financiers, m’a poussée à opter pour cette forme de narration ». Le film se distingue par son casting intergénérationnel remarquable. Il réunit de grandes figures du cinéma et de la télévision algérienne telles que Bahia Rachedi, Farida Krim, Khadidja Mezini, Aziz Boukerouni et Abdelhamid Benmesbah, aux côtés de jeunes talents prometteurs comme Abdelkader Slimani, Kenza Moussous et Wassim Belarbi. Ensemble, ils offrent une performance nuancée et équilibrée, illustrant à l’écran le dialogue complexe entre passé et présent. La musique, et en particulier le raï, occupe une place centrale dans Dounia. Plus qu’une simple bande sonore, elle devient un personnage à part entière, incarnant l’héritage culturel d’un peuple et les aspirations de ses nouvelles générations. En filigrane de cette trame musicale et narrative, la réalisatrice livre une fresque humaine et sociale qui donne à voir une Algérie en mouvement, riche de ses tensions, de ses talents et de ses contradictions. À l’issue de la projection, Rim Laredj a souligné que Dounia cherchait à « mettre en scène des histoires humaines connectées les unes aux autres », et à porter à l’écran une Algérie contemporaine consciente de son passé et résolument tournée vers l’avenir.
Rayan B






