Attentats en Catalogne: La cellule djihadiste préparait un attentat meurtrier

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L’enquête se poursuit concernant l’attaque, de jeudi, sur Les Ramblas de Barcelone qui avait coûté la vie à 15 personnes et fait plus de 130 blessés dont certains sont encore dans un état grave. Les enquêteurs s’intéressent particulièrement aux décombres de la maison qui a été soufflée par une explosion mercredi dernier à Alcanar. En effet, la cellule djihadiste y fomentait des attentats de plus grande ampleur, ils préparaient une bombe meurtrière à base de TATP, révèlent les indices collectés par la police au cours de l’enquête.

L’ ordonnance du juge madrilène, qui a inculpé mardi 22 août deux des quatre suspects encore en vie pour «assassinats terroristes» et de «possession d’explosifs», a permis d’en savoir plus sur la manière dont leur cellule djihadiste s’etait préparée en vue des attentats. Selon les enquêteurs, les suspects fabriquaient du peroxyde d’acétone, communément connu par TATP, prisé par l’organisation Etat islamique qui l’a utilisé lors des attentats de Paris et Bruxelles. Des ingrédients entrant dans la composition de cet explosif ont été retrouvés par les enquêteurs dans le laboratoire des suspects, dans les décombres d’une maison qui a explosé mercredi 16 août à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone. Le 1er et 2 août 2017, les suspects ont acheté au moins 500 litres d’acétone, le principal composant du TATP. Cet explosif artisanal, surnommé «mère de Satan» par l’EI, possède un redoutable pouvoir détonant et peut s’élaborer à partir d’ingrédients que l’on trouve dans le commerce. La partie la plus délicate de sa fabrication est l’ajout d’acide au mélange d’acétone et d’eau oxygénée, qui dégage de la chaleur et peut s’enflammer. Selon l’ordonnance du juge, c’est en manipulant ces ingrédients que les terroristes ont provoqué l’explosion, tuant deux d’entre eux et en blessant un troisième, dont le témoignage a permis de reconstituer leur projet. Par ailleurs, les enquêteurs ont mis la main sur 120 bonbonnes de butane, 500 litres d’acétone, de l’eau oxygénée, du bicarbonate, une grande quantité de clous qui devaient être utilisés comme mitraille et des détonateurs pour déclencher l’explosion.

Deux membres du commando terroriste avaient fait un passage furtif en France les 11 et 12 août

Deux des membres du commando terroriste des attentats de Barcelone et de Cambrils ont effectué un séjour en France, précisément dans le département des Hauts-de-Seine les 11 et 12 août dernier. L’enquête n’a pour l’instant permis d’établir aucun lien opérationnel avec la France. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a confirmé ce mercredi 23 août lors d’une conférence de presse que «le véhicule de marque Audi A3 utilisé par les terroristes lors de l’attaque de Cambrils se trouvait en France les 11 et 12 août 2017». Précisant que cinq jours avant les attaques en Catalogne, plusieurs terroristes ont séjourné dans un hôtel de Malakoff, dans les Hautsde-Seine. Ils se sont rendus à Paris, et ont visité des grands magasins, où ils ont acheté, notamment un appareil photo. Personne ne peut penser à l’heure actuelle que l’objet de ce voyage était d’acheter un appareil photo à la FNAC. Donc il faut qu’on s’attache à déterminer ce qui s’est réellement passé a-t-il noté. Ajoutant que c’était certainement pour y faire des repérages. Le procureur de la République de Paris a également précisé que pendant leur séjour, la voiture avait été flashée dans l’Essonne. Elle a aussi été repérée à plusieurs péages autoroutiers, sur la route du retour vers l’Espagne. Les motivations de ce voyage éclair en France «restent à déterminer», ainsi que «si les terroristes ont été en contact avec d’autres personnes sur le territoire français. Younes Abouyaaqoub, le conducteur présumé du fourgon qui a fauché des passants à Barcelone, était-il à bord de l’Audi A3 lors du voyage en France ? «Il y a des investigations en cours, mais il faut se méfier des reconnaissances», a indiqué le procureur de Paris. Concernant le nombre de personnes à bord de la voiture, «À priori deux ou trois personnes» étaient à bord de l’Audi A3, a précisé François Molins.

