Attaque du commissariat de Rambouillet: Troubles psychiatriques et radicalisation chez l’assaillant  

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Le ressortissant tunisien, Jamel Gorchene âgé de 36 ans auteur des coups de couteau qui ont ce vendredi 23 avril mortellement atteints une agente du commissariat de Rambouillet dans les Yvelines près de Paris, et dont la radicalisation «paraît peu contestable», présentait également «certains troubles de personnalité», a déclaré ce dimanche 25 avril le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard.

Le magistrat a part ailleurs annoncé devant la presse qu’une cinquième personne, un cousin de l’assaillant, avait été placée en garde à vue dimanche, deux jours après l’attaque. Inconnu des services de police, Jamel G. n’avait pas été repéré pour radicalisation. Ce Tunisien de 36 ans n’avait pas fait allégeance à Daesh, mais il se serait radicalisé récemment. Les enquêteurs ont découvert des indices dans le téléphone du chauffeur-livreur. Il aurait, immédiatement avant de passer à l’acte, consulté des vidéos de chants religieux glorifiant le martyr et le djihad. Suite à l’attaque il a été abattu par des tirs de riposte.

Arrivé en France en 2009 en situation irrégulière, ce chauffeur-livreur d’origine tunisienne était inconnu des services de police, de renseignements et de la sous-direction antiterroriste. Depuis décembre, il était titulaire d’une carte de séjour valable un an, a précisé le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui s’est saisi de l’enquête quelques heures après les faits. D’après son cousin, Noureddine, l’assaillant était « quelqu’un de calme » et « pas particulièrement pieux », a-t-il affirmé auprès de l’Agence France-Presse, au lendemain de cette attaque assimilée au « terrorisme islamiste». Si ces proches ont refusé de répondre aux questions des médias, l’un de ses beaux-frères a indiqué que l’auteur de l’attaque était revenu de deux semaines en Tunisie récemment. Sa famille est installée dans la périphérie de M’saken, ville moyenne du centre-est de la Tunisie. Le père de l’assaillant, ouvrier dans la construction à Nice, avait pris sa retraite il y a dix ans, et faisait les allers et retours depuis. D’après sa cousine trentenaire, Sameh, Jamel était suivi par un psychiatre en France, car il souffrait de dépression.

Cette nouvelle attaque à l’arme blanche survient après trois attentats terroristes, en quelques semaines, à l’automne dernier. C’est la 17e action terroriste, en France, depuis 2014, contre les forces de l’ordre, a d’abord rappelé le procureur. Neuf fonctionnaires et gendarmes ont perdu la vie et plus d’une vingtaine ont été blessés dans des attaques contre ces forces de l’ordre ciblées. Le procureur est d’abord revenu sur le déroulé des faits et notamment sur les différents repérages qu’a opérés l’assaillant du commissariat de Rambouillet, avant de s’en prendre à la victime. Une victime qu’il a poignardée dans le sas du commissariat, aux cris d’Allah Akbar, selon des témoins. À présent, les policiers travaillent toujours, dit le procureur, sur le profil exact de l’assaillant. Un homme inconnu des services de renseignements. « Aucune condamnation ne figure à son casier, a précisé le procureur. Et donc dans ce cadre, des gardes à vue sont en cours pour établir son profil, pour établir ses motivations. » Aux quatre gardes à vue déjà en cours s’est ajoutée une cinquième, ce dimanche matin. Il s’agit d’un cousin de l’assaillant, qui est également placé en garde à vue pour être entendu. Sur les motivations de l’assaillant, « l’enquête doit se poursuivre, continue le procureur. Sa radicalisation paraît peu contestable mais il faut noter aussi la présence de troubles de la personnalité, qui ont été observés chez lui. » Son père aurait notamment souligné que, d’un côté, il « avait adopté une pratique rigoureuse de l’islam depuis le début de l’année, mais qu’il a aussi des troubles du comportement ». La personne en garde à vue, qui l’a hébergé, a également souligné qu’il était dépressif et semblait avoir des troubles. Les enquêteurs devront faire la part des choses entre la radicalisation et d’éventuels troubles du comportement pour analyser son geste.