Le procès de l’ex-chef de l’unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Chouaïb Oultache, accusé de l’assassinat de l’ancien DGSN, Ali Tounsi, a repris lundi au tribunal criminel d’Alger.
Apres avoir clôturé les auditions des six témoins appelés à la barre dans le cadre du procès de l’assassinat de Ali Tounsi, dont le secrétaire particulier de Ali Tounsi, Abdelaziz Dahleb, l’ancien chef de la sûreté de la wilaya d’Alger, Abdelmoumen Abd Rabi, Belarbi Hamdane, qui était à l’époque des faits directeur de la santé et de l’action sociale à la DGSN, Mme Oultache, la veuve de Ali Tounsi, Mme Chiali Yamina, les deux fils de la victime ainsi que la fille de l’accusé. Le tribunal criminel près la cour d’Alger a commencé par entendre les plaidoyers des avocats des parties civiles dans cette affaire dans laquelle l’accusé Chouaïb Oultache doit répondre des chefs d’accusations de «meurtre avec préméditation», «tentative d’homicide volontaire» et «port d’arme à feu sans autorisation préalable des autorités compétentes». Lors de cette deuxième journée du procès, le tribunal a entendu les témoignages des membres de la garde rapprochée et du médecin légiste qui a autopsié la dépouille du défunt Ali Tounsi.
Les éléments de la garde rapprochée de la victime appelés à la barre
Les quatre éléments de la garde rapprochée ont indiqué à ce titre, qu’ils avaient entendu des coups de feu provenant du bureau de la victime avant d’être informés par le chef de cabinet du DGSN que ce dernier avait été tué par Chouaïb Oultache, qui «portait une arme à feu et menaçait tout le monde». L’élément de la garde rapprochée Hadj Kaci Hacène a précisé qu’après avoir entendu plusieurs coups de feu provenant du bureau de Ali Tounsi, il s’est dirigé avec son collègue Madjid Allaoua vers les lieux et que trouvant la porte fermée, il l’a défoncée pour découvrir Oultache assis sur une chaise face à la porte «portant un pistolet et prêt à tirer». Précisant que la blessure de l’accusé au niveau du ventre lui a fait perdre conscience avant son évacuation, le même témoin a ajouté avoir trouvé Ali Tounsi par terre gisant dans une marre de sang. Pour sa part, le membre de la garde rapprochée Madjid Allaoua a déclaré qu’il était en compagnie de Hadj Kaci lorsqu’ils ont pénétré dans le bureau d’Ali Tounsi, confirmant ainsi les déclarations de son collègue. Appelé à la barre, le membre de la garde rapprochée Hamadou Ahmed a indiqué que lui et un collègue se sont retrouvés face à l’accusé dans le couloir, affirmant avoir demandé à Oultache «plusieurs fois de se rendre et de poser son arme par terre» et que devant le refus de ce dernier, il a tiré le blessant au niveau de l’abdomen. «Blessé, Oultache est revenu sur ses pas pour s’enfermer dans le bureau de Ali Tounsi», a encore ajouté le témoin.
Le rapport d’autopsie contredit la version d’Oultache
Le rapport d’autopsie pratiquée sur le cadavre de l’ex-Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi par le médecin légiste Rachid Belhadj, est incontestable, lors de son audition par le tribunal criminel d’Alger, il a affirmé que ce dernier était mort de deux balles dans la tête. Indiquant : «Ali Tounsi est mort de deux balles dans la tête, la première a été reçue dans la joue gauche et la deuxième lui a traversé le crâne». Contrecarrant les déclarations d’Oultache qui prétendait avoir visé la main de la victime «le cadavre ne comporte aucune trace de balle au niveau des membres supérieurs ou inférieurs», a-t-il ajouté. Lors de son audition au deuxième jour du procès, le médecin légiste a précisé que la victime était en position assise et penchée sur son bureau, lorsqu’il a reçu des deux balles «par-dessus» la tête. Selon l’expertise de la médecine légale, le Dr Rachid Belhadj a affirmé que «l’examen approfondi du cadavre a révélé l’existence d’une fracture au niveau des vertèbres cervicales de la victime, preuve que les balles avaient été tirées d’en haut». Pour sa part, Oultache a maintenu ses déclarations lors de l’audience, affirmant que les balles qui ont causé la mort de Tounsi ne provenaient pas de son arme et qu’il l’avait juste blessé à la main. Le procès de Chouaïb Oultache se poursuivait hier au tribunal criminel d’Alger pour la deuxième journée. L’accusé avait par ailleurs affirmé dimanche devant le juge Omar Benkherchi qu’il était en légitime défense et qu’il n’avait pas l’intention de tuer son directeur qui était, a-t-il dit, «un ami très proche».
L’expertise scientifique suffisante pour confirmer les éléments à charge
Le rapport d’autopsie et le rapport balistique constituent des éléments suffisants pour établir la culpabilité de Chouaïb Oultache, ont estimé les avocats de la partie civile. Dans son plaidoyer au deuxième jour du procès, l’avocate de la partie civile (famille du défunt Tounsi), Me Chenaif Fatima Zohra a indiqué que «l’expertise balistique a démontré que les deux balles qui ont tué Ali Tounsi ont été tirées d’un pistolet 38mm de fabrication américaine Smith 800», précisant que l’accusé «avait reconnu lors de l’instruction et de l’audience qu’il possédait un pistolet de ce modèle sans autorisation». L’avocate a déploré l’absence de «plusieurs témoins, particulièrement ceux dont le témoignage est important pour le tribunal». A son tour, Me Othmani Othmane qui s’est constitué partie civile au profit de l’ancien chef de la sûreté de la wilaya d’Alger, Abdelmoumene Abd Rabi, a estimé que «la tentative d’homicide volontaire avec préméditation est prouvée contre l’accusé Oultache», en témoigne -a-t-il dit- le fait que ce dernier «a demandé au secrétaire personnel de Ali Tounsi de faire venir Abd Rabi avant de l’attaquer directement en usant de son arme». Le procès de l’assassinat d’Ali Tounsi se poursuivra avec les réquisitions du parquet suivi des plaidoyers de la défense de l’accusé composée de trois avocats, avant les délibérations.