Deux suspects écroués, un troisième en liberté

Mardi 22 août, quatre hommes ont été mis en examen pour «appartenance à une organisation terroriste, assassinats terroristes, et possession d’explosifs». Ils ont été présentés au juge en charge de l’enquête. Parmi eux, deux membres présumés de la cellule djihadiste ont été placés en détention provisoire, par le juge Fernando Andreu. Il s’agit de Mohamed Houli Chemlal, un Espagnol de 21 ans, et de Driss Oukabir, un Marocain de 27 ans. Le premier aurait fait partie du groupe directement impliqué dans la préparation d’engins explosifs, dans la maison qui a explosé à Alcanar, au sud-ouest de Barcelone. Le 2e a loué à son nom la camionnette utilisée comme véhicule-bélier contre la foule à Barcelone jeudi, et qui a fait 13 des 15 morts des attentats. En revanche, le juge a décidé de laisser en liberté sous contrôle judiciaire un 3e suspect, le Marocain Mohamed Aalla, sur les quatre qui ont comparu devant lui. Le juge écrit qu’à ce stade, il n’y a pas «d’indices permettant d’établir sa participation aux faits, en dehors de la propriété (du véhicule) de nature formelle». Ce suspect avait été placé en garde à vue, vendredi, en tant que propriétaire d’une Audi A3 utilisée à Cambrils par son frère de 19 ans et quatre autres hommes. Mohamed Aalla reste inculpé, comme les trois autres suspects, pour appartenance à une organisation terroriste, assassinats terroristes, possession d’explosifs. Le magistrat s’est enfin laissé trois jours pour décider s’il libère le 4e suspect, Salh El Karib, Marocain lui aussi. Cet homme de Ripoll, la petite ville catalane d’où viennent la plupart des suspects, aurait acheté des billets d’avion pour deux des membres de la cellule. Le juge attend pour se décider du résultat de perquisitions qui étaient en cours mardi soir en Catalogne.

Barcelone renforce la sécurité des sites touristiques

Les autorités espagnoles vont augmenter la présence policière à Barcelone sur les sites touristiques comme la basilique de la Sagrada Familia, et lors d’événements sportifs et culturels, après les attentats qui ont endeuillé la ville, ont annoncé, mercredi des responsables locaux. «Nous avons déjà une présence à la Sagrada Familia (…) Ce qu’il faut voir, c’est comment nous l’intensifions sans entraver les visites de la basilique, œuvre de l’architecte catalan Antoni Gaudi», a déclaré, ce mercredi le responsable de l’Intérieur du gouvernement catalan, Joaquim Forn cité par des médias. «Ce sera certainement l’un des points où (la présence policière) sera immédiatement renforcée», a ajouté le préfet, Enric Millo, après une réunion avec Joaquim Forn et la maire de Barcelone, Ada Colau. Mohamed Houli Chemlal, l’un des quatre suspects des attentats interrogés, ce mardi, par un juge à Madrid, a déclaré, selon une source judiciaire que la cellule terroriste prévoyait initialement d’attaquer «des monuments» avec des explosifs. Le gouvernement espagnol a décidé samedi de maintenir le niveau d’alerte antiterroriste à 4 sur 5 après le double attentat revendiqué par le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique (Daech)». Les pouvoirs publics ne peuvent donc pas prendre de nouvelles mesures, mais ils peuvent intensifier celles déjà en place, a précisé Joaquim Forn. La police régionale, les Mossos d’Esquadra, verra ainsi ses effectifs dans les rues augmenter de 10 à 20%. Cette présence augmentera également à l’aéroport et dans les gares, les sites touristiques les plus importants et lors des événements de grande affluence comme les matchs de football, les concerts ou les manifestations. Il a également été décidé de créer une commission technique qui devra évaluer la nécessité de barrières anti-intrusion pour empêcher l’accès de véhicules dans les zones très fréquentées, a précisé Ada Colau. Après les attentats, la maire avait essuyé des critiques lui reprochant de ne pas avoir mis en place un tel système sur les Ramblas.